Présidentielle : « On va parler d’Éric Zemmour »

La campagne d’Éric Zemmour en Nouvelle-Calédonie a officiellement commencé. Son comité de soutien, animé notamment par l’ancien sénateur Simon Loueckhote, président d’honneur des Républicains calédoniens, va tenter de convaincre de l’intérêt du vote pour le candidat de Reconquête ! et lui formuler des propositions pour l’avenir institutionnel.

DNC : Pourquoi soutenir Éric Zemmour ?

Simon Loueckhote : Éric Zemmour est un gaulliste. Moi aussi, j’en suis un. Cela fait 42 ans que je fais de la politique. Et pendant 42 ans, je me suis battu pour que la Nouvelle-Calédonie reste française. Je veux continuer mon combat pour que la France reste française. C’est le sens de sa formule du « grand remplacement ». Il craint que si on continue avec les vagues d’immigration en France, elle ne soit plus ce qu’elle est. Et il a repris une formule du général de Gaulle, « je ne veux pas que Colombey-les-Deux-Églises devienne Colombey-les-Deux-Mosquées ». C’est une image certes, mais il y a un peu de vrai.

Que propose Éric Zemmour pour la Nouvelle-Calédonie ?

Nous, c’est la Nouvelle-Calédonie française demain et pour l’éternité. On a été bien renseignés la semaine dernière avec deux grandes réunions de l’Union calédonienne et du Palika. Leur objectif définitif reste l’accession à la pleine souveraineté. Rien ne changera. Pour eux, les acquis sont des acquis, le corps électoral, les provinces, il est hors de question d’y toucher. Le troisième référendum n’a pas réglé le problème de la Nouvelle-Calédonie. Ils vont demander d’organiser un nouveau référendum. Si d’aventure ils y arrivaient, on y participerait ou pas ? Si on n’y participe pas, ils vont gagner, nous dirons qu’il n’est pas légitime, ce sera exactement la même chose. Donc qu’est-ce qu’il faut faire ? Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent aujourd’hui : on va faire venir l’armée, des policiers… Il ne faut pas prendre la responsabilité de problèmes énormes. Alors que va faire Éric Zemmour pour la Nouvelle-Calédonie ? Ça, c’est à nous de lui dire. À mon sens, aucun des présidents ne résoudra le problème y compris Éric Zemmour. Le comité lui fera des propositions. Ensuite, il décidera de les intégrer à sa campagne ou pas.

 

Emmanuel Macron nous mène à l’indépendance, j’en suis persuadé. »

 

Ce soutien n’est-il pas un écart pour un ancien sénateur de droite ?

J’ai fait ce grand pas parce que je considère que ceux à qui j’ai accordé ma confiance ne sont plus en capacité de nous défendre et d’envisager un avenir serein pour la Nouvelle-Calédonie. J’ai quitté mon ancienne famille depuis longtemps, au moment du gel du corps électoral. Et Marine Le Pen a abandonné certaines de ses idées. Finalement, le plan d’Éric Zemmour est de rassembler toute la droite. Et il est arrivé avec des idées totalement différentes. Il est sain dans son raisonnement et ne cherche pas à louvoyer. Comme pour l’Ukraine. Il condamne la guerre et estime qu’il faut accueillir les réfugiés ukrainiens. Le général de Gaulle l’avait dit, l’Europe, c’est de la mer Méditerranée à l’Oural. L’Ukraine en fait partie, donc oui, il faut les accueillir, car ce sont des Européens comme les autres.

Le président Emmanuel Macron ne vous a pas convaincu…

Pourquoi le président de la République a-t-il emporté dans ses bagages, quand il est venu, une copie de l’acte de prise de possession ? J’ai une vague idée. Emmanuel Macron pense « ils veulent l’indépendance ? Eh bien on va leur donner ». On commence par donner la copie de l’acte et on finit par donner le vrai acte. Il avait aussi indiqué que la colonisation était un crime contre l’humanité. Il nous mène à l’indépendance, j’en suis persuadé.

 


Bianca Hénin : « Et pourquoi pas Éric Zemmour ? »

L’ancienne élue du Rassemblement national a également rejoint Éric Zemmour. Selon elle, « à trop vouloir glisser dans le politiquement correct, Marine Le Pen a un peu perdu de son âme ». Elle ajoute que beaucoup d’anciens militants du Rassemblement national sont « perdus » après une « inaction de cinq ans ». « Quand il y a eu toutes les exactions à l’usine du Sud. On se battait tous seuls ! » Et qu’Éric Zemmour est « le seul à expliquer comment il veut fait revenir la France aux Français ». Autre point fort, selon Bianca Hénin, « il fera le nécessaire pour demander le retrait de la Nouvelle-Calédonie de la liste des pays à décoloniser ».

 


Brieuc Frogier en retrait

Le comité de soutien à Éric Zemmour, qui recense 390 adhérents, a dû se réorganiser après le retrait de Brieuc Frogier qui a néanmoins parrainé le candidat. « Il m’a demandé de le remplacer, l’organigramme se remet en place », commente simplement Simon Loueckhote.

 


Campagne

Le comité va intervenir dans les médias, arpenter le territoire « pour parler d’Éric Zemmour », coller des affiches. Une soirée doit être organisée avec le candidat en visioconférence depuis Paris. À propos de la Nouvelle-Calédonie, son programme stipule simplement qu’il faut « définitivement mettre fin aux référendums d’indépendance et engager une réforme des institutions dans le cadre des discussions devant s’ouvrir au terme de l’accord de Nouméa ».

 

Propos recueillis par Chloé Maingourd (© C.M.)