Pour les centres de formation détruits, l’avenir est « très incertain »

Le CFA étant pratiquement détruit, la filière esthétique a trouvé refuge chez les professionnels. © C.M.A.

Orphelins de leurs locaux de Nouville, le centre de formation de l’artisanat de la CMA et l’IFPSS relancent peu à peu leurs différents cursus. Dans l’optique de la reconstruction et même du simple fonctionnement, la principale incertitude est financière.

Outil majeur de la filière professionnelle, le centre de formation de l’artisanat (CFA) de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), à Nouville, a été détruit dans les premiers temps de l’insurrection. La CMA estime les dégâts à 2,2 milliards de francs. « Nous étions assurés », indique la présidente Élizabeth Rivière. La procédure d’indemnisation n’est pas terminée. Si les fonds sont bel et bien réceptionnés, « on ne pense pas reconstruire sur ce site », précise celle qui n’envisage de rebâtir que sur un terrain appartenant à la Chambre, celui de Nouville étant un foncier de la Nouvelle-Calédonie. « On va essayer de se rapprocher des entreprises. Ça pourrait être à Ducos. Une commune pourrait proposer de nous accueillir. On réfléchit à plusieurs options, et notamment celle de mutualiser les moyens avec les deux autres chambres consulaires. »

LE BUDGET 2025 S’ANNONCE SERRÉ

Fin août, seules 11 des 33 formations du CFA avaient repris les chemins de la classe. La CMA utilise ses docks de Païta pour héberger les formations en électricité et en froid-climatisation, elle loue des locaux professionnels pour l’esthétique et la coiffure, et la CCI accueille les cours de français et de maths. En octobre, la Chambre mise sur 26 formations à nouveau opérationnelles. Grâce à ces solutions temporaires appelées à durer, la CMA espère conserver un maximum d’alternants. Ils étaient 287 le 13 mai, ils ne sont plus que 250. « On a eu des ruptures de contrat pour des départs en Métropole, des abandons, des licenciements économiques. Mais globalement, on a limité la casse », estime Élizabeth Rivière.

Pour la CMA, l’incertitude principale réside dans le financement de la formation professionnelle, qui s’élève à 360 millions de francs par an. La Chambre attend de la Nouvelle-Calédonie le reversement des taxes affectées (centimes additionnels, 0,25 % formation prélevé sur les salaires) pour l’année 2024, et s’attend à des moyens en baisse pour 2025. « L’avenir est très incertain mais on avance, dit la présidente. On voit l’état de la Nouvelle-Calédonie. On a une jeunesse importante dont il faudra s’occuper encore davantage et le CFA a un rôle important à jouer. »

IFPSS : UNE SEULE PRÉOCCUPATION, « QUE LA FORMATION SOIT MAINTENUE »

Accolé au CFA, l’Institut de formation des professions sanitaires et sociales (IFPSS) a subi le même sort. Les 14 stagiaires de la filière sociale ont rapidement trouvé refuge à la Vallée-des-Colons (lire par ailleurs). Pour la filière sanitaire, « c’est plus compliqué », indique le directeur, Hnassil Duhnara. Pour les 131 futurs infirmiers et aides-soignants, il faut des salles de classe de 30 places, mais aussi des espaces de travaux pratiques. Grâce à l’accueil proposé par l’Université de la Nouvelle-Calédonie, les cours reprendront le 30 septembre.

« Mais surtout, il faut trouver des lieux de stage : à l’hôpital, en clinique ou en Ehpad. Et compte tenu du contexte, avec le départ de nombreux personnels, la problématique de la difficulté de placer nos alternants est amplifiée. » Et la reconstruction de l’Institut ? « Les choses sont entre les mains des assurances et des experts, qui vont évaluer la perte et le coût de reconstruction », indique Hnassil Duhnara. La question du lieu du chantier est prématurée. « Notre seule préoccupation, pour l’heure, c’est que la formation soit maintenue sur le territoire. La Nouvelle-Calédonie a un besoin urgent de personnel médical et paramédical. »

Gilles Caprais

CAP-NC : la perte d’alternants, principale crainte

Les alternants de la Chambre d’agriculture et de la pêche, qui étaient hébergés au CFA de Nouville, ont repris les cours au mois de juin dans les locaux de la CAP-NC, en centre-ville. La problématique principale est celle de la « perte d’alternants », pour le moment « circonscrite ». Pour la formation continue, la Chambre inaugurera prochainement des outils en ligne, qui seront particulièrement utiles lorsque les déplacements sont impossibles.