Paris, sans les indépendantistes

Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Les discussions ont commencé dans la capitale avant la grande Convention des partenaires de ce vendredi 28 octobre. Sachant que l’avenir ne se construira qu’avec les indépendantistes, leur absence est regrettée par les forces en présence. Une partie des non-indépendantistes est parvenue à une position commune.

Il faudra encore attendre pour espérer réunir les trois partenaires de l’Accord de Nouméa pour élaborer une solution d’avenir. Le ministre délégué aux Outre-mer, Jean François Carenco, et les indépendantistes s’étaient mis d’accord au mois de septembre sur des bilatérales à Paris, préalables à une Convention des partenaires.

Mais ces derniers – FLNKS en tête – ont finalement préféré s’abstenir même si certains étaient plus enclins à partir que d’autres. Principale raison mise en avant, le timing plutôt axé sur 2023. Certains se sont aussi étonnés de l’absence d’ordre du jour pour la Convention ou l’ont trouvée trop élargie (chambres consulaires, Cese, association française des maires, NC ÉCO). Le Sénat coutumier et l’association des maires de Nouvelle-Calédonie sont également absents.

Jacques Lalié est le seul représentant indépendantiste à s’être déplacé en tant que président de la province des Îles, a-t-il précisé. Il dit avoir décidé de « tenir parole » et venir à Paris, notamment pour chercher des financements pour l’hôtel Wadra Bay et évoquer la poursuite des contrats de développement.

La locomotive démarre 

Les autres acteurs ont fait le déplacement avec néanmoins une certaine contrariété. « Je regrette évidemment l’absence du FLNKS, a déclaré Sonia Backes, présidente des Républicains calédoniens. Mais la Nouvelle-Calédonie doit désormais sortir de l’incertitude pour inscrire son avenir dans la Constitution française. »

Pour Thierry Santa, président du Rassemblement et membre du gouvernement, ce rendez- vous était l’occasion de « renouer les fils du dialogue entre tous », a-t-il déclaré sur NC la 1ère. Pour autant, il estime que la visite de Jean-François Carenco n’était pas un échec dans la mesure où il a réussi à reprendre contact avec les indépendantistes, « ce que n’avaient pas pu faire les autres représentants de l’État avant lui ».

Virginie Ruffenach (Rassemblement-AEC) souligne à Outremer360 que l’État est dans la « stricte application de l’Accord de Nouméa » qui prévoyait que tous les partenaires se retrouvent après les trois référendums.

Calédonie ensemble redit qu’un « consensus à trois » est indispensable pour construire l’avenir. Et de ce fait, la Convention des partenaires sans les indépendantistes a automatiquement un « sens réduit ».

Thierry Santa estime que « le jour où ils intégreront la démarche, on aura au moins avancé sur l’organisation, la définition des sujets, le planning des discussions à venir ». Cette étape nécessitera peut-être selon lui un déplacement des autorités nationales pour les convaincre, ce qui se précise. Mais on peut légitimement craindre qu’ils n’acceptent pas des conditions établies en leur absence.

Fondamentaux 

Les groupes non-indépendantistes ont rencontré une première fois le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, avant la bilatérale prévue tous ensemble jeudi à Beauvau avec également le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, puis la Convention des partenaires à Matignon vendredi avec la Première ministre, Élizabeth Borne.

Ils pourront exprimer leur vision de la sortie de l’Accord de Nouméa lors de la bilatérale, tandis que la grande réunion doit plutôt définir une méthode de travail, les sujets à traiter et le calendrier. Il n’est pas encore temps en effet de négocier une solution institutionnelle. La définition du projet se fera dans les prochains mois avant de traiter la question des élections provinciales et de définir les vecteurs constitutionnels.

Mercredi soir 26 octobre à Nouméa, on apprenait que les Républicains calédoniens, le Rassemblement, le MPC et Génération NC s’étaient rencontrés place Beauvau et avaient pu rédiger une déclaration commune rappelant leurs « valeurs fondamentales » à l’aube de l’ouverture des discussions.

Ce document devait être remis lors de la bilatérale au ministre et au ministre délégué. « Afin de garantir le choix qui a été exprimé par trois fois de rester au sein de la République, il était essentiel pour nous d’obtenir et d’exprimer un consensus le plus large possible sur les points sur lesquels nous ne transigerons pas » était-il indiqué.

Sans être précisés, les fondamentaux évoqués ces derniers jours étaient entre autres le respect du résultat des référendums, un statut définitif dans la France, l’ouverture du corps électoral, l’égalité de tous les calédoniens. Le communiqué précise que Calédonie ensemble était invité mais a décliné la réunion, « ce que nous regrettons », disent les représentants.

Une partie des non-indépendantistes réunis à Paris, pour élaborer une position commune. ©DR 

Chloé Maingourd

© Stéphane de Sakutin/ AFP