Néobus, un rêve qui devient réalité ?

Néobus est en passe de devenir une réalité. La meilleure preuve en est la signature d’une convention de prêt entre la Caisse des dépôts et consignation et le SMTU pour 9 milliards de francs. Si l’on n’est pas près de voir passer les bus à voie dédiée dans le centre-ville de Nouméa, certains chantiers sont déjà lancés et les premiers appels d’offres viennent d’être attribués. Le SMTU prépare également l’instauration d’un réseau unique sur toute l’agglomération. 

Le dernier rendez-vous qu’avait organisé le SMTU remontait au mois de septembre 2015, au moment du lancement de l’enquête d’utilité publique du projet. Cela ne contentera peut- être pas les sceptiques et les mécontents, mais cette enquête a débouché sur la déclaration officielle par le haut-commissaire de l’utilité publique du projet de la première ligne reliant le centre de Nouméa au Médipôle, le 7 janvier 2016. Plus récemment, ce sont les deux premiers appels d’offres représentant trois milliards de francs de travaux qui ont été attribués par la commission, le 16 février. Pour enfoncer le clou et faire taire les dernières rumeurs, le SMTU a organisé une conférence de presse afin de signer la proposition de prêt de la Caisse des dépôts et consignation au syndicat mixte, le mardi 1er mars, en présence du directeur du réseau CDC en personne, Marc Abadie. Avec ce prêt de 8,7 milliards de francs, celui qui devrait être prochainement accordé par l’AFD, les dotations de l’État et l’augmentation de la taxe sur les carburants, le SMTU boucle son plan de financement d’une vingtaine de milliards de francs.

Premiers marchés attribués

Un budget qui comprend les six kilomètres de la première ligne du Néobus mais pas seulement. L’enveloppe intègre également du matériel pour l’ensemble du futur réseau unique, à savoir des abribus, un système de billétique, de l’information passager moderne couplé avec un système GPS permettant de donner des horaires précis… Autant d’éléments constituant un réseau de transport moderne comme on peut en trouver un peu partout en Métropole ou chez nos voisins anglo-saxons. Les appels d’offres pour la billétique et le matériel roulant, autrement dit les bus, devraient être passés dans les semaines à venir et, si tout se passe comme prévu, le directeur du SMTU estime que l’on pourrait voir les premiers abribus dans le courant de l’année 2017.

En clair et comme l’ont résumé Marc Zeisel, le président du syndicat et Georges Naturel, le troisième vice-président du SMTU, il s’agit d’un véritable Big Bang dans le secteur des transports. Avant d’en arriver là, il reste toutefois à fusionner les trois réseaux existants, Carsud, Karuïa et le transport scolaire. Un travail qui n’est pas une mince affaire au vu de l’histoire du développement du transport en commun sur l’agglomération. Les responsables du syndicat travaillent activement sur le dossier afin d’éviter les conflits, en particulier avec les propriétaires du GIE Karuïa et afin d’éviter une rupture du service public entre deux contrats.

————————————

LE CHIFFRE

5 à 6%

C’est l’augmentation du nombre de voyageur sur le réseau Carsud chaque année. Les 50 bus transportent près de 9 000 personnes par jour.

————————————

Tarifs en baisse chez Carsud

Depuis le début de l’année chez Carsud, les prix ont été révisés à la baisse. Historiquement, le réseau suburbain comportait cinq zones. Ces zones ont été fusionnées afin de donner davantage de lisibilité aux voyageurs. Les communes de Dumbéa et du Mont- Dore représentent désormais une zone chacune. Le tarif le plus élevé, celui pour les deux nouvelles zones, est de 400 francs, soit une baisse de 30 %. Aucun chiffre ne l’atteste, mais les chauffeurs estiment que cette baisse des prix a engendré une hausse significative de la fréquentation. Pour le directeur du syndicat, Christophe Lefèvre, « cette baisse a attiré de nouveaux passagers, qui ne prenaient pas le bus faute de moyens financiers ».

On peut donc s’en féliciter tout en s’interrogeant sur le niveau des prix et l’obligation de service public des réseaux de transports en commun. Pour près de 10 % des usagers, les tarifs ont baissé de quelques milliers de francs en fonction de leurs usages et dans le meilleur des cas. Soit une baisse des recettes de 25 millions de francs sur les 400 millions annuelles. Comme le souligne Georges Naturel, maire de Dumbéa et troisième vice- président du SMTU, la baisse des tarifs est une demande forte et régulière de la population, notamment dans les quartiers populaires qui sont les premiers bénéficiaires de la baisse au travers de la fusion des zones.

Autre modification de taille chez Carsud : la gratuité sur l’ensemble du réseau pendant 1h30 avec un même billet. Un vrai plus pour les voyageurs qui permet d’importantes économies. Pour en bénéficier sur l’ensemble du réseau (notamment Carsud et Karuïa), car c’est l’objectif à terme, il faudra prendre son mal en patience et attendre la fusion des réseaux.

————————————

Lutter contre les incivilités

Les faits divers mettent régulièrement à l’honneur les transports en commun. Tirs de fusil, jets de pierres, coups de couteau ou, plus sobrement, insultes physiques ou verbales, tags… Les bus et les arrêts de bus sont de plus en plus régulièrement le théâtre d’incivilités. À plusieurs reprises ces dernières semaines, les chauffeurs de Carsud ont exercé leur droit de retrait. Un observatoire des incivilités a été mis en place en septembre 2015. Cet outil permet de
centraliser les incidents via un formulaire normalisé. La base de données est également accessible
aux forces de l’ordre et, à terme, offrira la possibilité de cartographier ces incivilités et de tenter d’y apporter des réponses. Si les services de l’État se sont engagés à mettre les moyens, il reste à proposer des choses concrètes en dehors des dispositifs déjà existants. Comme l’ont fait valoir les responsables du SMTU, des expériences sont déjà été menées comme le déploiement d’agents de proximité (emplois PPIC) à Païta. Ces initiatives ont produit relativement peu de résultats. Avec l’étalement urbain et donc du réseau de transport, les sites potentiellement sensibles vont également s’agrandir et deviendront donc de plus en plus difficiles à surveiller pour les forces de l’ordre. L’enjeu est pourtant de taille. Pour le SMTU, augmenter la plage horaire des rotations fait partie des priorités. Aujourd’hui, les derniers bus circulent à 20 heures au plus tard pour Karuïa et il est prévu de faire circuler le Néobus jusqu’à 21 heures, voire encore plus tard, ce qui sera difficile si l’augmentation des actes d’incivilités n’est pas contenue.

————————————

Déménagement Carré Rolland 

Afin d’améliorer les correspondances entre les lignes de Karuïa, les terminus sont centralisés place Rolland, en attendant que les travaux du projet de Carré Rolland ne débutent en fin d’année. Il faudra alors trouver une nouvelle solution. Il sera ensuite prévu d’utiliser ce futur nouveau terminus jusqu’à la mise en place du Néobus en 2019.

M.D.