Après avoir remporté quatre titres mondiaux à Singapour, le nageur Maxime Grousset est venu passer quelques jours de vacances en Nouvelle-Calédonie. À l’occasion d’une cérémonie en son honneur, lundi 18 août, au Comité territorial olympique et sportif (CTOS), l’athlète a évoqué ses Mondiaux, son avenir professionnel et sportif, ainsi que ses liens avec son île natale.
QUADRUPLE CHAMPION
Dans une salle du CTOS, lundi 18 août, les curieux ont pu soupeser et admirer les quatre médailles flambant neuves : deux en or, une en argent et une en bronze. Maxime Grousset vient de les ramener des championnats du monde de natation 2025, qui se sont déroulés du 11 juillet au 3 août à Singapour.
Une collection qui fait oublier la déception des Jeux olympiques de Paris, où il a tout de même obtenu le bronze au relais 4 x 100 mètres 4 nages messieurs. « Je pensais être prêt pour les Jeux, mais finalement, je ne l’étais pas et je ne m’en suis pas rendu compte, a raconté l’athlète de 26 ans. Depuis, j’ai fait un gros travail psychologique et physique. J’ai enlevé des entraînements et j’ai rajouté des choses plus spécifiques au niveau de la musculation. C’est plus dans la tête que ça a joué. » Et quand on l’interroge sur sa technique, notamment son mouvement aérien, il plaisante : « Je suis le seul Cagou qui vole ».

LE PETIT ÉCART
Le Calédonien a hésité à délivrer une anecdote sur ses Mondiaux avant de balancer un secret presque honteux. « La veille de ma finale, je suis rentré assez tard, j’avais faim, et du coup je me suis commandé un petit McDo. Mais je ne l’ai pas dit à mon coach. Je l’ai dit après. » La pilule est passée, grâce à la médaille d’or.
SE RESSOURCER
Après les Mondiaux, Maxime Grousset est parti en vacances. Première destination : Bali. Une destination loin des bassins. « Je crois m’éloigner un petit peu de la natation, mais tous les jours, j’ai surfé et j’ai ramé comme un fou. Et j’avais mal aux bras, plus qu’en nageant », s’amuse le jeune vacancier. Étape suivante, la Nouvelle-Calédonie pour « reprendre de l’énergie, se ressourcer, revoir la famille ». Au programme : amis, famille, surf et pêche. « Revenir sur ses terres, ça fait toujours du bien. La dernière fois que je suis revenu en Nouvelle-Calédonie, l’année d’après, j’étais champion du monde. »
ENRACINÉ EN NOUVELLE-CALÉDONIE
Lorsqu’il est arrivé au CTOS, où il a reçu la médaille de la jeunesse, des sports et de l’engagement associatif ainsi que les trophées de l’athlète des mois de juin et de juillet, Maxime Grousset est apparu dans son costume local : tee-shirt, short et claquettes.
Parti à 17 ans dans l’Hexagone, le jeune nageur a connu l’éloignement. « La séparation avec l’île, c’est presque le plus dur. Les proches, on peut les avoir au téléphone. Ne pas ressentir l’air de la Nouvelle-Calédonie, la mer, c’est assez dur. Surtout qu’il a fait froid l’hiver et je n’étais pas préparé à ça. Je suis venu en claquettes-pull à Amiens. » Ce qui lui manque le plus ? « Les Tim Tam. J’en ai acheté huit à l’aéroport », répond-il spontanément, avant de se raviser : « En vrai, je pense que c’est la mer ». Puis d’ajouter ses parents et sa sœur.
LA FAMILLE GROUSSET
Avec ces vacances, la Nouvelle-Calédonie voit revenir son champion de natation. Mais c’est surtout le retour d’un fils et d’un frère. Avec sa compagne, Zoé, Maxime compte bien passer du temps avec ses amis, ses parents et sa sœur, Emma, connue comme Miss Nouvelle-Calédonie 2023. « On en profite comme n’importe quel parent qui retrouve son enfant, qu’il soit juste simple étudiant ou même champion du monde, estime Stéphane, son père. Je suis tout particulièrement fier de l’homme qu’il devient et des moyens qu’il s’est donnés pour devenir ce qu’il est. »
Le jeune homme insiste sur l’importance de son entourage dans sa carrière sportive « J’ai beaucoup de chance d’avoir une famille et une compagne qui me poussent. C’est tellement important d’avoir un cercle de famille et de proches qui te donnent envie de continuer. »
UN ÉTUDIANT AUSSI
En plus de ses entraînements et des compétitions, le Calédonien doit aussi gérer son agenda… d’étudiant. « Après trois années d’études en Staps, Maxime Grousset a débuté un cursus pour devenir kinésithérapeute à l’hôpital de Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne (Île-de-France). Des études qu’il mène aux côtés de son coéquipier en équipe de France, le dossiste Yohann Ndoye- Brouard », précise Le Figaro dans un article du 2 août.
Une situation parfois difficile à gérer. « Quand je rentre en France, j’ai des stages de kiné à faire, reconnaît-il. J’arrive à passer mes examens. Même si parfois, j’ai du mal à me mettre à réviser. Au final, j’arrive au rattrapage un peu ric-rac. Le problème, ce sont les stages. Les jours où mes copains étaient en repos, moi, j’étais au kiné. » Ce cursus lui permet d’imaginer un avenir au-delà du sport. « D’abord, j’aimerais finir mes études et construire un peu ce qu’il y a après. Il peut se passer beaucoup de choses. Mais je pense à revenir ici, c’est sûr. »

