Nickel et eau potable à l’île des pins, enfin des solutions ?

Le très sérieux problème de la qualité de l’eau potable à l’île des Pins, entre coupures et taux de nickel trop élevés, semble avoir trouvé un écho auprès des autorités sanitaires de la mairie et du gouvernement, qui promettent un vaste plan d’action.

Ce plan a été entériné lors d’une réunion tenue jeudi dernier, à la mairie de l’île des Pins, sous la présidence du sénateur et maire de la commune, Hilarion Vendegou, en présence d’une délégation du gouvernement. L’exécutif précise que des analyses successives ont montré que l’eau provenant des deux captages (Tokoin et Wetere) qui desservent la zone de Kuto, « présente de manière récurrente, des taux de nickel beaucoup trop élevés » (sans préciser cette teneur) « par rapport au seuil autorisé par l’OMS », établi dit-il à 70 mg par litre. Une situation qui trouve très probablement sa source dans « les incendies qui détruisent la couverture végétale et érodent les sols qui ne peuvent plus jouer leur rôle de filtration et de rétention d’eau », ajoute le gouvernement.

Alerte

Le problème ne date pas d’hier. En novembre dernier, l’association EPLP, elle-même alertée par des habitants de Kuto, réclamait des mesures d’urgence de remise en état du réseau d’eau potable à l’île des Pins. Elle pointait du doigt d’importantes fuites dans le réseau de distribution publique ayant pour conséquences des coupures fréquentes de l’alimentation des moyens et un entretien insuffisant. EPLP s’insurgeait de défauts dans le système de chloration susceptibles de conduire à des « contaminations bactériennes » et, « nous y voilà », à des taux « extrêmement élevés » de nickel dans l’eau du robinet notamment sur Kuto-Kanumera, zone touristique. Des bénévoles avaient procédé à des prélèvements et les résultats affichaient un taux de nickel de 621 microgrammes par litre soit plus de trente fois la norme de potabilité de l’OMS établie cette fois à 20 microgrammes par litre. L’association avertissait alors sur les dangers du nickel qui, absorbé, rappelait-elle, « s’accumule dans le foie, le cœur, les poumons, le tissu adipeux, le tissu nerveux périphérique et le cerveau » avec de nombreuses conséquences possibles sur la santé : une « toxicité pour la reproduction et le développement », la « dégénération des testicules », des « anomalies des spermatozoïdes », une « réduction de la croissance », une « augmentation des cancers de la vessie », « l’augmentation de la mortalité d’origine cérébrovasculaire et cardiaque » ou encore « l’aggravation des réactions allergiques »… EPLP de s’inquiéter plus particulièrement que cette eau du robinet, « impropre à la consommation », soit donnée aux bébés, aux jeunes enfants et aux groupes vulnérables.

Cuves et analyses

Depuis, donc, les autorités ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps. À court terme, le gouvernement propose d’isoler la zone de Kuto du reste du réseau de distribution et d’y déclarer l’eau impropre à la consommation. Autrement dit, les usagers de la zone desservie par les captages de Tokoin et Wetere « ne peuvent plus boire l’eau, ni l’utiliser pour cuisiner ». En revanche, son utilisation pour la toilette, les douches, le ménage, l’arrosage « ne pose aucune difficulté ». Pour pallier cette interdiction, il a été décidé d’installer provisoirement dans cette zone une douzaine de cuves, alimentées en eau potable quotidiennement par les services municipaux et la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques. Il a été acté, par ailleurs, que des analyses seront menées mensuellement, sur l’ensemble du réseau, à l’initiative de la mairie. Une nouvelle pompe devrait aussi être installée sur le captage de Kodjeue afin d’augmenter la capacité de pompage et de pouvoir desservir en partie la zone de Kuto. Rapidement, un travail de sensibilisation doit aussi être mené auprès de la population pour lutter contre les départs de feu et insister sur la nécessité de ne pas « gaspiller l’eau » À moyen et plus long termes, les autorités se sont engagées à rechercher de nouvelles ressources en eau (réactivation d’anciens captages, exploitation de nouvelles ressources, implantation de nouveaux forages…), de réparer les fuites pour optimiser le rendement (EPLP faisait état de pertes dans le sol de plus de 50 % de volume pompé à certains endroits), de mettre en place un plan de sécurité sanitaire des eaux (PSSE). Plus largement, il a été décidé d’approfondir les connaissances sur les conséquences sanitaires chez l’homme de la consommation d’eau chargée en nickel et de réaliser une étude sur « l’approche bio-géo-chimique de l’impact des feux dans les plantations de pinus sur les concentrations hors norme de nickel de certains captages ». Enfin, l’exécutif pense reboiser les zones impactées par les incendies, non pas avec le pinus mais avec des « espèces adaptées et non envahissantes » et végétaliser en particulier les bassins-versants impactés par le feu.

C.M