Mines : la déroute continue

L’année débute dans le rouge pour le nickel. Si le cours des valeurs fait des soubresauts, le groupe Eramet est toujours le plus touché en alignant les séances de recul. L’état de santé économique de la Chine ne laisse rien présager de bon pour le secteur et le pays, du moins pour quelque temps encore.

Si 2015 reste l’annus horribilis pour le nickel avec une chute de près de 48 % de sa valeur en un an, les premiers mois de 2016 pourraient ne rien laisser présager de bon. Les spécialistes sont unanimes, ils pensent que de toute manière les cours de la branche nickel sont descendus au plus bas, qu’ils vont finir par stagner et peut- être ensuite reprendre à condition qu’il y ait un rééquilibrage du marché. Les espoirs de reprise vont encore se faire attendre d’autant qu’actuellement tous les marchés financiers sont plus que jamais exposés au risque chinois – premier consommateur mondial de produits de base – qui bloque à lui seul la reprise du prix des matières premières, donc du nickel.

Les premières secousses

Deux indicateurs officiels publiés ce week- end risquent de conforter les tenants d’un ralentissement plus marqué de la Chine. Ces indicateurs montrent qu’à 1,6 %, l’inflation de la deuxième économie mondiale est ressortie très en dessous de l’objectif du gouvernement et que les prix de la production poursuivent leur glissade avec un recul de 5,9 %, soit le cinquième en quatre ans. Dans ce contexte, les avis sont unanimes pour dire que la Bourse chinoise va continuer de tanguer encore quelque temps. Les entreprises du secteur implantées en Nouvelle-Calédonie subissent ce premier épisode de 2016. Sur les marchés financiers après un soubresaut vendredi dernier, Eramet a cédé lundi 7,30 %, Vale 4,06 % alors que Glencore a vu réduire sa descente pour afficher -1,56 %. Eramet est donc le plus touché des producteurs calédoniens et aligne les séances en recul, le groupe, qui figurait déjà parmi les plus mauvais élèves du millésime 2015 de la Bourse de Paris.

Les annonces qui déstabilisent

Si l’économie mondiale est ainsi, les derniers comptes rendus des opérateurs calédoniens en décembre n’ont pas arrangé la situation locale. Les analystes se sont transformés en rapporteurs de la situation calédonienne indiquant qu’Eramet arrêtait sa production de mattes tout en augmentant sa production de ferronickel, que Glencore menaçait de se retirer de l’usine du Nord et que Vale aurait perdu 350 millions de dollars avec des prix de revient à 15 000 dollars la tonne, loin de la valeur actuelle qui oscille autour des 8 400 dollars. Ces données, qui risquent de déstabiliser l’économie locale, s’accompagnent de ce qu’appellent les partenaires sociaux et les petits mineurs « le deux poids, deux mesures » des membres de Calédonie ensemble et des indépendantistes du gouvernement – en attestent les autorisations d’exportation ou le cadeau fiscal à la SMSP – et qui mettent en évidence un problème de gouvernance.

Seuls nos voisins australiens font preuve d’un flegme bien anglo-saxon en avançant dans leurs journaux qu’il n’y a pas à tergiverser, que le cours des métaux et du nickel vont bien reprendre un jour, mais qu’il y aura de la casse. Pour le fonds d’investissement, le cabinet de consulting Carey Smith précise : « Certains opérateurs devront tout simplement fermer comme Glencore, qui se débarrassera du nickel calédonien tout aussi sûrement qu’il l’a fait pour le cuivre en Zambie. Sans état d’âme. »

C.S.