« Employons-nous à réussir un mariage de raison »

À Boulouparis, devant la stèle d’Yves Tual, le sénateur Pierre Frogier, accompagné de plusieurs maires et anciens maires, a lancé un appel à la paix et au dialogue au lendemain du référendum. 

À moins de 15 jours de la troisième consultation, le sénateur également signataire des accords de Nouméa et de Matignon, a choisi de s’exprimer depuis Boulouparis devant la stèle érigée en hommage à Yves Tual assassiné à l’âge de 17 ans en janvier 1985.

Un symbole : La mort de ce jeune hommage avait été « un tournant décisif » a t-il rappelé avant que la sagesse ne l’emporte. L’occasion de dire que les vies d’Yves Tual mais aussi de James Fels à Thio, d’Henri Mezières à Ouégoa « ne doivent pas avoir été arrachées pour rien » avec une pensée également pour toutes les familles indépendantistes ayant souffert.

« Nous n’avons pas traversé toutes ces épreuves et tous ces drames pour faire comme si ne rien n’était. Nous n’avons pas choisi l’apaisement pour, plus de trente ans après, rouvrir de vieilles blessures« .

Selon Pierre Frogier, la contestation de la date du troisième référendum par les indépendantistes « ne doit pas constituer un obstacle de plus pour ne pas assumer une échéance que nous devons collectivement, affronter dans la paix et la sérénité« .

Il estime que l’échéance du 12 décembre peut même représenter « une planche de salut » pour un territoire fissuré par une polarisation identitaire exacerbée par les référendums clivants, les crises successives.

Selon lui, la non-participation revêt d’ailleurs un « caractère positif » parce qu’elle peut être source  d’apaisement : Les loyalistes « permettront de clore ce processus référendaire« , et les indépendantistes, « éviteront que la campagne de confrontation ne dégénère et ne compromette tout espoir d’un nouvel accord« .

Il faudra ensuite estime Pierre Frogier, créer un environnement favorable au dialogue. Sachant que les indépendantistes pour l’instant ne voient comme seul interlocuteur que l’Etat, et la pleine souveraineté comme seule issue de l’Accord de Nouméa. Il faut dit-il, que les deux camp se retrouvent et affirment qu’ils n’ont aucune chance d’imposer durablement leur loi sans l’autre et contre l’autre. « En mémoire de cette ineffable poignée main, nous nous devons cette vérité » a t-il déclaré.

Il plaide ensuite pour un modèle du vivre-ensemble dans la pluralité, à un « mariage de raison » « faute d’avoir réussi le mariage d’amour« . Sa suggestion est de donner plus de poids aux provinces avec un gouvernement local qui jouera « un rôle de régulateur et de cohésion« . Et selon lui, seule la République peut garantir la paix qui permettra à chacun de faire valoir ses droits.

Pierre Frogier était notamment accompagné d’Eddy Lecourieux, George Nautrel, Alcide Ponga, Pascal Vittori,  Wilfried Weiss, Christophe Vakié, Ghislaine Arlie, Harold Martin, Pierre Bretegnier, Eric Gay.

C.M.

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