Louis Le Franc, pour le prochain chapitre

Le nouveau haut-commissaire a renoué avec le territoire qu’il connaît bien pour y avoir exercé. Ses priorités : le maintien de la paix et la préparation du nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie.

Que savons-nous de Louis Le Franc, qui a succédé en début de semaine à Patrice Faure ? Ce haut fonctionnaire de 62 ans est breton, marié et père de trois enfants. Il a des attaches personnelles à Lifou, sa fille aînée étant mariée à un garçon de l’île.

Diplômé de Saint-Cyr, cet officier de l’armée française compte deux Opex (opérations militaires extérieures) au Tchad à son actif. Il dispose d’une vaste connaissance de l’État et du ministère de l’Intérieur en particulier, fruit d’une carrière menée dans le corps préfectoral en tant que directeur de cabinet, sous-préfet, puis préfet (Haute-Corse, Aude, Pas-de-Calais, etc.).

Il était, jusqu’au mois de novembre, directeur de cabinet de la ministre déléguée des Collectivités territoriales. Cette expérience s’est terminée de « manière brutale », selon ses termes, avec la démission de Caroline Cayeux au bout de cinq mois. Pour rappel, elle était soupçonnée d’avoir sous-évalué sa déclaration de patrimoine, et connue pour sa regrettable sortie sur « ces gens-là », dans le cadre du mariage pour tous.

Au moment de remplacer Patrice Faure – et de replacer Louis Le Franc – le ministère de l’Intérieur s’est appuyé sur sa connaissance du territoire. Il avait exercé en Nouvelle-Calédonie en tant que secrétaire général adjoint, puis secrétaire général du haut-commissaire (2003-2004). Il fut par la suite chargé de « restaurer la paix civile » à Wallis-et-Futuna, lors de la crise coutumière de 2005, puis nommé conseiller technique de l’Outre-mer au cabinet du président Jacques Chirac.

UNE PAIX DURABLE

De prime abord, Louis Le Franc porte bien son nom. Ayant été « formé à obéir », c’est tout naturellement qu’il dit avoir suivi les ordres de son administration pour assumer ce rôle qu’il n’attendait pas, mais qu’il prend avec « grand plaisir ». « Je le vis comme une marque de confiance », dit-il avant d’oser un trait d’humour, « et la preuve que je n’ai pas laissé un trop mauvais souvenir ».

Il évoque aisément ces éléments qu’il garde en mémoire : la construction des usines, les 400 cadres, mais aussi les conflits avec Rhébuu Nùù, l’USTKE… Il se dit globalement « impressionné » du chemin parcouru, des transferts, juge exceptionnels les mécanismes et l’architecture institutionnelle issus de l’Accord de Nouméa, évoque Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur, dont la statue vient nous rappeler l’action.

Ayant touché la réalité de la guerre au Tchad, il semble intégrer ce que représentent les affrontements des événements et affirme que « l’acte I » de son action est le maintien d’une paix durable. « Je n’ai pas envie de connaître un millième de cette période. »

Mais il estime que cette fois « la ligne de départ n’est absolument pas la même. (…) On a un avantage considérable ». Les réalisations depuis trente ans et la présence de toute une génération qui n’a pas connu ce passé.

Si inquiétude il y a sur l’avenir après les référendums et la fin de la période de l’Accord de Nouméa, « on a connu bien pire, il ne faut pas se faire peur. (…) Là, la crise est essentiellement psychologique, donc elle se gère. » Conscient de la « mission » qui lui incombe à un moment charnière de l’histoire, il pense que « le peuple a besoin d’être rassuré, de savoir où il va, où est son avenir ». 

« ŒUVRE COLLECTIVE »

L’acte II sera « l’entrée dans un schéma de discussion équilibré ». Louis Le Franc sera sûrement le haut-commissaire du nouveau statut de la Nouvelle-Calédonie. Il dit en tout cas avoir une « obligation de résultat ».

Les groupes de travail sur l’avenir institutionnel sont en cours d’installation et il s’agira de se mettre autour de la table pour dessiner ce qui constituera « une œuvre collective ». Reprenant cet élément de langage cher au ministre de l’Intérieur, il estime qu’il « ne faut pas confondre vitesse et précipitation » pour y parvenir. En d’autres termes, « il ne faut pas se sentir tenus par les provinciales », mais « plus vite on pourra présenter un projet, mieux ce sera pour les Calédoniens ».

Il promet d’agir avec écoute, détermination, confiance et respect. Et affirme au passage qu’il est essentiel de vouloir connaître et intégrer les dimensions locales. « Le logiciel est complètement différent ici, il faut en tenir compte. » Le nouveau haut-commissaire entame sa mission par des visites à Koné, La Foa et Lifou.

Chloé Maingourd

Photo : Le représentant de l’état s’est ouvert à la presse, lundi 6 février. / © C.M.