Municipales : La campagne est lancée

AFP PHOTO JODY AMIET

Le 27 février, toutes les listes devront être déposées. Les candidatures commencent à s’accumuler, quatre communes retiennent particulièrement l’attention et les grandes tendances se dessinent dans les directives de campagne.

À quinze jours de la clôture du dépôt des listes, le premier constat que l’on peut dresser est que les candidats aux municipales ont mis du temps à se dévoiler. Est-ce par manque d’intérêt ou simplement le jeu de la stratégie ? Quoi qu’il en soit et avant de voir les composantes qui ont décidé de se lancer dans l’aventure, on peut faire une autre remarque par rapport aux programmes. À quelques exceptions, ils se ressemblent tous. Quelles que soient les communes, la vague des provinciales a fait son effet et les grands thèmes, qui ont permis aux majorités de glaner des sièges dans les institutions, se retrouvent dans les « catalogues » des actions municipales à venir.

Ainsi, la sécurité, le bien ou mieux vivre, l’environnement, le développement économique, l’aménagement, etc. font partie des grands sujets abordés par les différentes listes présentées. Notons tout de même que si les candidats non indépendantistes proposent des mesures concrètes en fonction des thèmes mis en avant, les listes indépendantistes préfèrent rester plus généralistes, laissant, cette année, la place à de grands discours ayant en toile de fond le deuxième référendum.

Dans le bain

Si l’on retrouve la présence des grands partis sur l’ensemble des communes, c’est aussi l’occasion pour les petites listes et autres nouveaux de pointer le bout de leur nez pour essayer de changer des détails de ce qui ne va pas ou de ce qui peut encore être amélioré, histoire d’exister et de tenter de se faire une place dans les prochains conseils municipaux. C’est ainsi que deux jeunes partis ont lancé leurs représentants dans la course, l’Éveil océanien et Générations NC.

Les deux composantes veulent surfer sur les résultats des dernières provinciales et tenter de se faire une meilleure place sur l’autel de la représentativité. Une présence qui, au passage, fait ressortir une certaine absence de candidats Calédonie ensemble cette année. Le parti souffre toujours de son cuisant échec de mai 2019 et les candidats, parfois effacés, ne se sont pas précipités dans la bagarre aux mairies. Peut-être que le parti de Philippe Gomès attend le dernier moment pour créer la surprise ?

Les gros morceaux

Au nombre de listes déjà annoncées, trois communes retiennent l’attention plus que d’autres. Nouméa, tout d’abord. La capitale suscite toujours un grand intérêt. On attendait la candidature de Sonia Lagarde, c’est chose faite. La maire sortante se représente et forte de son bilan, de l’expérience de ses habituels colistiers et de l’appui de l’Avenir en confiance, elle ne devrait pas avoir de mal à retrouver son fauteuil. Un fauteuil et des sièges au conseil qui suscitent des convoitises puisque, à ce jour, pas moins de cinq autres listes se sont présentées : Magali Manuohalalo (Calédonie ensemble), Veylma Faleo (l’Éveil océanien), Emmanuel Bérart (Générations NC), Chérifa Linossier (sans étiquette) et un retour des indépendantistes avec la liste d’union de Joseph Boanemoa (Union calédonienne).

Après Nouméa, les regards se tournent vers Païta où six listes sont en lice. Le maire sortant, Willy Gatuhau, part en grand favori, bénéficiant de l’appui d’une majorité d’élus de l’Avenir en confiance et de certains représentants du Rassemblement LR, même si le parti ne lui a pas accordé sa confiance en raison de ses démêlés avec la justice. Le Rassemblement, d’ailleurs, en profite pour présenter Béniéla Loree. Une autre tête de liste vient s’affronter au maire sortant en la personne du président de l’Éveil océanien, Milakulo Tukumuli. Ce dernier priorise les communautés wallisiennes et futuniennes, comme l’avait fait en son temps l’Union océanienne en 1989, et pourrait donc avoir du mal à attirer les autres communautés de la commune et d’en payer les conséquences. Willy Gatuhau, premier maire calédonien d’origine wallisienne, devrait ratisser plus large.  Trois autres listes se sont également jetées dans la course à Païta : Nicolas Fijalkowski (Générations NC), Marie-Irène Saipele pour « Païta en mouvement » et Louis Mapou (Palika) dans les rangs d’une liste d’union indépendantiste.

