[DOSSIER] On souhaite l’anticipation et l’adaptation au changement climatique

En matière environnementale, notre souhait concerne la réponse aux effets du changement climatique. Outre l’atténuation de notre empreinte, un travail doit concerner l’adaptation des politiques et des populations aux aléas futurs. C’est tout l’enjeu du projet Clipssa*, porté conjointement par l’IRD, l’AFD et Météo France.

« C’est un défi de taille » introduit Catherine Sabinot, anthropologue de l’environnement* à l’IRD, coordinatrice ‒ avec le climatologue Christophe Menkès ‒ du programme d’études Clipssa, lancé mi 2022 par l’Institut de recherche pour le développement avec Météo-France et l’Agence française de développement.

Leur équipe doit produire à l’horizon 2025 des projections climatiques haute résolution jusqu’en 2100 pour la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et le Vanuatu.

« Il s’agit de décrire les aléas atmosphériques (périodes très pluvieuses, cyclones, sécheresses …)  et mesurer leurs impacts potentiels par secteur géographique. » Tous ces éléments viendront nourrir (ou actualiser pour le Vanuatu) les stratégies d’action (plans d’adaptation) qui nous font encore défaut.

CONNAÎTRE EN DÉTAIL LE CLIMAT FUTUR

« Les modèles dont on dispose actuellement (NDLR : une météo océanique) permettent de faire des simulations à l’échelle du Pacifique à des précisions de 100 km, mais elles ne prennent pas en compte la géographie des îles, leur topographie, notamment des îles hautes, qui vont modifier les courants atmosphériques, explique Catherine Sabinot. L’équipe modélisation va s’attacher à intégrer toutes ces données afin de réaliser des simulations à des échelles de 20 et 2,5 km. »

Les conséquences potentielles sur l’agriculture, l’énergie, l’accès à l’eau, la santé, l’érosion côtière et l’habitat pourront donc être travaillées grâce à ces données publiques.

Pour des raisons de financement, Clipssa développera deux secteurs prioritaires définis avec les collectivités : l’agriculture et l’accès à l’eau.

Des données intermédiaires seront fournies à compter de la fin de l’année 2023. Il est souhaité que chaque collectivité (provinces, communes) puisse assigner un collaborateur pour traduire ces données dans les politiques publiques.

CULTURES DU RISQUE

Le programme allie sciences du climat et sciences humaines et sociales. « On part du principe que l’adaptation des populations ne dépend pas que de l’aléa climatique, mais aussi de leurs compétences, ressources et savoirs. L’idée est de les recenser, de voir s’ils sont transmis et comment, de décrire les vulnérabilités des populations et des territoires »

Ces savoirs écologiques locaux (« cultures du risque ») peuvent être traditionnels, scientifiques, provenant des ONG, dans divers domaines (agriculture, horticulture, pêche, habitat, etc.).

Catherine Sabinot prend l’exemple de connaissances assez classiques comme la préparation des champs avant les cyclones, la coupe des lianes d’ignames, l’utilisation des plantes sauvages en période de disette, la conservation des tubercules et des fruits pour se nourrir dans les mois qui suivent une catastrophe, les constructions rondes à solide charpente couverte de paille pensées pour être très résistantes, la mise en sûreté dans les grottes.

« Une des grandes forces de l’Océanie et de ses habitants est que ces derniers sont pluriactifs dans leur subsistance avec des savoirs multisectoriels : culture des champs, pêche, travail salarié …»

Perdre ces connaissances parfois très localisées, les voir se concentrer dans un seul secteur ou en voir naître d’autres moins adaptées pourraient nuire aux réactions des populations.

Dans un monde où le temps de transmission est radicalement réduit, les chercheurs prônent un travail de collecte (l’ADCK le fait déjà pour les aires qui le demandent) et souhaitent que ces savoirs puissent intégrer les programmes d’enseignement ou être dispensés par des acteurs communaux.

C.M.

*Climat du Pacifique, savoirs locaux et stratégies d’adaptation.

*Étude des relations entre l’humain et son environnement.

Une stratégie gouvernementale à l’horizon 2024

Jérémie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement en charge du secteur de l’environnement (secteur qui intègre pour la première fois l’atténuation et  l’adaptation au changement climatique et la transition alimentaire) prépare avec son équipe une délibération de déclaration de l’urgence climatique et environnementale pour le premier trimestre.

Elle donnera le ton des ambitions de l’exécutif en la matière et impliquera la mise en place d’une instance de concertation donnant une large place à la jeunesse.

Sur la base de cette concertation, des études déjà produites et des premiers enseignements du programme Clipssa, une stratégie d’atténuation et d’adaptation au changement climatique sera proposée en 2024. « Ce sera un cadre sur lequel tout le monde pourra s’appuyer. Le Stenc, le code de l’urbanisme pourront intégrer ces nouvelles données. Elles s’imbriqueront aussi avec nos actions sur les transitions », souligne le membre du gouvernement.

Certaines ONG comme le WWF espéraient que le climat, retiré du Schéma pour la transition énergétique, puisse intégrer le Schéma d’aménagement de la Nouvelle-Calédonie qui doit être révisé.

Le souhait est aussi que la Direction de la sécurité civile (DSCGR) approfondisse la compétence du risque avec « un responsable du risque climatique pour gérer l’urgence à plus long terme », ce qui existe en Nouvelle- Zélande. La DSCGR, qui s’intéresse déjà à la gestion de feux plus importants, pourrait par exemple effectuer un travail d’anticipation sur les déplacements de population.

Chloé Maingourd 

Photo : Plantation d’arbres pyro-retardants à la vallée de La Coulée par Conservation international. / © DR

 

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