Pédocriminalité : les 11 signalements de Truly, « c’est énorme pour la Calédonie »

M.-H.M.

Après deux ans de traque des pédophiles sur les réseaux sociaux, l’association Truly, revendique 75 procédures judiciaires ouvertes à la suite de ses signalements, tous pays confondus. Localement, quatre personnes ont été condamnées.

Brad ‒ le pseudo qu’il a choisi ‒ a décidé de traquer les pédocriminels sur internet courant 2020, lorsqu’une de ses filles a reçu une proposition douteuse sur son profil Facebook. « Internet est un terrain de jeu dangereux et illimité. À partir du moment où l’enfant est connecté, il y a un risque. » L’action de l’association, qui compte désormais 20 membres, est assurée par un intercepteur et un enquêteur. Et les résultats sont alarmants.

Les signalements effectués par Truly ont conduit à l’ouverture de 75 procédures judiciaires dont 56 en Métropole, 6 en Belgique et 11 en Nouvelle-Calédonie, indique l’association. « Quatre Calédoniens ont été jugés et condamnés. L’un d’entre eux avait fait appel de la décision, mais le jugement a été confirmé», indique Brad. Trois procès auront prochainement lieu pour des infractions relevées au Mont-Dore, à Dumbéa et Nouméa et quatre autres procédures sont toujours en cours.

Un mode opératoire classique

« Si les procès et procédures aboutissent à une condamnation, on aura réussi à faire interpeller 11 pédocriminels ici en moins de deux ans. C’est énorme pour la Calédonie ! » Sans compter la vingtaine d’auditions préalables à enquête, actuellement en attente à la gendarmerie, depuis le mois de février 2022. Ces résultats importants, l’association les doit à un travail de fourmi, à une traque quotidienne. L’intercepteur constate un unique mode opératoire des prédateurs. « Ils cherchent à discuter régulièrement avec leurs victimes potentielles via les réseaux sociaux, les plateformes de jeux avec un tchat comme Fortnite. Ils sont toujours en ligne aux horaires de connexion des jeunes adolescents, posent beaucoup de questions pour connaître les habitudes de vie : parents divorcés, absence du père, horaires de travail de la maman, activités… » Jusqu’au jour de la proposition indécente.

M.-H.M.

Confronté au danger

Parmi les affaires d’infractions sexuelles sur mineur révélées dernièrement en Nouvelle- Calédonie, Brad juge qu’il peut y avoir deux poids, deux mesures. Un pédocriminel « a bénéficié d’une certaine clémence », une peine de prison avec sursis, « à cause de son statut et du nom qu’il porte ». Pour l’infraction en question, la loi prévoit une peine maximale de deux ans d’emprisonnement, assortie d’une amende de 3,6 millions de francs. Dans un autre dossier, « des gens ont exprimé des doutes concernant un animateur condamné, en disant qu’il avait été piégé ». Brad assure que si la justice n’avait pas eu la preuve de propositions sexuelles à un mineur de moins de 15 ans, « il n’aurait pas été condamné. On ne prend pas conscience de la présence du danger tant que l’on n’est pas directement confronté à cette situation. Si je ne suis pas sûr d’un dossier, il n’est pas transmis à la justice ».

Une aide précieuse pour la justice

 

Marie-Hélène Merlini