Baptisé NBM, un consortium avec des financiers qataris et émiratis étudie le rachat de 74 % maximum du capital de Prony Resources New Caledonia dans le Sud. L’activité de la société métallurgique présente des tendances positives, selon ses dirigeants.
- REPRISE
Confrontée fin 2023 à de grandes difficultés financières, Prony Resources New Caledonia, qui livre du Nickel hydroxide cake (NHC), un produit intermédiaire destiné au marché des batteries de véhicules électriques, a bénéficié d’un prêt de 16,7 milliards de francs, ou 140 millions d’euros, en mars 2024 auprès de l’État.
Cet emprunt, rendu nécessaire pour assurer les besoins de trésorerie, a été consenti contre le gage en fiducie-sûreté de 74 % des actions de PRNC. Paris a alors mandaté la banque d’affaires Rothschild dans le but de trouver un repreneur pour tout ou partie de ces 74 % du capital. Le processus a été « fortement ralenti » par les conséquences des émeutes de mai 2024, a pointé, mardi 7 octobre, Thibaut Martelin, président de Prony Resources. « Il poursuit son cours. »
La période d’exclusivité pour des négociations avec le consortium intéressé, dénommé NBM ‒ pour New Battery Metals ‒ et pour l’étude de l’offre par l’État, a été prolongée jusqu’au 31 décembre prochain. « Nous restons confiants sur une issue favorable, admet le président qui a succédé à Béatrice Pierre fin juillet. Nous recherchons une surface financière suffisante pour faire face à des fluctuations du marché ou des besoins d’investissements massifs. » Le consortium NBM est composé de financiers qataris et émiratis ainsi que de personnalités ayant travaillé pour des groupes miniers français. Les Chypriotes ne sont plus dans le jeu.
- TRÉSORERIE
Après les 16,7 milliards de francs en 2024, PRNC s’est vu accorder un nouveau prêt de l’État de cinq milliards en avril, puis d’une somme équivalente en juillet. La société dispose encore d’une réserve financière pour tenir « au moins » jusqu’à la fin de l’année, reconnaît Thibaut Martelin. Les discussions sur le rachat de 74 % du capital ne devront pas toutefois s’éterniser.

- PLAN
« Il faut que la société soit rentable le plus vite possible, quelle que soit l’issue des négociations en cours », somme le président de PRNC. Une entreprise, dont les comptes sont positifs ou presque, est évidemment bien plus attractive. La direction a lancé, début 2025, un plan d’économies baptisé « Prony durable ». Car, pour parvenir à un équilibre financier, Prony Resources doit impérativement accéder au nominal des capacités de l’usine, c’est-à-dire 45 000 tonnes de nickel par an, et dégager 80 millions de dollars d’économies annuelles, un objectif voulu « d’ici 2028 », note Sylvain David, directeur de la transformation et de la transition énergétique. Le plan, programmé sur trois ans, s’appuie sur 45 initiatives, d’une baisse des coûts au niveau de l’énergie à une rationalisation des dépenses. « Ce n’est pas un projet court-termiste. Il faut arriver à transformer l’entreprise durablement. »
- PRODUCTION
En septembre, avec 3 652 tonnes, PRNC a battu le meilleur rendement mensuel de 2024, et a tutoyé le record de production de l’usine, qui est 3 700 tonnes. « Le mois d’août était aussi relativement bon, en ligne avec le budget », se félicite Thibaut Martelin qui souligne la nécessité d’aller chercher des économies pour financer les investissements. Dont le montant annuel s’élève à plusieurs milliards de francs, « juste pour le maintien de l’outil ».
L’ambition est d’arriver à un exercice comptable à l’équilibre, hors investissements, sur les derniers mois de l’année. Pas simple, quand le prix du soufre atteint en ce moment 250 % du budget prévu. La production 2025 grimperait au-delà de 35 000 tonnes, le cap des 45 000 tonnes étant visé dans les deux à trois ans. Les principaux clients actuels sont l’ancienne maison-mère brésilienne Vale et le géant Tesla.
- LUCY
Stoppé en début d’année 2024, le projet Lucy, dont le procédé est basé sur l’assèchement des résidus, a repris de la vigueur, au point où sa mise en service est annoncée pour janvier 2026. « Lucy représente un atout environnemental, mais c’est aussi des emplois supplémentaires : 80 personnes », remarque Thibaut Martelin. L’innovation ajoute 1 000 dollars US la tonne de coût de production. Une charge à compenser par une amélioration du process.
Yann Mainguet
1 326
Perturbés par des départs à l’issue des émeutes de mai 2024 et par l’arrêt de l’activité durant huit mois, les effectifs de PRNC étaient estimés à 1 200 salariés à la reprise, en décembre 2024. Un recrutement a été lancé pour atteindre les objectifs de production, « sur tous types de postes », se souvient Guillaume Bernard, directeur des ressources humaines, qui évoque aussi un recours important à la mobilité interne. Prony Resources compte aujourd’hui 1 326 employés auxquels s’ajoutent 900 sous-traitants.
Un autre produit
PRNC traite le nickel et le cobalt, mais pourrait s’intéresser aussi, dans son minerai, à un autre produit, la chromite. Un équipement parallèle serait installé à Prony. « Ce ne sont pas des technologies compliquées, assure Sylvain David. Nous faisons des études actuellement. »

