Penny Wong : « Le Pacifique, c’est la famille »

Il s’agissait de la première visite de Penny Wong sur le territoire en tant que ministre des Affaires étrangères. Les relations entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie sont anciennes et étendues dans les domaines de la protection de l'environnement, l'économie, la défense, etc. / © © Toby Melville, Pool, AFP

Personnage clé du gouvernement d’Anthony Albanese, Penny Wong était en visite sur le territoire mercredi 19 et jeudi 20 avril avant de se rendre à Tuvalu. La ministre des Affaires étrangères est engagée dans une politique globale de restauration des relations entre l’Australie et ses voisins, abîmées sous l’ère des conservateurs. La Nouvelle-Calédonie et plus largement la France sont des partenaires importants.

DNC : Vous aviez pris l’engagement à votre prise de fonction de visiter tous les États et territoires membres du Forum des Îles du Pacifique. Vous aurez bientôt atteint cet objectif. Pourquoi était-ce primordial ?

Penny Wong : Pour nous, le Pacifique, c’est la famille. Nous partageons un océan et nous partageons un avenir. Nous sommes confrontés à de nombreux défis communs et nous voulons travailler ensemble pour façonner cet avenir dans l’intérêt de nos populations et du Pacifique Bleu.

En tant que ministre des Affaires étrangères, il était primordial pour moi de rendre visite à chacun des membres du Forum des îles du Pacifique (FIP), afin d’entendre directement quelles sont leurs priorités et de témoigner de l’engagement de l’Australie à l’égard de la région du Pacifique dans son ensemble.

Le FIP est la plus importante organisation diplomatique de la région. La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie Française sont des membres importants de notre famille du Pacifique et du FIP.

L’Australie est un membre fondateur et le seul pays au monde à avoir une présence diplomatique auprès de chaque membre du Forum. Cette présence nous permet d’être à l’écoute des priorités du Pacifique et d’y répondre.

Nous restons déterminés à poursuivre notre travail avec l’État français pour faire avancer nos priorités communes dans le Pacifique.

 

Dans un contexte de lutte d’influence grandissante dans la région, comment les pays du Pacifique peuvent et doivent selon vous défendre leurs intérêts, et comment l’Australie peut y contribuer ?

Avoir des organisations régionales du Pacifique unifiées, fortes et inclusives, y compris le FIP et la Communauté du Pacifique, c’est essentiel pour garantir que le Pacifique Bleu reste en paix, stable et prospère.

L’Australie est convaincue que nous pouvons relever les défis communs de la compétition, du changement climatique et de la reprise du Covid en travaillant ensemble.

Je reconnais également l’importante contribution de la France dans le soutien aux priorités du Pacifique. Elle s’investit dans le maintien de la paix et de la prospérité dans notre région commune et nous restons déterminés à poursuivre notre travail avec l’État français pour faire avancer nos priorités communes dans le Pacifique, comme nous le faisons avec tous les partenaires de l’Australie.

L’approche du gouvernement australien consiste à coopérer avec la Chine lorsque nous le pouvons, à être en désaccord lorsque nous le devons et à gérer nos divergences avec sagesse.

 

Emmanuel Macron était récemment en Chine. Est-ce notre intérêt commun que les relations se stabilisent avec ce pays ?

Le gouvernement australien estime qu’il est dans l’intérêt de l’Australie comme de la Chine de continuer sur la voie de la stabilisation et du développement de nos relations bilatérales.

L’approche du gouvernement australien consiste à coopérer avec la Chine lorsque nous le pouvons, à être en désaccord lorsque nous le devons et à gérer nos divergences avec sagesse. Nous agirons toujours dans le respect de nos intérêts nationaux.

Nous écoutons les voix du Pacifique et nous comprenons que les pays et territoires souhaitent une région prospère et connectée, commerçant ensemble à l’épicentre de la croissance économique mondiale, par le biais d’un système transparent, où l’interdépendance économique n’est pas détournée à des fins politiques et stratégiques.

L’Australie continuera à travailler avec tous ses partenaires pour construire une région en paix, prospère et respectueuse de la souveraineté.

Propos recueillis par Chloé Maingourd