C’est par un communiqué, signé du président, que la province Nord s’est finalement exprimée après l’annonce de suspension de l’activité minière à Poum. Sur trois pages, Paul Néaoutyine décrit des manquements de la SLN au code minier et reproche plusieurs infractions depuis la mise en service du site.
L’annonce de la SLN de vendredi dernier a « surpris » Paul Néaoutyine. Le président de la province Nord dénonce « une manipulation de la part de la SLN-Eramet » qui tenterait « de [lui] faire endosser la responsabilité ».
Il évoque la possibilité de porter plainte pour « diffamation ». L’attente d’autorisation d’exploitation de la collectivité avancée par la société minière ne peut pas justifier, selon l’élu indépendantiste, la suspension des activités du centre de Poum. « La SLN n’a plus donné de suite à l’instruction de cette dite demande d’autorisation d’exploitation (…) depuis le 20 octobre 2020 », explique-t-il.
EXPLOITATION « SANS AUTORISATION »
À cette date, la province Nord, compétente en matière d’industrie, de mines et de carrières, aurait constaté « des chantiers ouverts sans autorisation ». L’industriel aurait entrepris des « travaux de défrichement et d’exploitation » en dehors des « limites autorisées » par l’arrêté de la collectivité.
Ces « infractions au code minier » ont été constatées par les services provinciaux une deuxième fois en mai, puis une nouvelle fois en août 2022. « La SLN ne peut pas décemment méconnaître les obligations administratives liées aux travaux d’exploitation et notamment à toutes les modifications approuvées aux demandes d’autorisation d’exploitation initiale », poursuit le président de la province Nord.
Depuis 2019, 80 sondages auraient été menés par la SLN sur le site de Poum « sans autorisation » de la collectivité.
CHACUN « SES RESPONSABILITÉS »
Dans sa « mise au point », Paul Néaoutyine estime que la SLN aurait décidé « seule et avec la commune de Poum » de sa « montée en puissance ». Le centre minier du Grand Nord s’est développé en étroite collaboration avec la municipalité via la Société de navigation, de roulage et exploitation de Poum (Sonarep).
En 2021, les trois partenaires dévoilaient par exemple une association pour le développement durable censée préparer « l’après-nickel » et dynamiser la commune isolée. La SLN a par la suite soutenu une convention pour assurer l’alimentation en eau potable de Poum.
Entre 2020 et 2023, les exportations du centre minier vers la Chine, la Corée et le Japon auraient été réalisées sans aucun « arrêté d’autorisation complémentaire ». « La société a estimé être dans son bon droit avec les populations locales, assène l’élu. J’invite la SLN à assumer ses responsabilités et notamment celles d’avoir “ouvert’’ 300 emplois sur le massif de Poum sans sécurisation administrative de ses permitting (attribution de permis miniers, NDLR). »
Paul Néaoutyine déplore la « situation créée par la SLN », qu’il juge « assez préoccupante tant pour l’emploi que pour la pérennité de l’eau potable » à Poum.
Brice Bacquet