Nidoïsh Naisseline s’est éteint

Le grand chef du district de Guahma à Maré est décédé mercredi après-midi à Rivière-Salée à l’âge de 69 ans. Il était malade depuis plusieurs années et avait récemment quitté l’hôpital, affaibli. La Calédonie rend hommage à cette figure emblématique. Un leader, un homme de consensus et un grand humaniste. 

Nidoïsh Naisseline aurait eu 70 ans le 27 juin. Originaire de la tribu de Nece dans le district de Guahma à Maré, il a succédé en 1973 à son père Henri Naisseline, Gaulliste et premier chef coutumier à avoir répondu à l’appel du Général. Auparavant, il fut l’un des premiers étudiants kanak formé en métropole. Et un étudiant très engagé. À Paris en effet, il s’est inscrit rapidement dans l’extrême gauche et fut très marqué par les évènements de mai 68.

Un an plus tard en 1969, il fut l’un des fondateurs du groupe étudiant indépendantiste kanak « les foulards rouges » à l’origine du « réveil kanak », des premières actions séparatistes du caillou, et de la création du Palika.

Après la scission d’avec le parti d’origine, Nidoïsh Naisseline créer finalement en 1981 le LKS, le parti de libération kanak socialiste qui prône la non-violence et une indépendance multiethnique, qui exclut la rupture avec la France.

À partir de là, le grand chef fait figure de marginal dans le monde indépendantiste. Il refuse d’intégrer le FLNKS, prône un drapeau commun, le dialogue entre les communautés, plaide pour davantage de philosophie … Figure incontournable de Maré, il s’impliquera finalement autant dans la vie coutumière que politique. Rappelons qu’il était signataire des accords de Matignon en 1988, élu depuis 1989 à l’assemblée de la province des Îles loyauté qu’il a présidé de 1995 à 1999, et au Congrès. Il occupera des postes à responsabilité à Aircal (du temps du conflit avec l’USTKE de Gérard Jodar) ou plus récemment à la Destination Iles Loyauté.

Lors d’un entretien, l’année dernière, Nidoïsh Naisseline s’était confié à DNC sur les affrontements d’août 2011 à Maré entre le collectif des usagers d’Aircal et des ressortissants de son district. Conflit qui l’avait profondément marqué et qui s’était soldé par la mort de quatre personnes dont son propre neveu. Il attendait toujours des explications sur cet épisode douloureux qui l’avait d’ailleurs convaincu de mettre un terme à sa carrière politique. « Je veux consacrer le temps qu’il me reste à savoir ce qu’il s’est passé » nous avait-il dit.

Réactions 

Les réactions ne se sont pas fait attendre. La ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin a salué avec respect « la mémoire d’un homme de convictions qui s’est distingué à plusieurs reprises par des positions humanistes très affirmées (…) d’un homme de dialogue défendant son idéal d’une Nouvelle-Calédonie multiethnique et multiculturelle et montrant son attachement à la promotion des femmes ».

À Paris également, Roch Wamytan a rendu hommage sur Outre-mer 1ere « au grand intellectuel (…) qui s’est toujours battu pour la dignité et la liberté de son peuple ». Pierre Frogier a dit qu’il manquerait à la Nouvelle-Calédonie et salué le fait qu’il s’était tenu à sa signature des Accords. Le président du Congrès Gaël Yanno a indiqué que celui qui « avait toujours refusé la violence (…) aurait apporté sa sagesse et son expérience » en 2018.

Le député Philippe Gomes a rappelé, toujours sur la chaîne du service public, son autorité naturelle, mais aussi « son rire, sa malice et son humanité ». Les messages affluent également par centaine sur les réseaux sociaux à l’heure où  nous bouclons cette édition …