Omicron, une « nouvelle bataille » à mener

Les tests effectués sur deux personnes positives au Covid-19 arrivant de Sydney et de Métropole, laissent à penser qu’il s’agit probablement du variant Omicron. Le gouvernement demande à la population de redoubler de vigilance pour les fêtes de fin d’année et insiste pour que chacun se fasse vacciner et tester, sans changer le cadre actuel, pour l’instant. Le port du masque en extérieur, en revanche, redevient obligatoire.

L a menace du variant Omicron semblait chaque jour un peu plus palpable. Cette souche du Covid-19 connaît une progression fulgurante en Europe et des cas sont désormais recensés tout autour de nous, en Australie, au Japon, en Nouvelle- Zélande, en Polynésie française et à Fidji. Mardi, les tests effectués sur deux cas positifs arrivant de Sydney pour l’un, et de Métropole via Tokyo pour l’autre, ne présentent pas les caractéristiques du variant Delta. Ils seront envoyés en Métropole pour un séquençage de confirmation mais, comme l’a souligné sans ambages le Dr Sylvie Laumond, de la Dass, « vu qu’en ce moment, on a ces deux virus qui circulent, il ne faut pas se voiler la face, si ce n’est pas l’un, c’est l’autre ».

Une soixantaine de cas contact ont déjà été identifiés, isolés à leur domicile et testés. L’enquête épidémiologique se poursuit. Les deux malades (tous deux vaccinés) ne présentent pas de symptômes inquiétants.

Quatre fois plus contagieux

« Le variant Delta était déjà plus contagieux que le variant classique Alpha et le variant Omicron est quatre fois plus contagieux que le variant Delta, prévient le Dr Laumond. Il a également été observé que les délais d’incubation étaient encore plus courts. On avait déjà remarqué qu’on avait des délais de deux à trois jours en septembre. Pour Omicron, on a l’impression que c’est beaucoup plus rapide, que le nombre de cas double d’un jour à l’autre. » Omicron a déjà supplanté le Delta au Royaume Uni et représente 20 % des cas positifs en Métropole.

Pour pouvoir détecter précocement les cas et leurs contacts, isoler les malades et limiter la progression de la maladie, le gouvernement a immédiatement pris la décision d’étendre du 31 décembre au 31 janvier, au moins, l’accès au dépistage gratuit par les tests antigéniques (réalisés en pharmacie ou chez les professionnels de santé) et les tests PCR pour les personnes qui ont un test antigénique positif ou qui reviennent de zones à risques. Les Calédoniens sont encouragés à se faire tester à la moindre suspicion de contamination ou par mesure de précaution, avant un rassemblement familial (une heure avant). Les autotests sont vendus en pharmacie par boîtes de cinq par exemple.

Vigilance durant les fêtes

Alors que l’on s’apprête à célébrer Noël puis le nouvel An, les autorités en appellent à la responsabilité de chacun. « C’est un tournant par rapport à ce que nous avons vécu. Nous avons besoin d’un effort supplémentaire de la population », souligne le président du gouvernement, Louis Mapou, qui avait choisi d’assouplir certaines mesures (jauges, protocoles, couvre-feu etc.) lundi pour marquer quelque part le civisme des Calédoniens ces quatre derniers mois et en raison des indicateurs positifs. Pour l’instant, ce cadre ne change pas. « Il faut notamment considérer qu’en septembre, seuls 20 % de la population était vaccinés et que cette part est aujourd’hui à près de 80 %. »

En revanche, le port du masque est de nouveau à porter en extérieur comme en intérieur pour toute personne de 11 ans et plus. Chacun est aussi invité à conserver ou reprendre les gestes barrière, les mesures d’hygiène et la distanciation. Louis Mapou a également demandé, au nom de son gouvernement, que les gens fassent effectivement leur dose de rappel ou leur première dose pour les non-vaccinés ou leur deuxième le cas échéant. « C’est le seul rempart dont nous disposons aujourd’hui », répète-t-il. Les dernières données scientifiques montrent que la dose de rappel est un plus pour éviter les formes graves de la maladie. Par ailleurs, elle devient indispensable pour conserver un pass sanitaire valide (lire p. 2).

Surveillance étroite

Avant l’arrivée d’Omicron, le gouvernement avait déjà renforcé le contrôle sanitaire aux frontières avec des tests PCR supplémentaires à effectuer à l’arrivée pour les personnes provenant d’un pays à risque ou symptomatiques (24 heures, puis après l’isolement de sept jours). Il est demandé aux arrivants de « respecter scrupuleusement » cet isolement conformément à leur déclaration sur l’honneur, le temps de voir comment ce dispositif va évoluer. Des discussions sont en cours à ce sujet avec le haut-commissariat.

Les trois indicateurs de la crise restent sous étroite surveillance : le taux d’incidence, qui a refranchi la barre des 50 cas pour 100 000 habitants, le taux d’occupation du service de réanimation (6 personnes) et la couverture vaccinale.

Le gouvernement et la direction des opérations étudient l’opportunité de réviser les mesures en vigueur en fonction de l’évolution de la situation « avec éventuellement un retour à des mesures beaucoup plus contraignantes ». Louis Mapou prévient : « On n’est pas sortis de l’auberge, loin de là. Le premier trimestre s’annonce compliqué. C’est une nouvelle bataille. On peut la mener, mais il faut que chacun y mette du sien. »

 


Point sanitaire : un taux d’incidence à 55

Aucun nouveau décès n’est à déplorer depuis le 8 décembre, soit 280 au total depuis le 9 septembre. 31 nouveaux cas positifs ont été confirmés, ce qui porte le nombre total de cas à 12 565 depuis le 6 septembre. Le nombre de cas actifs, lui, est de 184. Et 12 101 personnes sont considérées comme guéries.

Le taux d’incidence cumulé sur 7 jours glissants marque un léger rebond et repasse au-dessus de la barre des 50, à 55 pour 100 000 habitants.

Concernant la vaccination, depuis le début de la campagne, 182 768 personnes ont reçu au moins une dose, soit 78,98 % de la population vaccinable et 67,44 % de la population totale, 173 626 personnes ont reçu deux doses de vaccin et 29 764 personnes une dose de rappel.

À ce stade, 75,03 % de la population vaccinable, soit 64,07 % de la population totale ont un schéma vaccinal complet.

 

Chloé Maingourd (© C.M.)