Malaise exprimé en outre-mer

French far-right party Rassemblement National (RN) candidate for the 2022 French presidential election Marine Le Pen (C) poses with supporters during a campaign visit at the Mamoudzou square in Mayotte on December 18, 2021. - Marine Le Pen promised on December18, 2021 to bring back "hope" to the Mahorais with her presidential project, at the end of a three-day visit to the island of Mayotte, which has been hit by insecurity and migratory pressure from neighbouring Comoros. (Photo by Ali AL-DAHER / AFP)

Le vote ultramarin a suscité un électrochoc. Marine Le Pen a rassemblé près de 59 % des suffrages dans ces territoires au second tour. Emmanuel Macron n’a recueilli que 41,7 % des votes contre 58,5 % à l’échelle nationale. 

Dans tous les départements et collectivités d’outre-mer, hormis celles du Pacifique, la candidate du Rassemblement national a devancé le président sortant au second tour avec des résultats bien plus élevés qu’au niveau national (41,6 %).

Marine Le Pen réalise son meilleur score en Guadeloupe (69,6 %, + 44 points par rapport à 2017), s’impose en Martinique (60,8 %, + 38 points), en Guyane (60,7 %, + 25 points) ou encore dans l’océan Indien, à La Réunion (59,6 %, + 20 points) et à Mayotte (59,1 %), qui l’avait déjà portée au premier tour. Elle arrive en tête dans les territoires qui avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon. L’appel de la France insoumise de ne pas donner de voix à l’extrême droite n’a pas été entendu et le vote contestataire contre le pouvoir s’est exprimé à plein régime.

Colère 

À la poussée de l’extrême droite des dernières années (Marine Le Pen était en tête au premier tour en 2017 dans ces territoires et avait fait des scores historiques aux européennes en 2019) s’est ajouté, plus récemment, le vaste mouvement contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire dans les Antilles ainsi que la colère sociale des Gilets jaunes, par exemple à La Réunion. Marine Le Pen a fait du pouvoir d’achat l’axe fort de sa campagne et consacré une partie de son programme à ces territoires, les plus pauvres de France, touchés par la vie chère et le chômage des jeunes. Elle a particulièrement soigné ses messages envers « cette France oubliée » durant l’entre-deux-tours.

Macron dans le Pacifique 

Comme au premier tour, Emmanuel Macron arrive en tête dans le Pacifique, en Nouvelle- Calédonie (61 %), à Wallis-et-Futuna (67,4 %) et, avec un moindre écart, en Polynésie française (51,8 %).

Marine Le Pen progresse néanmoins en Polynésie française (48,2 %, + 7 points) et à Wallis-et-Futuna (32,6 %, + 12 points). Le seul territoire où elle régresse est la Nouvelle- Calédonie : 38,9 % des suffrages contre 47,4 % en 2017. Chez nous, le président a organisé trois référendums qui ont permis aux électeurs de dire trois fois non à l’indépendance, ce qui a plu à l’électorat de droite.

Emmanuel Macron et son équipe devront rapidement tirer les bons enseignements du vote ultramarin.


Démobilisation

51,3 % des ultramarins ne se sont pas déplacés pour le second tour (28,2 % à l’échelle nationale), un taux légèrement plus faible qu’au premier tour (56 %) et en recul de cinq points par rapport à 2017.

L’abstention atteint son plus haut niveau en Nouvelle-Calédonie (65,2 %), où les indépendantistes avaient appelé à l’abstention, à Saint-Barthélemy et en Guyane (plus de 60 %). Seuls trois territoires comptent moins de 50 % d’abstentionnistes : Wallis-et-Futuna (38,6 %), La Réunion (40,6 %) et Saint-Pierre- et-Miquelon (42,9 %).


Macron pour les Français de l’étranger

Emmanuel Macron reste largement en tête du vote des Français résidant à l’étranger. Il récolte 86,1 % des suffrages exprimés (32,1 % des inscrits), contre 89,31 % en 2017.

C.M.

© Ali Al Daher / AFP