Produits addictifs : une aide pour que les jeunes aient le « déclic »

Tabac, cannabis, alcool, cigarette électronique… Les adolescents essayeraient des substances psychoactives dès la classe de troisième. Un dispositif de l’Agence sanitaire et sociale accompagne les jeunes de moins de 25 ans concernés par ces consommations.

Ah, l’adolescence… Le temps de l’insouciance. Des nouvelles expériences. La cigarette fumée en cachette derrière le collège. Le verre d’alcool absorbé à l’abri des regards lors d’une fête de famille.

Des premières fois « normales » à cet âge-là. « C’est une période durant laquelle on a envie de tester. Il faut rassurer les parents. L’enfant veut expérimenter, ressembler à ses pairs », souligne Ingrid Wamytan, responsable du programme de prévention en addictologie à l’Agence sanitaire et sociale (ASS).

À partir du moment où ce comportement ne devient plus occasionnel, que l’adolescent ou son entourage commence à s’interroger sur sa consommation, il est temps pour lui d’en parler à quelqu’un de confiance.

Le dispositif Déclic de l’ASS propose des entretiens gratuits et confidentiels aux jeunes de moins de 25 ans, ainsi qu’à leur famille. Ils peuvent faire le point et être épaulés en fonction de leurs besoins par des infirmiers et des psychologues. « L’âge moyen des jeunes qui viennent nous voir est 16 ans. Notre principal orientateur est le milieu scolaire. Il y en a quelques-uns qui viennent d’eux-mêmes ou par le biais des parents, mais cela reste malheureusement très rare », constate Ingrid Wamytan. Tabac, alcool, cannabis, écrans : ces addictions apparaissent parfois dès le plus jeune âge.

LE TABAC « BANALISÉ », LES DEALERS IDÉALISÉS

L’enquête « Bien dans mes claquettes » révèle une consommation de substances psychoactives importante chez les élèves de troisième : un jeune sur trois a bu de l’alcool durant les 30 derniers jours, un sur quatre a fumé du tabac, un sur sept du cannabis.

Malgré la part importante de jeunes fumeurs, les professionnels de Déclic accueillent plutôt des consommateurs de cannabis ou d’alcool. « Sans que ce soit validé scientifiquement, on a le sentiment que le tabac s’est banalisé. Tant que le jeune fume une cigarette, que ça ne crée pas de crise de colère, on a l’impression que ce n’est pas grave », confie Ingrid Wamytan.

Elle tire également la sonnette d’alarme sur la représentation que les jeunes peuvent avoir des dealers de cannabis. « Ils sont appelés les grands frères. Ça m’interpelle. Ça veut dire qu’on a encore à faire pour valoriser des grands frères et des grandes sœurs qui ne consomment pas. »

Autre constat inquiétant : l’engouement des adolescents pour la cigarette électronique. Parce que c’est joli, qu’elle a un arôme jugé agréable, qu’elle est fluorescente ou parce qu’elle fait beaucoup de fumée. L’enquête de la province Sud dévoile que plus d’un jeune sur deux l’ont déjà expérimentée. « Il y en a de plus en plus qui viennent nous voir car ils sont addicts à la nicotine. Il existe des cigarettes électroniques vendues sans produits nicotinés, mais au-delà de l’addiction au produit, il y a aussi la dépendance psycho-comportementale et liée à l’environnement », indique Ingrid Wamytan. Amis, famille et connaissances jouent souvent un rôle clé dans la prise de produits addictifs.

 

♦ À l’Agence sanitaire et sociale, une équipe de prévention intervient également dans les établissements scolaires, partout sur le territoire, afin de retarder les premières consommations.

♦ « À partir du moment où on évalue qu’il y a une difficulté qui relève du médecin, on va réorienter vers le centre de soins en addictologie », précise Ingrid Wamytan. Plus d’informations au 25 50 78.

 

LE CERCLE FAMILIAL DÉTERMINANT

La plupart des adolescents retrouvent cet exemple dans leur environnement familial : 89 % des jeunes interrogés ont au moins un adulte de leur entourage consommateur d’alcool, 81 % de tabac, 70 % de cigarette électronique et pour près d’un jeune sur deux de cannabis.

« Des parents savent que leur enfant fume mais comme ils fument aussi, ils ne se sentent pas légitimes pour leur en parler. Ils peuvent venir à Déclic trouver des solutions. » Les intervenants les aident à retrouver confiance en eux, à reprendre leur place en tant que parents. « Bien souvent les solutions se trouvent auprès du jeune mais également auprès de son entourage. » C’est en travaillant avec ses proches que l’adolescent parviendra à s’en sortir.

Edwige Blanchon

Photo : Ingrid Wamytan, responsable du programme de prévention en addictologie à l’ASS. / © Edwige Blanchon