« Nous souhaitons que les polémiques cessent »

Alors que la campagne de vaccination piétine, le Dr Thierry de Greslan a regretté les controverses tout en appelant les Calédoniens à faire preuve de solidarité.

Seulement 15 000 doses utilisées la semaine dernière, 6 600 depuis le début de cette semaine. On est loin des 40 000 doses hebdomadaires et 5 700 par jour que les spécialistes recommandent pour espérer sortir de la crise en fin d’année. Le taux de vaccination en schéma complet est de 31,47 %, ce qui est clairement insuffisant, 53 % en première dose sachant qu’une deuxième dose est absolument indispensable avec Pfizer. « Le faible taux de vaccination entretient le nombre de cas graves, a expliqué le Dr de Greslan. Il y a 20 % de formes graves et avec séquelles sur cette maladie. Dans notre entourage, nous connaissons tous quelqu’un qui pourra faire une forme grave. Et le vaccin est la seule solution que nous avons. »

Une « épidémie de non-vaccinés »

La réalité est la suivante : 93,3 % des défunts n’avaient pas une couverture vaccinale complète. La réanimation est occupée par 57 personnes non vaccinées, sauf deux qui devaient faire un rappel. Près de 86 % des 7 000 cas de Covid détectés sur le territoire n’étaient pas non plus concernés par un schéma vaccinal complet. La Nouvelle- Calédonie vit donc effectivement une « épidémie de non-vaccinés » pour reprendre l’expression devenue chère au ministre des Outre-mer, qui a sous sa tutelle des territoires où la vaccination, décidément, ne prend pas et ne permet pas d’éviter les ravages.

Et la société se déchire. On entend la colère des soignants, la colère des vaccinés, des non-vaccinés, des patients qui réclament des traitements qui ne fonctionnent pas.

Solidarité

Pour toutes ces raisons, le représentant du CHT a demandé aux Calédoniens de réfléchir à l’impact que ce vaccin peut avoir en termes de protection et souhaité « que les polémiques cessent ». « Quel intérêt aurions-nous à mentir, à ne pas prescrire un médicament qui fonctionnerait, à brimer nos collègues ?, a-t-il interrogé. Dans un moment comme celui-là, nous ne devons pas faire preuve de colère ou d’agressivité, mais de courage et de solidarité. Même si nous ne sommes pas d’accord entre nous, il faut aider tout le monde. » Un travail doit être effectué au Médipôle pour tenter d’apaiser les tensions à ce sujet. Et les autorités se tournent vers le pass sanitaire puisque visiblement le confinement permet à une majorité de personnes de penser qu’elles n’ont pas besoin d’être vaccinées pour être protégées.


Le vaccin Janssen aussitôt critiqué

L’État a annoncé l’arrivée de 2 000 doses du vaccin Janssen cette semaine. Lors de la mise en œuvre de l’obligation vaccinale sur le territoire, les élus avaient demandé que l’on puisse étendre l’offre pour les Calédoniens réticents à la technique à ARN messager. On estime que 20 % de la population de Nouméa était prête à se faire vacciner avec un autre vaccin. En tout cas, sur les réseaux, dans certains groupes de parole mobilisés contre l’obligation vaccinale, cette proposition a immédiatement fait l’objet de critiques en tous genres.

 

Chloé Maingourd (© C.M.)