La déclaration solennelle du président du gouvernement samedi 8 juin a intégré plusieurs messages adressés aux familles endeuillées, à la population, à l’Élysée et à la CCAT.
Sa prise de parole était très attendue, après quatre semaines de chaos. Dans une déclaration solennelle télévisée samedi 8 juin, le président du gouvernement Louis Mapou a présenté les causes et les répercussion des émeutes dans une Nouvelle-Calédonie extrêmement fragilisée.
La tristesse est le sentiment prédominant. Parce qu’il y a eu « huit décès, (un 9e annoncé mardi) plusieurs centaines de blessés de part et d’autre », mais aussi beaucoup d’entreprises brûlées et « 7 000 salariés qui ont perdu leur emploi ou qui risquent de le perdre ». « La situation s’est tendue à un point tel que les liens construits au sein de la population qui vit dans l’agglomération depuis les années 1980 se sont distendus et les vieux démons du racisme sont réapparus », a regretté Louis Mapou, qui a adressé de vifs reproches aux deux camps politiques.
Tout d’abord, « le mouvement indépendantiste, notamment le FLNKS, ou les différents partis font preuve d’une gestion trop mesurée de ces événements puisque très peu ont pris position ». Et puis, « Les Loyalistes et Le Rassemblement continuent d’exceller dans une surenchère permanente, dans les discours et des actions qui nourrissent le climat de violence existant ». À travers ces mots, un appel est lancé à la prise de conscience et à l’apaisement.
« LEVER LES BARRAGES »
Pour le patron de l’exécutif collégial, la source de l’insurrection est simple à trouver, la loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral provincial, « décidée unilatéralement par les autorités nationales », a « rouvert une plaie que nous avons mis du temps à panser et à cicatriser ».
Le responsable indépendantiste de l’UNI à la tête du gouvernement a ainsi formulé plusieurs fois une même demande lors de son intervention : que le président de la République clarifie son intention en faveur d’un retrait du texte polémique et promeut son remplacement par « une loi constitutionnelle relative à un accord sur un projet politique concernant le futur du pays ». Ce qui nécessitera un retour au dialogue entre les parties.
Et ces discussions ne peuvent se tenir qu’à une condition essentielle : la liberté de circulation et le calme. Ainsi, « j’appelle les responsables de la CCAT, ses relais locaux et la jeunesse du pays à lever les barrages, les blocages, et à cesser toutes les exactions, même si leur mobilisation a contribué à la prise de conscience de l’acuité des problèmes de société existants et de la nécessaire attention que ces problèmes exigent », a relevé Louis Mapou, qui a insisté sur la volonté et la capacité de reconstruction.
Ses finances étant déjà mal en point auparavant, la Nouvelle-Calédonie ne pourra agir seule, une certitude. Le regard se tourne vers l’État mais aussi vers l’Europe, des pays et organismes de la région. « Cette crise a touché la Nouvelle-Calédonie dans sa chair et dans son âme. »
Yann Mainguet