Profusion de projets à l’Académie des langues kanak

L’Académie des langues kanak a tenu une conférence de presse, le 12 février, afin de présenter ses publications. Actes du colloque organisé à l’Académie des langues wallisiennes et futuniennes, ouvrages sur les contes, pratiques culinaires, mais aussi la codification de la langue iaai… Autant d’ouvrages qui s’inscrivent dans les multiples missions de l’ALK.

On entend peu parler de l’Académie des langues kanak, mais ce n’est pas par manque de travail. Le 12 février, l’ALK a présenté ses nouvelles et ses nombreuses publications. Comme l’a souligné Weniko Ihage, le directeur, « malgré la période difficile, nous n’avons jamais eu autant de publications ». Des documents qui répondent notamment à certaines commandes des provinces faisant partie des bailleurs de fonds de l’ALK.

Les actes du colloque de l’Espace oralité

En février 2020, l’Académie des langues kanak et celle des langues wallisiennes et futuniennes (ALWF), ont organisé, en partenariat avec la Polynésie française, le premier colloque de l’Espace oralité, à Wallis, sur la place des langues autochtones en Océanie francophone. L’événement a été financé par le ministère des Outre-mer et s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de l’Unesco sur les langues autochtones. L’ouvrage recueille les différentes présentations effectuées par les linguistes et autres spécialistes des langues autochtones des territoires français du Pacifique.

Le colloque a également permis de renforcer les échanges entre les différentes académies et de définir les axes de travail pour l’Académie des langues wallisiennes et futuniennes, nouvellement créée. L’ALWF va notamment lancer la formation de ses enseignants et pourra bénéficier de l’expérience de la Nouvelle-Calédonie, qui a un temps d’avance, puisque les premiers diplômes de Capes en langue kanak ont été remis fin 2020.

Vivres et vivre en terre A’jië, cuisine et culture en Nouvelle-Calédonie

Cet ouvrage, qui s’adresse plutôt au grand public, est le fruit d’un travail d’Yvette Boawe  et Jacqueline de la Fontinelle-Kasarhérou, une linguiste de renom, qui a également associé plusieurs membres de sa famille. L’ouvrage part du principe que la nourriture est un moyen universel de s’ouvrir sur le monde. Elle permet d’aborder aussi bien des questions historiques que sociales. Ce livre écrit en français, en a’jië et en anglais est une porte d’entrée sur des « rituels sociaux complexes qui donnent sens à la vie, insiste Jacqueline de la Fontinelle-Kasarhérou. La nourriture est un excellent moyen pour commencer à étudier l’environnement, les contes et les récits ». Un ouvrage destiné aux Calédoniens, mais surtout aux Européens qui ne connaissent pas véritablement la Brousse, ainsi qu’aux intéressés extérieurs à la Calédonie, d’où la rédaction en langue anglaise.

Une proposition d’écriture du iaai et des contes

Dans le cadre de ses missions, l’ALK doit « fixer les règles d’usage » des langues. Un travail complexe de codification sur lequel l’agence avance progressivement. C’est le cas avec la publication de Propositions d’écriture du iaai, Hna setr hwen iaai ae thep ûnyi. L’enjeu de la codification répond à la décision de faire des langues kanak des langues académiques d’enseignement.

L’antenne de l’ALK d’Ouvéa, ouverte en 2010, a monté un comité de langue associant l’ensemble des acteurs dont la mission était de valider les propositions d’écriture du hwen iaai. En parallèle de ce travail, l’ALK publie Mojuu Hwen iaai, Hnân ûne, contes d’Iaai, transmission de savoirs pour les générations futures. Il s’agit d’un recueil de récits, traduit en français, qui mettent en scène l’environnement d’Ouvéa. Des histoires qui se lisent à tous les âges et pour lesquels il existe de nombreuses entrées de lecture. Comme le souligne l’ALK, les contes sont un vecteur puissant des valeurs universelles de la culture kanak.

Les littératures océaniennes de Michel Aufray

Cet ouvrage fait écho au recueil de contes en iaai. Il s’agit de la publication du troisième tome de la thèse du célèbre linguiste qui a, avec d’autres, comme Jacqueline de la Fontinelle-Kasarhérou, montré que les langues kanak et, plus généralement océaniennes, ne répondent pas aux schémas des langues indo-européennes. Elles nécessitent donc une approche particulière.

Le travail de Michel Aufray s’inscrit dans cette démarche et montre l’unité des contes ou du moins leur proximité dans les différents archipels. C’est en particulier le cas du conte Le poulpe et le rat, dont Michel Aufray a récupéré jusqu’à 400 versions. Ce travail sur la littérature orale permet aujourd’hui de nourrir celui de spécialistes sur la parole et son rôle en Océanie.

Actualisation de l’application ALK

L’ALK propose une application gratuite, le traducteur ALK, disponible sur les plateformes de téléchargement. Chaque année, le province Sud finance l’ajout d’une langue du Sud à l’application. Cette année, l’ALK a ainsi ajouté le nââ numèè, langue du Grand Sud, et en a profité pour mettre à jour le drehu. L’application a été téléchargée près de 8 000 fois depuis son lancement.

Des cours pour apprendre le drehu

Face à la demande pour apprendre le drehu, l’académie s’est décidée à lancer des cours ouverts au public. Et qui de mieux pour enseigner la langue que l’une des personnes à l’origine d’une méthode efficace ? C’est Léonard Drilë Sam, également linguiste renommé, qui aura la charge d’animer un cours. L’idée est également de pouvoir former des formateurs, en mesure de prendre le relais, afin de démocratiser ces cours.

Pour davantage d’informations concernant les cours de drehu, vous pouvez contacter l’Académie des langues kanak au 28 60 15 à alk@alk.nc. Concernant les ouvrages, Vivres et vivre en terre A’jië, cuisine et culture en Nouvelle-Calédonie, est déjà disponible en librairie. Les autres parutions sont prévues courant mars.

M.D.