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Handicapées oui, asexuées non. Durant longtemps, les désirs des personnes porteuses d’un handicap n’ont pas été pris en compte. Dans l’imaginaire collectif, elles ne pouvaient pas être sexuellement actives.

Or, comme tout le monde, elles ont envie de se serrer contre quelqu’un, recevoir un câlin, être amoureuses ou encore goûter à la vie de parent. « L’intimité, la vie affective et la sexualité sont des libertés fondamentales pour tous », rappelle l’État. Chacun peut mener la vie intime, affective et sexuelle qu’il désire, sous réserve d’un consentement réciproque et du respect de la loi. Les priver de cette liberté est une « violence et une discrimination », souligne-t-il. Le déni peut « générer des peurs, de la souffrance, mais aussi des comportements agressifs envers soi ou les autres ». Il peut les pousser à prendre plus de risques, en ayant des relations sexuelles sans protection, ou encore « induire de mauvaises représentations de la sexualité ».

Depuis quelques années, les mentalités commencent à évoluer dans le bon sens. À l’Institut spécialisé autisme (ISA) de Robinson, par exemple, leur charte a été revue en 2022 pour mieux prendre en compte les besoins et renforcer le respect de l’intimité des personnes qui fréquentent l’établissement. Au foyer Paul Reznik de Nouville, il existe une plus grande tolérance aux amourettes. Il y a également des avancées notables sur les représentations de la sexualité chez les résidents et les professionnels.

À SAVOIR

Le site d’information national « Mon Parcours Handicap » a lancé début octobre une nouvelle rubrique « Vie intime, consentement et parentalité ». Un onglet spécifique concerne les droits des personnes en situation de handicap
sur ce sujet.

Il reste toutefois encore du chemin à parcourir pour que les personnes concernées vivent pleinement leur vie intime comme elles le voudraient. « En 2018-2019, on avait fait venir une formatrice, car la question se pose notamment au sein des établissements médico-sociaux où les personnes sont hébergées et n’ont pas de vie sociale en dehors. Comment gérer à l’intérieur la vie sexuelle et affective des résidents ? Même pour les encadrants, les soignants, ce n’est pas toujours évident », développe Jade Barbu, responsable du Collectif Handicaps qui a récemment organisé un ciné-débat autour de cette thématique.

Comment les accompagner au mieux ? Comment leur donner un cadre favorisant leur épanouissement sexuel ? Le tabou, très présent en Nouvelle-Calédonie, freine aujourd’hui l’émergence de nouvelles initiatives dont certains pays se sont déjà emparés depuis de nombreuses années.

Edwige Blanchon

Dans notre dossier

Un travail quotidien à l’Institut spécialisé autisme
L’établissement de Robinson a mis à jour sa charte sur la vie affective et sexualité l’an dernier. Les équipes se forment aussi régulièrement afin que cette notion d’intimité soit toujours respectée. →

Handicap : une nécessité d’aller encore plus loin
Pour le Collectif Handicaps et Virginie Moinaux, sexothérapeute à l’association Solidarité Sida, il est urgent de réfléchir à des façons de répondre à leurs besoins en l’adaptant au contexte calédonien. →

Son handicap a mis l’amour sur sa route
Sylvain Bova, 37 ans et déficient visuel, partage sa vie depuis 2010 avec Rose, porteuse du même handicap que lui. Ensemble, ils ont un petit garçon de 4 ans. Ensemble, ils se sont battus pour vivre leur histoire d’amour. →