Objectif : 120 000 touristes en 2016

En période d’inquiétude économique notamment liée au nickel, les regards sont plus attentifs à ce qu’il se passe dans les autres secteurs d’activité. Et, parmi ces secteurs, il en est un qui se porte particulièrement bien : le tourisme. Au terme d’une année record, institutions et professionnels ont fait le bilan et présenté les perspectives de développement.

L’Isee l’a annoncé en février, 2015 a été une année record avec 114 000 touristes débarqués à La Tontouta, une fréquentation qui enregistre une croissance honorable de 6,3 % par rapport à 2014. « C’est la fin d’une relative stagnation. Il y a dix ans, on dépassait à peine les 100 000 touristes », s’est félicité le président de la province Sud, Philippe Michel, entouré la semaine dernière des représentants des autres provinces et des acteurs du tourisme. Autre bonne nouvelle, on enregistre une belle remontée de la fréquentation australienne (+16 % / 21 000 touristes) et néo-zélandaise (+ 25 %/8 500), cibles privilégiées par la Calédonie de par leur proximité, même si la métropole reste le premier pourvoyeur de visiteurs. À vrai dire, les Australiens sont désormais aussi nombreux que les Japonais. Un touriste dépensant en moyenne 200 000 CFP (34 % aérien-28 % hébergement), c’est un total de 23,4 milliards de CFP de devises qui a été directement injecté dans l’économie calédonienne.
Et il s’agit de plus importante source d’exportation après le nickel.

Paquebots

Les croisiéristes, qui dépensent en moyenne 4 600 CFP sur place, généralement dans les excursions, permettent d’ajouter 2 milliards de CFP à ce chiffre. Mais évidemment, ils explosent les chiffres en termes de fréquentation : 440 000 personnes ont ainsi posé le pied chez nous en 2015, en croissance de 5,3 % par rapport à 2014. Nouméa reste la porte d’entrée pour ces voyageurs (357 500 personnes), l’île des Pins est toujours privilégiée hors Grande Terre (220 400), mais Lifou et surtout Maré progressent rapidement ayant accueilli respectivement 213 000 et 154 500 croisiéristes l’année dernière. Cela fait beaucoup de monde et « c’est important pour la destination sachant que l’on estime que 50 % d’entre eux reviennent dans les destinations découvertes par ce biais », a précisé Martine Lagneau, vice-présidente de la province Sud en charge du tourisme.

Mutation

Dans le contexte actuel ces chiffres représentent une source d’espoir pour le futur. À l’heure où l’emploi est en baisse, le secteur en génère pas moins de 5 500. (Rien qu’à Bourail, les développements récents représentent 200 créations d’emplois). Les analyses démontrent par ailleurs que désormais plus de trois-quarts de nos touristes viennent ici pour des vacances. Une vraie mutation du tourisme affinitaire vers le tourisme d’agrément qui ne s’est pas opérée seule, souligne Martine Lagneau. « La nouvelle approche du développement touristique, qui rassemble l’ensemble des acteurs du secteur – publics et privés – sur des actions et des cibles définies pour la destination Nouvelle-Calédonie, porte ses fruits ».

Depuis fin 2013, des « contrats de destination » ont été élaborés par les trois GIE sous l’égide du gouvernement pour développer notre attractivité en Australie, en Nouvelle-Zélande. Ils ont permis de promouvoir, sur un budget annuel d’environ 600 millions de francs, une image unique à l’international (« Pacifique au cœur »), d’engager des actions de promotion avec de nouveaux partenaires de distribution, de présenter des « packages compétitifs », de faire venir des tour-opérateurs, des journalistes, de travailler sur l’aérien avec notamment l’ouverture de la ligne vers Melbourne en avril 2014, de réserver des sièges pour accompagner le développement touristique.

Projets structurants

Pour développer et s’adapter au tourisme d’agrément, les produits ont été améliorés. L’offre d’hébergement a considérablement changé avec la réouverture du Château Royal, la rénovation de la résidence La Promenade et l’arrivée de la marque Hilton, les rénovations entreprises au Méridien de Nouméa et de celui de l’île des Pins, la réouverture de l’hôtel Beaurivage, l’ouverture de l’hôtel de Poé, du Betikure et évidemment, du Sheraton Deva, à Bourail.

