Pierre Fairbank : « Je vais à Tokyo pour viser une médaille d’or »

À 48 ans, Pierre Fairbank est loin d’avoir quitté les sommets. Celui qui vient d’être officiellement sélectionné pour les Jeux de Tokyo (du 25 août au 6 septembre) vise, cette fois encore, le plus haut possible : un podium en course fauteuil.

DNC : Comment avez-vous réagi à votre sélection avec l’équipe de France ?

Pierre Fairbank : Je suis très heureux. C’est la première liste des sélectionnés, avec des copains. Même s’il en manque encore. Mais ma sélection était attendue, car j’ai fait une quatrième place aux derniers Mondiaux, ce qui ouvrait une place à la France et m’assurait quasiment une sélection, à 90 %. Le timing, par contre, est une surprise. Cela se passe rarement comme ça. En général, c’est toujours deux ou trois mois avant les Jeux qu’on connaît les sélectionnés, mais là, c’est tôt et en plusieurs parties. Pour la communication, c’est bien parce qu’on parle des paralympiques plus tôt.

Quel sera votre objectif aux Jeux ?

Je serai à Tokyo pour une médaille. Après, on dit toujours « qu’importe la couleur », mais on vise toujours l’or. Mais je prendrai ce qu’il y a à prendre et si je fais troisième, ça sera mieux que quatrième (rires).

Cette annonce aussi précoce change- t-elle quelque chose dans votre préparation ?

Rien du tout ! La préparation avec Olivier Deniaud (le coach de l’équipe de France et le responsable du pôle France de Nouméa, NDLR) est déjà planifiée sur la saison et on ne change rien. La suite, ça va être une première étape en Australie avec deux meetings. Et puis on ira aux championnats du monde fauteuil en Thaïlande, en février. Ce sera un rendez-vous intéressant, car c’est un peu « l’endroit secret » des Thaïlandais (rires). Je pense que ça va être sympa de les voir s’entraîner. Et comme ce n’est pas loin de la Chine, il y aura les athlètes chinois, plus tous les favoris aux Jeux.

Le moment d’un jeu de dupes à quelques mois des Jeux ?

On a beau se dire qu’il faut rester sur la réserve parfois, si on se sent fort, on y va. Après, c’est sûr qu’on ne va pas mettre 20 mètres à tout le monde si on peut, mais franchement, cela n’arrive plus. Une victoire se joue à peu de choses maintenant. Je me dis aussi que le Canadien Brent Lakatos et le Thaïlandais Paeyo Pongsakorn ne vont pas se gêner pour s’imposer. Ils ne se cacheront pas. Ce qui est sûr aussi, c’est que toutes les compétitions d’ici Tokyo seront l’occasion d’observer la concurrence. Même mon collègue Nicolas (rires).

Justement, à 48 ans, vous être toujours le meilleur Français en fauteuil. Cela veut-il dire que la relève n’arrive pas ?

Je sais que ça peut surprendre certains. Les jeunes aimeraient bien prendre ma place. Mais en réalité, je prends toujours autant de plaisir à faire ce que je fais et je ne me repose jamais sur mes victoires, ni sur mes défaites. Je ne m’entraîne plus comme avant, j’ai moins de fougue et je gère beaucoup mieux. Et comme c’est aussi un sport où le matériel compte, la recherche et l’efficacité sont très importantes. C’est l’expérience. Mais la relève arrive avec Nicolas (Brignone, également membre du pôle France de Nouméa, NDLR). Même si tout ça n’est pas facile et que ça prend du temps. Moi, par exemple, j’ai commencé à la fin des années 80 et je n’ai réellement percé qu’une dizaine d’années plus tard. Sans compter que le niveau a augmenté depuis.


Cap sur l’Australie et le classement mondial

Pierre Fairbank et Nicolas Brignone sont partis en début de semaine pour l’Australie où ils prendront part à deux meetings pour lancer leur saison. Si pour le premier, il s’agit de commencer sa préparation en douceur en vue de Tokyo-2020, pour le second, l’histoire est bien différente. Nicolas Brignone doit encore valider sa place aux Jeux. « Il y aura une deuxième vague de sélectionnés au début du mois d’avril, explique Olivier Deniaud, responsable du pôle France de Nouméa et coach tricolore. Seront pris ceux qui sont dans le top 6 mondial de leur catégorie. » Un ballottage favorable pour Nicolas Brignone qui est actuellement cinquième meilleur temps sur 100 m et 200 m en 2019 dans sa catégorie T53. Un cas de figure où se trouvent aussi Rose Wélépa et Marcelin Walico, tous les deux sixièmes, respectivement au lancer de disque et de javelot. Pour les autres, une dernière vague de sélection est prévue en juin en fonction des places disponibles.

Texte et photo : A.B.