Numérique : l’exemple de l’Estonie

La Chambre de commerce et d’industrie a profité de la tenue de l’événement Diginova pour faire venir Siret Schutting, la directrice marketing et communication de Cybernetica. Cette société estonienne est spécialisée dans les solutions numériques dans un pays qui est un modèle de la transition numérique. Elle doit rencontrer un grand nombre d’acteurs institutionnels calédoniens.

Créer son entreprise en quelques heures ? C’est possible. Tout comme de centraliser toutes ses informations médicales et plus généralement proposer l’ensemble des formalités administratives en version numérique. Dit comme ça, l’idée peut paraître un peu saugrenue, la Calédonie n’étant pas forcément un modèle en matière de développement du numérique. Mais la Chambre de commerce et d’industrie y croit, à l’instar des entreprises, OPT en tête, et des collectivités qui voient le numérique comme un outil de développement économique et de simplification des procédures.

C’est la raison pour laquelle la CCI a fait venir Siret Schutting, la directrice marketing et communication de Cybernetica. Avant d’occuper ses fonctions au sein de cette société privée, la jeune femme était employée par le gouvernement et était en charge du showroom destiné à montrer le fonctionnement de la carte d’identité estonienne qui sert à tout. « L’État gagne de l’argent en exportant son modèle », s’est amusé Stéphane Yoteau, un élu de la CCI, ironisant sur l’administration française qui ne jouit pas forcément d’une bonne réputation.

Ces dernières années, la simplification administrative est devenue un enjeu pour les entreprises et la CCI travaille sur la question. Elle a notamment organisé les Assises de la simplification administrative, en partenariat avec le gouvernement, la province Sud et le Cese, en mars dernier. La Chambre y avait déjà présenté le modèle estonien qui, il y a une vingtaine d’années, a décidé de s’engager dans la voie du numérique. Selon la directrice marketing et communication, la base pour la transition numérique passe par un changement de mentalité et le développement de la confiance des usagers envers le système. Un dernier point particulièrement important qui permet aujourd’hui aux Estoniens d’être véritablement les propriétaires de leurs données qu’ils choisissent ou non de communiquer.

Pour en arriver là, le gouvernement a impulsé une véritable dynamique qui s’est notamment traduite par des investissements massifs dans l’éducation et la sensibilisation des personnes au numérique. Des investissements dans les infrastructures et les savoirs technologiques ont également été nécessaires. Le parlement aura également adopté une loi pour reconnaître l’accès à internet comme un droit constitutionnel. De la même façon, le droit prévoit que l’administration ne peut demander une information qu’une seule et unique fois. Après 20 ans, Siret Schutting estime que le pari est réussi. Presque tout est aujourd’hui numérique en Estonie même si l’État continue de proposer des guichets physiques. La carte d’identité, qui se présente sous la forme d’une carte de crédit avec une photo, sert de permis de conduire, permet d’accéder à son dossier médical, de voter… Pour faire simple, 99 % des démarches administratives peuvent être faites numériquement et quasiment toute la population a accès à internet et notamment la 4G qui coûte entre 4 et 5 euros par mois, soit entre 480 et 600 francs.

Les économies affichées sont plutôt alléchantes. Chaque année, les Estoniens économisent l’équivalent de cinq jours de démarches administratives. Au niveau du pays, le gouvernement estime que les économies représentent près de 2 % du PIB. Siret Schutting va profiter de sa présence en Nouvelle-Calédonie pour rencontrer des responsables des administrations, notamment de la santé où le numérique pourrait être une source d’économies importantes, mais aussi politiques.

M.D.