Orane Ceris, décollage immédiat

Ancienne gymnaste, la licenciée de l’ACPV a découvert les sports nautiques en 2020, à son arrivée en Nouvelle-Calédonie. Sa progression ultrarapide lui vaut d’être sélectionnée dans la première équipe de France de wingfoil.

Dans cette toute première équipe de France de wingfoil, on attendait évidemment Titouan Galea. Le champion du monde était certain de figurer dans la liste de sept noms dévoilée fin février.

La surprise, c’est la présence d’une deuxième représentante d’un club calédonien : Orane Ceris, licenciée à l’association calédonienne de planche et de voile (ACPV), est sélectionnée pour les épreuves de course.

Il y a encore trois ans, la Marseillaise ne connaissait ni la Nouvelle-Calédonie, ni le wingfoil. Sa relation aux sports nautiques se limitait à l’observation, et à la frustration. « Je vivais au bord de la plage, ce milieu-là m’attirait beaucoup. Mais je n’avais pas le temps. J’étais enfermée dans un gymnase, trois heures tous les soirs après l’école, pendant 20 ans… »

Ses efforts l’ont portée jusqu’aux championnats de France. Un grave accident de moto, à l’âge de 18 ans, l’a poussée à devenir entraîneuse bien plus tôt que prévu. C’est sous cette casquette qu’Orane Ceris a rejoint le club de gym du Mont-Dore, en 2020.

MERCI L’ANSE VATA

Au paradis des sports nautiques, elle se jette enfin à l’eau. « J’ai rencontré par hasard les frères Goyard, qui m’ont initiée au wingfoil. Sur l’anse Vata, l’ambiance était ultra conviviale. Quand tu galères, il y a toujours quelqu’un pour te donner des petits conseils. J’ai commencé comme ça. » Réputé facile d’accès, le wingfoil est une évidence pour Orane, qui progresse à une vitesse stupéfiante.

La rencontre de Clément Colmas et de Titouan Galea, engagés sur le circuit professionnel, lui donne des idées. Elle poste ses vidéos sur les réseaux sociaux. Un sponsor la contacte et l’invite à partici- per aux championnats du monde, en Italie. La voilà embarquée dans cette vie « un peu dingue » qui consiste à vivre de sa passion, à prendre l’avion pour quitter un spot célèbre et en rejoindre un autre.

« PAS ENCORE À LA MOITIÉ DE SON POTENTIEL »

En 20 ans de compétition, Alexandre Rouys, lui aussi engagé sur le circuit mondial du wingfoil, a croisé quelques milliers d’athlètes. « Des progressions comme celle d’Orane, je n’en ai pas vu beaucoup… C’est hyper rapide. Surtout pour quelqu’un qui ne vient pas de la voile. »

Physiquement, la gymnastique a été une formidable école. Techniquement, l’athlète n’est « pas encore à la moitié de son potentiel », estime-t-il. Dans la dimension tactique, il y a également du travail. « Quand tu prends 90 % de risque à la bouée alors que tu mènes la course… Pour gagner, il faut savoir lever le pied, gérer. »

Rien ne remplace l’expérience des régates, où son sens de la navigation au près fait déjà des ravages. Alexandre Rouys est formel. « Elle a la capacité d’aller chercher le titre mondial dans les deux ans. » Orane, elle, ne s’emballe pas. « La compétition, c’est juste un temps. J’ai presque 30 ans, je vois des petites jeunes qui arrivent, qui poussent très fort, le niveau augmente très vite. Je suis au top de ma forme, je m’en- traîne à fond, mais je suis consciente que si mon sponsor ne me suit plus, tout s’arrête rapidement. »

Sa seule certitude, c’est la Nouvelle-Calédonie. « En parcourant le monde, je me rends compte qu’il n’y a aucun autre endroit où je me vois vivre », dit celle qui habite à la Vallée-du-Tir. « J’ai envie de m’investir auprès de la ligue de voile, de donner des conseils aux jeunes… J’ai plein de projets. »

Gilles Caprais

Sur le circuit mondial, Orane Ceris est engagée dans les courses et les épreuves de freestyle. / © Romantsova Photo, GWA

 

Des ambitions olympiques pour le wingfoil

En Nouvelle-Calédonie, le wingfoil est pratiqué par quelques centaines de personnes. « On essaie de donner l’esprit de compétition aux gens, de les amener à concourir », explique Benoît Demaret, membre du comité directeur de la ligue. Les premières compétitions ont eu lieu en 2022.

Elles sont désormais en pause en raison du risque requin. Au niveau national, la fédération nourrit de grandes ambitions pour la jeune discipline. « À l’image du kitefoil qui fera son entrée aux Jeux de 2024, nous pouvons imaginer que le wingfoil puisse être candidat pour les Jeux de 2032 », a déclaré Guillaume Chiellino, directeur technique national, le 28 février, jour de la présentation de l’équipe de France. « Notre objectif sera d’être parmi les meilleures nations à ce moment-là. » Les Calédoniens pourraient certainement y contribuer.