Si l’élu Rassemblement du Congrès, Guy-Olivier Cuénot, se défend de tout caractère raciste dans un post sur X, le doute soulevé invite à s’interroger sur l’épaisseur des sanctions prévues à l’égard des conseillers.
Le quotidien national Libération a révélé l’affaire. Une polémique née à la suite de la publication d’une annonce immobilière pour la vente d’une maisonnette située en Sud-Charente, en Métropole. « Les Arabes et les gens d’Afrique, passez votre chemin, je ne répondrai pas », écrit un particulier. Des mots ouvertement racistes.
Dans un post sur X le 31 décembre, Guy-Olivier Cuénot a réagi. « Bravo à lui. Il ne faut surtout pas répandre dans nos campagnes ces cellules cancéreuses. » Contacté, l’élu non-indépendantiste de la province Sud et du Congrès confirme les phrases diffusées et livre néanmoins une précision : le terme « cellules cancéreuses » ne se rapporte pas aux personnes citées, mais à « l’immigration illégale » ou à « la submersion migratoire issue essentiellement de pays arabo-musulmans et africains subsahariens. C’est factuel ». Selon Guy-Olivier Cuénot, cet avis a été rédigé « dans le contexte de la discussion » sur le réseau social.
Si, pour le conseiller de la Nouvelle-Calédonie, « il n’y a pas d’ambiguïté », un doute est effectivement permis à la simple lecture du commentaire. Sonia Backès, présidente de la province Sud, indique ne pas avoir lu les propos, « je ne sais pas du tout dans quel contexte il a dit ça ».
Cheffe du groupe Rassemblement au Congrès, groupe dans lequel siège l’intéressé, Virginie Ruffenach n’a pas souhaité réagir. Contrairement à Alain Descombels, le président du bureau du Rassemblement national en Nouvelle-Calédonie : Guy-Olivier Cuénot « n’est plus délégué territorial du RN » depuis mai 2024 en raison de son départ en Métropole pour des contraintes personnelles et familiales.
L’élu du boulevard Vauban a été une personnalité reconnue du parti d’extrême-droite dans l’archipel, puisque ce militant d’origine corse avait été nommé président du comité de soutien de Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2022, mais aussi candidat aux élections législatives de la même année dans la première circonscription. Guy-Olivier Cuénot reste selon ses dires membre du RN, mais « nous n’avons plus de lien avec lui, note Alain Descombels, ses propos n’engagent que lui ».
UN RÈGLEMENT INTÉRIEUR « LIGHT »
Dans un post sur un réseau social, republié par le député Nicolas Metzdorf, le Loyaliste Philippe Blaise évoque sans tarder les propos de « notre collègue » « contre l’immigration africaine », pointe « l’anti-racisme à sens unique », et réoriente le débat vers les indépendantistes, notamment vers Roch Wamytan, accusés de vilains mots.
La partie de ping-pong politique ne s’arrête jamais, même avec les sujets les plus graves. Plus globalement, ce cas de la publication de Guy-Olivier Cuénot soulève la question du périmètre lexical dans lequel tout élu évolue et des éventuels blâmes si la limite est franchie. D’autant que les politiques entrent dans une année électorale où les dérapages risquent d’être fréquents, après une période de troubles en 2024.
Les articles afférents du règlement intérieur du Congrès mentionnent des sanctions disciplinaires portant sur des faits survenus pendant une séance publique, telle en est la compréhension. Quatre mesures sont prévues : le rappel à l’ordre, le rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal, la censure de la parole avec suppression des interventions au procès-verbal et l’exclusion de la séance. Maria- Isabella Saliga-Lutovika et Marie-Line Sakilia y ont été soumises ces derniers mois.
Bon nombre d’observateurs le remarquent, des sanctions plus strictes seraient souhaitables. Le règlement intérieur du Congrès et la loi organique ne prévoient rien pour des propos litigieux en dehors de l’hémicycle. Des déclarations peuvent toutefois tomber sous le coup d’une éventuelle condamnation pénale. Et le fait d’être détenteur d’un mandat d’élu constitue parfois une circonstance aggravante.
Yann Mainguet