La gérante d’Unic Design fait partie des exposants présents au « Village des savoir-faire », organisé du jeudi 19 au dimanche 22 octobre, à Nouméa. Rencontre avec une jeune décoratrice passionnée qui voit la vie en rose depuis qu’elle a lancé son activité.
Oricya Sione a encore des restes de peinture blanche sur son bras gauche. Preuve irréfutable de son quotidien créatif depuis qu’elle a mis sur pied Unic Design, entreprise spécialisée dans la décoration événementielle. Son agence a vu le jour en pleine crise sanitaire. « Le meilleur moment pour se lancer ! », rit-elle lorsqu’elle y repense.
Sa motivation lui a donné les clés pour persévérer et se relever. La jeune entrepreneuse se retrouve vite confrontée à certaines difficultés lorsqu’elle décide de de revenir en Nouvelle-Calédonie, son diplôme d’école événementielle en poche. « Je rentre d’Aix-en-Provence dans l’espoir de trouver du travail ici. J’avais à cœur de rentrer chez moi. Je postule, mais aucune porte ne s’ouvre. »
Elle reste deux ans à tourner en rond sans savoir si elle doit se diriger vers le salariat ou l’entreprenariat. « Moralement, c’est assez difficile. » Puis, en 2021, elle entend entend parler d’un parcours proposé par Initiative NC : entreprendre au féminin. Elle présente sa candidature. Elle est retenue.
Celle qui a toujours aimé les activités manuelles, sans savoir vraiment dans quoi s’engager (elle a voulu être fleuriste, photographe, pâtissière…), finit par trouver sa voie. « Je prends le temps de m’acheter de la matière première, de fabriquer, et c’est officiellement en décembre 2022, que j’ai mon premier événement avec une grande entreprise calédonienne. Je prépare leur comité d’entreprise pour Noël, je publie les photos sur les réseaux sociaux et je me fais connaître. »
MENUISIÈRE DE PASSION, PAS DE FORMATION
Aujourd’hui, l’entrepreneuse compte près de 4 000 followers sur sa page Facebook. Les messages encourageants pleuvent sous ses publications. Des « magnifique », « bravo », « félicitations » viennent récompenser ses heures passées à fabriquer artisanalement du matériel de décoration.
Les Calédoniens font appel à ses talents lors de grandes occasions : anniversaires, baptêmes, mariages, événements d’entreprises… « Je ne fais que de la déco, pas d’organisation. Pour moi, ce sont deux métiers bien distincts. »
Ses différents voyages l’inspirent dans ses réalisations. Oricya utilise du contreplaqué extérieur qu’elle travaille, dessine, découpe. Elle agrémente ensuite ses créations d’ampoules LED. Ce sont des lettres géantes, des numéros géants, des toiles de fond. Des décors « tout bête » mais qui n’existaient pas jusqu’à présent. « J’essaye de limiter les ballons. Je n’aime pas la texture, le rendu, le bruit que ça fait », précise-t-elle. Tout ce qu’elle propose aujourd’hui, elle l’a appris sur le tas. « Je suis artisane, menuisière de passion, mais pas du tout formée. » Oricya regarde beaucoup de tutoriels sur Internet et approche des menuisiers pour être conseillée sur les matières premières, les techniques, les outils.
« LA DÉCORATION FAIT LA RÉUSSITE D’UN ÉVÈNEMENT »
Elle réussit à dépoussiérer le monde de la décoration en surfant sur la tendance. Sa spécialité ? Aménager des espaces photos pour garder des clichés inoubliables des journées qu’elle organise. « La décoration fait la réussite d’un évènement. L’année prochaine, quand vous en reparlerez, ce seront les photos qui resteront. »
La plupart du temps, ses clients viennent avec leurs inspirations. D’ailleurs, il y a des thèmes qu’elle ne peut plus voir en peinture : le tropical ou l’inspiration bohème-chic, par exemple. Elle préfère casser les codes en proposant des alternatives qui lui ressemblent. Avec des matières naturelles, de vraies fleurs, pour un rendu moins « cheap ». Récemment, elle s’est amusée à réaliser une Barbie box, juste avant la sortie du film. Il a fallu du temps mais cette fois, les clients se l’arrachent.
Oricya s’éclate dans ce qu’elle fait. Elle a réussi à réunir toutes ses passions dans une seule activité. Des années de réflexion qui n’ont pas été vaines. Si des jeunes sont admiratifs et intrigués par son parcours, elle les prévient direct : « Il faut croire en ses rêves, mais il faut bosser. Ça ne tombera pas du ciel. »
Edwige Blanchon
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