L’UC en comité directeur

L’Union calédonienne a tenu le week-end dernier son dernier comité directeur de l’année, censé préparer le congrès 2016 du parti et définir l’attitude à adopter au prochain Comité des signataires. Au cœur des débats, les corps électoraux, les suites à donner à la mission des experts mais aussi et surtout le projet de société dans la perspective de l’indépendance.

Évacuons d’entrée le point mineur du comité directeur de Sarraméa : la suspension non suspensive d’Anthony Lecren. Bien qu’elle marque une ligne de fracture nette entre les différents délégués présents, sa suspension des responsabilités politiques à l’UC mais son maintien au gouvernement, aux affaires coutumières et à l’écologie et au développement durable, ne sont finalement pas une surprise.

Pas une surprise non plus lorsque l’Union calédonienne continue de faire des questions de corps électoral une priorité absolue. Nous avons déjà évoqué à ce sujet qu’il s’agissait pour l’UC, mais plus globalement pour les mouvements indépendantistes, de la « mère de toutes les batailles », celle, en tout cas, qui doit permettre d’atteindre l’inaccessible étoile : l’indépendance.

Il est incontestable d’ailleurs que l’UC s’est toujours positionnée en locomotive sur ce point, comme le prouve notamment les prises de position de Roch Wamytan devant les instances nationales ou internationales. L’actuel secrétaire général du parti, Gérard Regnier, l’a donc abondamment répété cette semaine : la question des corps électoraux n’est pas close, à commencer par la constitution de la liste spéciale pour le scrutin de sortie de l’Accord de Nouméa. S’appuyant sur une lecture indépendantiste du rapport des experts des Nations unies, l’UC ne lâche rien et entend bien faire plier l’État en obtenant l’inscription automatique des tous les Kanak, même s’ils ne sont pas inscrits au préalable sur la liste générale.

En dehors qu’une telle démarche serait à ce jour entachée d’inconstitutionnalité, méconnaissant les dispositions de l’Accord de Nouméa, elle créerait une rupture d’égalité inacceptable entre les citoyens calédoniens. Pourtant, le fait que la question soit de nouveau mise en avant témoigne de la volonté de l’Union calédonienne de ne rien lâcher, tout en gardant sous le coude l’ultime option, celle de renoncer ou de contester les résultats du référendum de 2018.

Un projet de société aux abonnés absents

C’est néanmoins sur le projet de société que ce comité était le plus attendu et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est loin d’être abouti et qu’en dehors de quelques montages arithmétiques, il ne propose rien de crédible. Il ne suffit pas de scander que l’indépendance sera viable, comme le fait l’UC dans son numéro du mois d’août de l’Avenir calédonien, pour que cela devienne possible d’un coup de baguette magique.

À ce jour, les transferts en provenance de l’État sont de l’ordre de 170 milliards de francs, dont environ 40 milliards pour ce qui est par exemple de la compétence de la défense. Or, l’UC dit qu’il ne faut pas prendre en compte cet élément. Le raisonnement est non seulement spécieux mais il n’apporte surtout aucune solution, pas plus qu’il n’en apporte en matière de financement de la sécurité, de la justice ou même de l’enseignement.Car sur ce dernier point, si la compétence est bien détenue par la Nouvelle-Calédonie depuis le transfert, c’est bien aujourd’hui le gouvernement central et donc l’État qui finance le traitement des enseignants calédoniens.

Que dire encore du financement de la santé et de la protection sociale qui sont certes déjà à la charge des collectivités calédoniennes mais dont les équilibres sont moins d’être trouvés, pour preuve les quelque 12 milliards de trou du régime d’assurance maladie-maternité. En conséquence, mais est-ce une révélation, l’indépendance n’est pas viable économiquement à périmètre constant, c’est- à-dire en garantissant aux citoyens calédoniens la même qualité de vie.

C.V.