UNE CÉLÉBRITÉ À GÉRER
À force d’aligner les succès dans les bassins, Maxime a acquis une célébrité bien au-delà de la barrière de corail. « Il y avait beaucoup de sollicitations avant les Jeux. Même ma boulangère, mon boucher, dès que j’allais quelque part, on parlait des Jeux olympiques. On prend un poids sur les épaules qu’on n’a pas envie de porter vraiment. » Une notoriété qui conduit à des sollicitations fréquentes et parfois étouffantes.
Le retour sur son île natale fait office de bol d’air. « Les gens viennent, ils disent bonjour, bravo et c’est tout. Ils ont été super gentils et accueillants. On ne se casse pas la tête. » Une reconnaissance à laquelle il répond avec sa simplicité et sa spontanéité. Et si les Calédoniens souhaitent le voir, il y a les manifestations de ses partenaires, mais surtout « ils peuvent me voir partout : je vais me promener à la BD [baie des Citrons], je vais au café… »

YOGA
Lorsqu’il évoque sa préparation, le champion du monde aborde une technique peu attendue en natation : « Je fais beaucoup de yoga ». Après des années de travail sur la force et l’endurance, le jeune homme s’est concentré sur le relâchement. « J’ai beaucoup progressé sur le lâcher-prise et sur la fluidité ».
Une pratique qui remonte à quelques années, comme le précise L’Équipe, dans son édition du 29 juillet : « En 2018, le Néo-Calédonien s’est rendu, pour la première fois, dans l’atelier “Yoga et Performance” d’Armelle Cornillon, danseuse et chorégraphe. » Cet engouement est pourtant plus ancien et doit son origine à Sandrine Grousset, sa maman. « Elle est prof de Pilates, donc assez proche du yoga, et elle en fait aussi. J’ai toujours un peu baigné dans tout ça. »
CAP SUR LOS ANGELES
Après les Mondiaux, le prochain objectif de l’athlète est de participer aux championnats d’Europe de natation 2026 à Paris. « J’ai déjà envie d’être champion d’Europe. Je le suis en petit bassin. Je ne l’ai jamais été en grand bassin, même si [à Singapour], j’ai eu le record d’Europe. » Son concurrent, le Suisse Noé Ponti, a d’ores et déjà commencé « à me titiller ». « Après, il y aura les championnats du monde. Cela sera une année encore différente et peut-être pleine de surprises. Mais c’est sûr qu’il y a toujours un œil vers Los Angeles » et ses Jeux olympiques en 2028, reconnaît le champion.
ET LES JEUX DU PACIFIQUE ?
Au Comité territorial olympique et sportif, une question brûlait les lèvres : est-ce que Maxime Grousset participera aux Jeux du Pacifique de 2027 à Tahiti ? L’invité d’honneur s’y attendait : « Je n’ai pas la réponse. Je ne peux pas vous dire si je le ferai ou pas. C’est trop tôt. » Des changements de dates des Mondiaux 2027 pourraient permettre une telle participation, mais le jeune homme reste prudent, tout en cachant difficilement son enthousiasme. « Je ne sais pas si ça colle avec ma préparation. Il faut vraiment que j’en discute avec mon coach. »
Pour lui, « c’est un gros regret de n’avoir jamais fait les Jeux du Pacifique, explique son père, Stéphane Grousset. Il a toujours eu un « no go » de la part de son coach. Troubler une période de préparation qui serait interrompue par deux à trois semaines d’absence pour participer aux jeux du Pacifique, ça veut dire anéantir une phase de travail de plusieurs mois ».
Fabien Dubedout

