L’UC va réaffirmer sa vision de l’indépendance à Paris

L’Union calédonienne s’est exprimée devant la presse, mercredi, au terme d’une nouvelle commission exécutive élargie. Une délégation se prépare à partir à Paris pour écouter l’État et réaffirmer sa vision de la sortie de l’Accord de Nouméa. L’UC profitera également du voyage pour faire une tournée diplomatique.

L’Union calédonienne n’a pas l’intention de pratiquer la « politique de la chaise vide ». Une allusion à peine voilée à ses partenaires du FLNKS qui rechignent, pour l’instant, à participer dans le contexte proposé par l’État aux discussions sur l’avenir.
L’UC estime pour sa part que l’importance de la période mérite bien un déplacement à Paris. Au sein de sa délégation, le président du parti, Daniel Goa, le président du Congrès, Roch Wamytan, également signataire de l’Accord de Nouméa, le président de la province des Îles, Jacques Lalié, et trois membres du bureau, Gilbert Tyuienon, Mickaël Forrest et Pascal Sawa, accompagnés de plusieurs « techniciens ».

La même feuille de route jusqu’à la fin de l’Accord

L’UC sera à Paris pour « écouter ce que l’État a à dire ». « On a toujours réclamé, ces quinze dernières années, que l’État nous dise ses intérêts à maintenir sa présence en Nouvelle- Calédonie », explique Gilbert Tyuienon. Si le document sur les implications du « oui » et du « non » répond quelque part à cette demande, l’UC insiste : « Il ne s’agit pas de négocier quoi que ce soit ». Le parti indique que rien ne sera validé en rapport avec ce « papier » et que, finalement, « l’État peut produire ce qu’il veut, c’est notre vision de l’indépendance qui compte ».

On estime plutôt dans les contrées de l’UC que le document ne fait que renforcer la position du « non ». Et on affirme que les négociations avec la France n’interviendront qu’après la sortie de l’Accord. Une équipe travaille néanmoins sur ce document.

L’UC réaffirmera, à Paris, sa vision de la sortie de cet Accord « qui prend ses racines dans l’histoire du parti ». Il s’agira de préparer la troisième consultation, « sans modifier la date (2022) ou la question ». Le parti viendra avec une série de documents, ses projets de Constitution et de société. Il insistera sur sa vision du déroulement du processus politique à venir, c’est-à-dire la fin de l’Accord de Nouméa marquant la décolonisation et la construction de la souveraineté qui passera par une phase de transition avant l’accès au statut d’État souverain.

Rencontres diplomatiques

Suite à la mission parisienne, la délégation va procéder à une tournée diplomatique en Europe. Objectif : informer leurs soutiens de l’évolution de la situation politique et continuer à développer des liens de solidarité. Des rencontres sont ainsi prévues au mois de juin, notamment en Espagne, avec des responsables indépendantistes catalans, dans le Pays basque français, en Corse, mais également à Bruxelles avec le groupe mélanésien du Fer de Lance et des députés européens et, enfin, à Édimbourg, en Écosse, après la victoire récente des pro-indépendance. « C’est bien d’écouter l’État français, mais il y a aussi les réseaux internationaux, l’ONU pour mettre en exergue la responsabilité de la puissance administrante à enclencher clairement la décolonisation », souligne Gilbert Tyuienon.

« On n’est pas contre le peuple français, renchérit Mickaël Forrest, en charge des relations internationales, mais on appelle juste l’État français à regarder le monde d’aujourd’hui avec beaucoup d’humilité pour faire en sorte que l’ensemble des peuples du monde ait plus de prospérité dans les années qui viennent. » Ce sera, pour les indépendantistes, une nouvelle occasion de dire qu’il n’est « pas question que la Nouvelle-Calédonie soit rayée des pays à décoloniser ». Cela sous-entend en cas de « non » à l’indépendance.


Tournées sur le territoire

Deux réunions sont prévues avec les militants les 26 et 27 mai pour évoquer le document sur les implications du « oui » et du « non ». En parallèle, des tournées de terrain seront organisées pour expliquer les contours de la mission à Paris et les négociations au gouvernement.


Quelle position pour l’UNI ?

L’UNI devrait s’exprimer ce jeudi sur son positionnement pour Paris. Lundi, il se disait qu’elle ne ferait pas le déplacement estimant que les conditions n’étaient pas requises. Le président de l’UC, Daniel Goa, a dit, mercredi, lors que la conférence de presse, qu’il serait étonné de ne pas voir ses partenaires dans l’Hexagone. Il a rappelé qu’il demandait depuis des années que les indépendantistes soient représentés à Paris par une seule délégation du FLNKS…


Travaux de « recadrage » pour le gouvernement

L’UC réaffirme que les travaux se poursuivent avec l’UNI en ce qui concerne la présidence du gouvernement. « Nous nous voyons tous les mardis », nous disent les cadres du parti qui souhaitent profiter du temps que prendra la séquence parisienne pour faire avancer ce dossier. Quoi qu’il en soit, disent- ils, « le gouvernement sera présidé par un membre indépendantiste » et « les divergences ne portent pas sur la sortie de l’Accord de Nouméa ».

C.M.

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