Mort aux rats dans la capitale

La commune de Nouméa mène « une lutte sans fin » contre les rongeurs afin de protéger la population du risque de leptospirose. Une équipe de la Direction des risques sanitaires (DRS) est missionnée pour poser des raticides sur la voie publique, dans les bâtiments de la ville, et traiter les signalements d’insalubrité, souvent source de prolifération.

Son nom apparaît sur la liste noire de la ville de Nouméa. Le rat, comme le moustique, fait partie des ennemis publics qu’il faut neutraliser. Le premier transmet la leptospirose. Le second est accusé, à raison, d’être vecteur d’arboviroses (dengue, chikungunya et Zika). Des criminels malgré eux qui nécessitent une surveillance accrue et des actions ciblées.

Le service de l’inspection de la salubrité publique, qui dépend de la DRS, veille à la santé et à la sécurité des habitants en faisant le nécessaire contre ces deux espèces indésirables. « On cible ceux qui ont une maladie transmissible à l’homme et qui mettent en danger la population. Une maison remplie de cafards ou autre, on va passer par le biais d’une inspection pour imposer au propriétaire de faire quelque chose, mais ce n’est pas nous qui allons traiter », explique Laurent Vignon, directeur de la DRS.

LES RUES PASSÉES AU PEIGNE FIN

Le service de l’inspection de la salubrité publique traque les rats dans les rues de la ville. Les agents déposent des raticides dans les regards de la voie publique. « Ils peuvent être grignotés en deux jours », indique un agent en soulevant la plaque d’égout et en plaçant l’appât rose. Ce poison lent va provoquer chez le rongeur une hémorragie interne. Comme il ne meurt pas instantanément, il va réussir à tromper ses congénères qui ne vont pas se douter une seule seconde de la dangerosité de leur casse-croûte. « Le rat est un animal intelligent, un premier va goûter pour les autres », indique Laurent Vignon.

L’an dernier, 915 regards ont été traités à Nouméa : autour des établissements scolaires, des garderies, des pensions de retraite, des installations sportives, mais aussi au niveau des zones touristiques et du centre-ville. « On a aussi installé 413 pièges dans les bâtiments administratifs et techniques, les cantines et les installations sportives. »

En matière de salubrité publique, le maire, par son pourvoir de police défini par l’article L 131-2 du code des communes de Nouvelle-Calédonie, doit prendre les mesures utiles pour prévenir par des précautions convenables et faire cesser les maladies épidémiques ou contagieuses.

Les agents interviennent également sur signalement via Allo ! Mairie. 173 alertes ont été reçues en 2022. « Si quelqu’un appelle la mairie pour signaler des rats, nous venons et nous essayons de comprendre pourquoi il y en a. S’il y a une insalubrité, on va inciter le propriétaire ou la collectivité à intervenir, à faire le nécessaire », expose Véronique Sarengat, cheffe du service de l’inspection de la salubrité publique. La municipalité mène une campagne de dératisation par trimestre. Un budget d’un peu plus de 2 millions de francs est consacré chaque année à l’achat de poison.

ÉLIMINER DES RONGEURS OUI, MAIS PAS QUE

Les agents sur le terrain ont aussi un rôle de sensibilisation. Lorsqu’ils passent chez les habitants, ils expliquent pourquoi il faut éviter de marcher pied nu dans son jardin. « Le leptospire va transpercer la peau de la personne qui a été légèrement affaiblie, soit par des microplaies, soit par l’humidité. On peut l’attraper sans avoir rencontré un rat ou une souris de sa vie, seulement parce qu’on a mis les pieds sur des urines », rappelle Laurent Vignon.

Pour éviter toute transmission de la maladie, la ville de Nouméa mène depuis de nombreuses années une « lutte sans fin ». Car éliminer les rats ne suffit pas à éradiquer le problème. Il faut détruire les facteurs qui favorisent leur développement : détritus, terrains embroussaillés, etc. « On a une action qui est efficace, mais à condition que chacun agisse. »

Edwige Blanchon

Photo : Une équipe de la Direction des risques sanitaires (DRS), le service de l’inspection de la salubrité publique, dépose des raticides dans des regards de la voie publique. / © E.B.