Une dernière commune suscite aussi un intérêt cette année : La Foa, où va se jouer une bataille d’honneur. Le fief de Philippe Gomès est attaqué directement par celui qu’il considère comme le « traître », Nicolas Metzdorf. Celui qui est parti de Calédonie ensemble avec Nina Julié est en train de tout mettre en œuvre pour prendre la place de Corine Voisin, la maire sortante qui ne se représente pas. Pour affronter le chef de file de Générations NC, Calédonie ensemble joue la carte de la continuité avec Marielle Cheval, adjointe au maire depuis dix-huit ans, qui connaît tous les dossiers de la commune. À La Foa, il faudra aussi compter sur Lionnel Brinon, déjà candidat lors des dernières municipales, qui profite du soutien de l’Avenir en confiance et indirectement de la province, un poids non négligeable pour les Lafoyens. Enfin, côté Éveil océanien, c’est Joseph Amole qui a été sollicité pour faire campagne.

Les autres communes

Concernant les autres villes et villages, si, pour la plupart, les listes se forment encore et les programmes avec, on peut dire que dans le Grand Nouméa, aucune difficulté ne semble transpirer pour les maires sortants. Ainsi, au Mont-Dore et à Dumbéa, Eddie Lecourieux et Georges Naturel battent le pavé avec, sous les bras, le bilan des actions qu’ils vont tenter de poursuivre s’ils sont réélus. On peut indiquer qu’au Mont-Dore, pour le moment, quatre autres listes se sont formées avec Patrick Laubreaux (Calédonie ensemble), Petelo Sao (l’Éveil océanien) et Nina Julié (Générations NC). Les indépendantistes comptent se lancer aussi dans la danse sous la bannière d’une liste unitaire menée par l’UC et Romuald Pidjot, tout comme à Dumbéa où Rachel Aucher est tête de liste.

Du côté de Bourail, la situation semble assez compliquée, du moins inédite. On sait déjà que l’Avenir en confiance mise sur un jeune candidat, David Ugolini, pour ses capacités, alors que Générations NC veut partir seul de son côté avec l’électron libre, Gyslène Dambreville. L’ex-conseillère avait fait parler d’elle lorsqu’elle a quitté le conseil municipal sous la mandature Robelin. Si d’autres listes sont en attente de dépôt, on ose imaginer la constitution du futur conseil municipal. En revanche, on se doute que des tractations vont bon train entre les leaders de l’Avenir en confiance et de Générations NC pour s’échanger sur la table les cartes Bourail et La Foa. Mais il semblerait que certains comités locaux ne veuillent en faire qu’à leur tête.

Un tremplin pour le FLNKS

Pour les indépendantistes, le message est clair. À quelques mois du deuxième référendum, le 6 septembre, l’objectif de toutes les composantes du front est de faire le plus de voix possible aux municipales. Si ces municipales sont une question de représentativité au regard de l’État, elles doivent aussi servir de tremplin pour le prochain référendum. C’est dans cette perspective que la plupart des maires indépendantistes sortants vont se représenter. Dans le Grand Nouméa, ils ont constitué des listes unitaires autour du FLNKS de manière à récolter le plus de bulletins possible. Le but étant, au passage, de parvenir à mobiliser les abstentionnistes et les nouveaux électeurs pour les conserver le jour du deuxième référendum.

Si la carte de l’unité dans le camp indépendantiste est mise en avant afin d’avoir une chance d’être représenté dans les grandes communes, dans le camp non indépendantiste aussi : nul doute que des stratégies d’alliance le seront, du moins au second tour, surtout avec les représentants des nouveaux partis. Et si on a l’habitude d’entendre dire qu’aux municipales les électeurs choisissent plutôt un candidat qu’un parti politique, en Nouvelle- Calédonie, les deux étant fortement liés, on vote autrement.

D.P.

©DR, Afp archives