Alors que le complexe hospitalier de Koutio doit être livré dans son ensemble fin 2016 pour le transfert du CHT, le Centre de soins de suite et de réadaptation (CSSR), qui vient en complément du Médipôle, sera la première unité à accueillir des patients sur le site.
La structure privée, destinée à recevoir les malades après leur hospitalisation, apporte des soins et un équipement qui faisaient cruellement défaut au territoire.
Inauguration en grande pompe ce mardi au CSSR de Koutio. Responsables et professionnels de santé, partenaires économiques, entreprises, ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement sur les hauteurs du chantier de Koutio.
Il faut dire que l’événement se fête. Lundi prochain, le centre de rééducation accueillera son personnel et le mardi suivant, le 26 mai, ses premiers patients, déplacés pour la plupart du sanatorium du col de la Pirogue et du CHS de Nouville. Ce seront les premiers patients officiels du Médipôle, même si la structure est un peu à part.
Un projet de longue date
La réalisation est le fruit d’un travail qui aura duré pas moins de 13 ans. A l’origine, Etienne Latrasse, kinésithérapeute, largement impliqué dans le handisport calédonien et confronté naturellement aux difficultés rencontrées par les patients en rééducation.
Un « doux rêveur », comme on l’a longtemps caractérisé, qui s’est dit, au détour d’un séjour d’un an en Australie, que ce genre de structure faisait cruellement défaut pour tous ces patients obligés de partir à l’étranger, une fois pourvues les quelques places disponibles localement.
à force de ténacité, il a pu concrétiser son projet. Il s’est associé à Philippe Meyer, un médecin cardiologue métropolitain, professionnel de l’hospitalisation privée depuis plus de 25 ans, qui a apporté son expérience et son expertise. Ils ont fini par convaincre des financeurs, à Paris et en Nouvelle-Calédonie, et réuni pas moins de 2 milliards de francs pour monter leur structure, « sans aucune défisc, ni aucune aide », ajoutent les intéressés.
On notera que deux projets avaient été présentés au départ pour la rééducation locale : celui-ci et celui du CHT. Et les autorités ont finalement préféré, on l’imagine, l’option la moins lourde pour la collectivité.
Mais évidemment, on ne monte pas comme on veut une structure au sein d’un mastodonte tel que le Médipôle. Le projet a été élaboré avec les différentes structures médicales et administratives du CHT qui ont apporté toute leur technicité notamment.
Une relation étroite avec la future clinique de l’île Nou Magnin a également permis une « totale complémentarité ». La Dass et la Cafat, enfin, ont encadré le projet sur le plan administratif et juridique et une convention tarifaire a été passée avec la Cafat.
Une création complète
Et à le voir aujourd’hui concrétisé, on comprend que le projet ait pu convaincre, en tout cas sur un plan purement sanitaire.
Sur 6 000 m2, celui-ci peut accueillir les pathologies diverses, qu’elles soient de neurologie, d’orthopédie, de cardiologie, rééducation endocrinienne et métabolique… L’un des premiers buts est de réduire les évasans vers la métropole ou l’Australie. Il est donc ainsi destiné aux polytraumatisés de la route, aux personnes qui ont subi un pontage coronarien, toutes celles dont la mobilité est altérée par des troubles neurologiques ou encore aux personnes obèses avec 15 lits dédiés.
Du personnel qualifié a été recruté dans les différentes branches et sur le fond comme sur la forme, on a souhaité innover et apporter des équipements dernier cri.
On trouve ainsi, pour ne citer qu’eux, une immense salle de kiné, une salle d’isocinétisme (où les machines aident aux mouvements des muscles), une cuisine thérapeutique (où l’on apprend à mieux connaître les aliments et à mieux les cuisiner), une piscine au brome, des chambres et des meubles adaptées aux patients obèses, des studios de réadaptation, des terrasses et des patios… Et globalement, un espace très ouvert sur l’extérieur avec vue sur mer, qui dénote avec le milieu hospitalier.
Tenir la route
L’ouverture du CSSR est bien évidemment une bonne nouvelle pour tous. Entièrement réalisée par des entreprises calédoniennes, la structure permettra maintenant de décongestionner le CHT, de réduire les hospitalisations.
Après c’est certain qu’ « il faudra que ça tourne » dit Etienne Latrasse. Il faudra selon les prévisions, atteindre un taux de remplissage de 85 % pour rentrer dans les coûts de fonctionnement et « il faudra que les médecins apprennent à nous faire confiance », conclut le directeur.
Car si l’économie sera faite sur les Evasan, la structure va engendrer un surcout à la Cafat, déjà mal en point.