Dans le Nord, des rénovations ont été engagées dans les hôtels Malabou, Koulnoué Village et Tiéti. Et la province se penche sur la diversification des activités. Aux Loyauté, le Paradis d’Ouvéa et le gîte Beautemps-Beaupré ont été remis à neuf et un travail de classement des 25 structures d’accueil et cinq hôtels est mené en partenariat avec la CCI pour avoir des « produits normés » en termes d’hygiène, de sécurité. Pour les croisiéristes, le ponton de Tadine à Maré a été refait et le warf de Wadrilla, à Ouvéa, sera prêt en fin d’année. Prochains grands projets annoncés à l’échelle du territoire : des travaux au Nengone village, au Drehu village. Et évidemment l’ouverture annoncée en 2017 du Hilton Wadra Bay de Lifou, un projet de 3,4 milliards de francs. Au total, le développement du parc hôtelier en Nouvelle-Calédonie représenterait, sur la période 2010 à 2020, 20 milliards de francs environ, selon Philippe Michel.

« Aujourd’hui , puisque trois-quarts de nos touristes viennent ici en vacances, cela suppose que les produits s’adaptent encore, a commenté Dominique Michaud, directeur des hôtels Starwood en Calédonie. Cela implique l’homogénéisation des conforts, le maillage à travers le territoire, la structuration des activités… qui permettent d’allonger la durée des séjours et la présentation de packages de plus en plus flexibles ». La bonne nouvelle, c’est que plus les chiffres de fréquentation augmentent, plus la Nouvelle-Calédonie attire l’attention des tour-opérateurs… et donc des touristes.

Ateliers 

Toutes ces idées sont actuellement évoquées à l’occasion des ateliers du tourisme lancés en novembre 2015 et actuellement en phase finale. L’objectif, on le sait, est de réactualiser la stratégie touristique du territoire dressée en 2005.

Et il y a fort à à faire car la situation n’est peut-être pas aussi rose que veulent le laisser entendre ceux qui sont aux manettes. Des choses ont été faites, mais de nombreux obstacles persistent encore pour réellement développer le tourisme en Nouvelle-Calédonie. Les hôteliers font face à des difficultés et leur situation comme celle des restaurateurs est toujours plus que compliquée. Un manque de cohérence est toujours relevé dans la stratégie. (Ainsi le montant des investissements réalisés en cinq ans est à attribuer en grande partie à Deva, un établissement qui n’augmente pas drastiquement la capacité et qui aura surtout du mal à se rentabiliser en ayant tout de même accaparé une part importante des fonds publics de la défiscalisation).

Renforcer les actions

La synthèse des travaux et la présentation des grands axes de développement sont prévues pour le mois de mai. Mais déjà de grandes pistes se dessinent et l’ambition est d’atteindre 120 000 touristes hors croisières en 2016.

Un contrat de destination doit être mis en place pour le Japon et la Nouvelle-Calédonie sera prochainement représentée par l’agence spécialisée « Connect Worldwide » à l’instar de la filiale de l’Entire Travel Connection (ETC) « New Caledonia Travel Connection » dédiée à la vente de nos produits en Australie. « Aircalin nourrit pour cette destination l’espoir d’un vol quotidien ou en tout cas l’augmentation des fréquences dès cette année », a souligné le directeur de la compagnie Didier Tapero.

Une analyse du potentiel du marché touristique chinois va être engagée et le travail sur les visas, qui doit nous procurer le statut de « destination touristique agréée », devrait porter ses fruits. Les marchés européens sont également visés, en particulier l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne et l’Italie. La Nouvelle-Calédonie a par ailleurs réintégré la South Pacific Tourism Organisation (SPTO) qui permet de mutualiser la présence dans les salons internationaux.

Enfin, les acteurs misent sur une stratégie digitale avec un nouveau site dédié au tourisme wwww.newcaledonia.travel, présenté comme « un vrai manuel de vente », le développement de Google Street View sur le territoire et le lancement d’un nouveau site, également pour Aircalin, support d’une nouvelle stratégie marketing en ligne.

C.M.