Obligation vaccinale : la date du 31 octobre sera reportée

À la suite de la table ronde sociale organisée ce matin à la CPS pendant plus de 4 heures en présence de membres du gouvernement, de représentants du monde économique, de syndicats de salariés, du Sénat coutumier mais aussi du groupe d’experts et des établissements de santé, il a été décidé de reporter la date d’entrée en vigueur de l’obligation vaccinale pour les secteurs sensibles. Des discussions doivent être menées dans les jours à venir.

 

C’est un bon outil qui « a porté ses fruits en incitant à la vaccination », indique Louis Mapou, mais il doit évoluer. « On doit adapter les mesures prises dans un contexte Covid-Free. » Le président du gouvernement a insisté sur l’aspect provisoire de ces outils de protection avec lesquels il va pourtant falloir faire avec. Cependant, au vu des divisions que créent ces dispositifs, ils vont être revus. « Il faut réfléchir à quel avenir on peut leur donner. La date du 31 octobre pose des difficultés et la délibération génère des tensions au point de mettre en cause la cohésion interne dans certaines entreprises. Le pass est moins coercitif mais génère des incompréhensions. Pourtant, il va s’imposer davantage à nous pour tout, travailler, échanger et voyager, comme le prévoient tous les pays du Pacifique. »

« On n’est pas sorti de la crise »

Conséquence, il a été décidé, dans un premier temps, le report de la date du 31 octobre, peut-être au 31 décembre. La question des secteurs sensibles sera d’abord évoquée, puis celle de l’obligation généralisée qui n’est, pour l’instant, pas remise en cause. « Ce n’est peut-être pas le meilleur outil, mais il a une utilité parce qu’il répond à un besoin », estime Louis Mapou. Les discussions doivent se poursuivre à ce sujet. « On entre dans une période de consultations pendant quelques jours, puis le gouvernement fera des propositions », annonce Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge notamment du dialogue social. En corolaire, le pass sanitaire, dont l’objet est de permettre l’accès des activités, doit être élargit.

Louis Mapou prévient. Si un texte doit être proposé au Congrès afin de précise l’organisation de ce report, qui va donner une souplesse, « il ne faut pas redonner l’impression que c’est reparti, parce que s’il y a un rebond, je vous le dit tout de suite, c’est confinement strict. Il faut rester concentré et mobilisé pour vacciner la population d’ici la fin de l’année, cela reste le fil rouge à retenir, on n’est pas sorti de la crise. »

 


Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge du dialogue social

« Le pass n’a pas pour but de durer »

« C’est la première fois que les forces vives calédoniennes ont pu se retrouver pour discuter de l’obligation vaccinale et du pass sanitaire. Il y a un consensus sur l’élargissement des secteurs du pass sanitaire et sur un report de la date du 31 octobre, parce qu’on a bien vu que des sociétés ne pourraient plus fonctionner à partir du 31 octobre si on ne décalait pas la date. Aujourd’hui, c’est une première étape d’un travail avec les partenaires sociaux qui doit se poursuivre pour proposer un projet de texte très rapidement sur l’évolution de ces mesures. On définira avec les élus du Congrès à quelle échéance on remet ce report. Concernant le pass sanitaire, on élargit les secteurs dès lundi, et plus tard, ce sera les bars, les discothèques, etc. De manière transitoire, parce que le pass n’a pas pour but de durer, mais bien d’encourager la vaccination. Notre but est d’atteindre les 85 % et quand ils seront atteints, d’autres questions se poseront. On craint toujours un rebond de l’épidémie, c’est ce qu’il s’est passé dans plusieurs pays dans le monde. On a de bonnes tendances, mais quand on voit certains regroupements sans masque sur les plages, il y a un vrai risque. »

 


Milakulo Tukumuli, président de l’Éveil océanien

« C’est un message fort qu’on envoie à la population »

« Nous avons déposé un texte pour reporter l’obligation vaccinale lundi au Congrès et dire quand on s’arrête, c’est-à-dire à 85 % de vaccinés. C’est important qu’on arrive à dire dans quel but on fait cela et quand est-ce qu’on va en sortir. On va l’examiner le plus rapidement possible, on va avoir une réunion avec le monde politique pour trouver un consensus sur le sujet. Notre objectif, c’est être contre la maladie. Il reste un certain nombre de personnes à vacciner, il faut aller faire de la pédagogie. C’est l’image que je retiens de cette matinée, que les acteurs politiques et sociaux sont tous d’accord sur une chose. C’est important, c’est un message fort qu’on envoie à la population. Je m’adresse à ceux qui essaient de faire échouer les choses, notre objectif c’est simplement de sauver la population, il n’y a pas d’arrière-pensées. »

 


Mimsy Daly, présidente du Medef

« Nous attendons des réponses »

« On peut se satisfaire que ces débats aient lieu et que des solutions soient trouvées de façon la plus concertée possible. Nous attendons la directive du gouvernement qui a, je pense, pris la mesure de la nécessité de traiter ces sujets rapidement. Cela crée une tension parce qu’il y a de la peur par rapport à l’emploi et à la perte potentielle d’emploi, qui est un vrai risque, quelque soit le dispositif retenu, donc il faut clarifier ces points-là, et puis entre vaccinés et non vaccinés, ça pose des problèmes. Le CHT notamment, a apporté un témoignage assez poignant sur les crispations que cela peut créer. Il y a des salariés qui ont fait le choix, dans l’intérêt général, de se faire vacciner, et ils ont besoin d’être reconnus. On a obtenu que les préoccupations des entrepreneurs aient été entendues, donc les travaux démarrent, on a fait un inventaire assez exhaustif des problématiques posées. Nous sommes assez confiants que des réponses vont être apportées dans le mois à ces questions. »

 


André Forest, président de l’USTKE

« Relâcher un peu la pression »

« La question de l’obligation vaccinale divise beaucoup, donc la solution qui a été prise de reporter est une bonne chose pour assouplir un peu les choses, que le climat redevienne moins anxiogène et éviter une crise sociale. On a déjà déposé des préavis dans les secteurs concernés, comme l’aérien, les questions de licenciement se posaient là, au 1er novembre. Ce travail au niveau du Congrès va permettre de relâcher un peu la pression. Autant que le pass sanitaire se substitue à l’obligation vaccinale. On est favorable au pass parce que c’est quelque chose qui va détendre un peu les relations et faire cohabiter les catégories, gens vaccinés et non vaccinés. Et par la pédagogie, il faut arriver à terme à la vaccination et que le pays atteigne son immunité sanitaire collective. »

 


Une manifestation contre l’obligation vaccinale et le pass

En face de la CPS, où se tenait la table ronde sociale, des manifestants menés notamment par Réinfo Covid, protestaient contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. Ils demandent toujours l’annulation de l’obligation vaccinale et du pass sanitaire ; la transparence des données de pharmacovigilance ; un espace d’expression dans les médias ; la mise en place des traitements précoces, etc. Gaëlle Wery, une des porte-parole du mouvement aimerait que soit abordé aussi le cas des jeunes mamans et des femmes enceintes ou encore « des personnes âgées ou en longue maladie qui reçoivent des courriers pour se faire vacciner sous peine d’amende ». Réinfo Covid a demandé à participer à la table ronde, sans succès.

 

Anne-Claire Pophillat (© A.-C.P.)