Après un changement d’équipage qui aurait pu mettre un terme à ses ambitions olympiques fin 2021, la licenciée du Catamaran club de Nouméa a su rebondir aux côtés de Billy Besson, barreur d’expérience. Elle espère décrocher sa qualification lors d’une régate capitale début avril, en Espagne.
Une discrète ascension
Formée au Catamaran club de Nouméa, Noa Ancian a rapidement décroché une médaille de bronze en Laser par équipes aux Jeux du Pacifique en 2015, à l’âge de 18 ans. L’année suivante, elle a remporté le titre de championne du monde jeunes en Hobie Cat 16 aux côtés d’Auxence Thomas, juste avant de partir en Métropole pour ses études. Passée par Chambéry puis par Marseille, elle fait actuellement partie du pôle France de la Grande-Motte, près de Montpellier. Noa Ancian a effectué ses débuts en Nacra 17, discipline olympique, avec Lucas Chatonnier.
Les deux Calédoniens ont obtenu une 8e place aux championnats d’Europe 2017. Les saisons suivantes, Noa a formé un nouvel équipage avec Tim Mourniac. Mais trois mois avant les championnats du monde 2021, une blessure l’immobilise pour trois mois et la contraint à céder sa place à Lou Berthomieu.
Billy Besson, un quadruple champion du monde à ses côtés
« Fin 2021, je n’ai plus d’équipage. J’ai Paris 2024 en tête, mais j’hésite à continuer, raconte Noa Ancian. Et puis je croise la route de Billy Besson. » Quadruple champion du monde en Nacra 17, le barreur est alors dans une situation similaire. « Il hésitait à repartir. On s’est dit que c’était le moment de tenter quelque chose. »
Noa est rassurée par la longue expérience de la régate et du catamaran du natif de Papeete, âgé de 43 ans, 6e aux Jeux olympiques de Rio 2016, vaincu par cinq équipages concurrents mais surtout par une hernie discale aggravée. « Avec lui, je me suis sentie en confiance. C’est quand même un bateau dangereux, il y a beaucoup de blessés. » Le nouvel équipage a passé avec succès la phase d’adaptation. « Il faut apprendre à se connaître. Il avait beau être barreur depuis longtemps, moi être équipière depuis longtemps, il y a toujours une phase d’approche. Et là, ça commence à bien fonctionner. »
Sélection pour les Jeux : « ça va être sérré »
Les Jeux olympiques, pour Noa Ancian, c’est « un rêve ». « C’est la concrétisation d’une carrière, l’aboutissement de la vie d’un sportif. Et puis les Jeux sont à domicile, donc ce serait une expérience encore plus incroyable, ce serait complètement fou. »
Pour défendre les chances tricolores sur le plan d’eau de Marseille au mois d’août, il faudra remporter l’unique ticket que distribuera la Fédération française de voile. Et, situation très particulière, Noa tentera de l’obtenir aux dépens de son ancien coéquipier, Tim Mourniac. La concurrence est forte : au mois de novembre, Noa Ancian et Billy Besson ont terminé 9e des championnats d’Europe, juste derrière… Tim Mourniac et Lou Berthomieu, qu’ils battent régulièrement.
La place pour Marseille se jouera notamment lors d’une régate importante, au cours de la première semaine d’avril, à Majorque, en Espagne. Le comité de sélection annoncera sa décision quelques jours plus tard. « On va tout faire pour aller aux Jeux, mais ça va être serré… », constate Noa Ancian, qui n’a pas pour habitude de lâcher prise.
« Elle n’a jamais baissé les bras »
« Si Noa réalise ce parcours exemplaire, c’est parce qu’elle s’accroche, estime Véronique Forlacroix, présidente du Catamaran club de Nouméa. Même si elle a dû changer plusieurs fois d’équipage, elle n’a jamais arrêté de naviguer, elle n’a jamais baissé les bras. Noa, c’est quelqu’un qui en veut. »
Aujourd’hui encore, Noa Ancian reste licenciée du CCN. La présidente apprécie forcément. « Ça marque son attachement au club et au territoire et c’est important pour nous. On aimerait la soutenir bien plus que ça. Pour les jeunes du club, son parcours est un exemple. Même s’ils ne la connaissent pas personnellement, ils sont fiers d’elle. Avoir des modèles, c’est très important. Son parcours ne peut que donner envie aux jeunes Calédoniens de la suivre. »
Gilles Caprais
Matelot dans la Marine nationale
Depuis mai 2023, Noa Ancian est matelot sur le porte- hélicoptères amphibie Tonnerre. Son contrat avec l’armée lui permet de mener plus sereinement sa carrière sportive. « C’était une super opportunité. On est un sport amateur à matériel. La fédération fournit le bateau, qui coûte 40 000 euros [4,8 millions de francs, NDLR]. Mais le consommable, comme les voiles, il faut pouvoir le payer. Et puis ça apporte un statut social qui n’est
pas négligeable. »