L’Onu se penche avec précaution sur le corps électoral

Les experts ès élections de l’Onu, conduits par Flavien Misoni Mbayahe, ont remis mercredi au président du Congrès, Thierry Santa, et à l’État, représenté par le secrétaire général du haut-commissariat, Laurent Cabrera, leur rapport sur les conditions de révision des listes électorales provinciale et référendaire. Loin de toute considération partisane ou polémique, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a valeur de photographie honnête et constructive dans le débat sur la constitution des listes électorales.

Les Calédoniens dubitatifs au début… – Il y a un an, rappelons-nous, certains indépendantistes attendaient monts et merveilles de la venue des experts de l’Onu pour soutenir « les efforts démocratiques du peuple colonisé pour instaurer Kanaky dans le Pacifique ». En face, on était sceptique. Dubitatif. Mais qu’avait-on à craindre ou à cacher ?

…Mais convaincus après un an. – Or… Pudiquement, la mission onusienne avait botté en touche, après avoir « expertisé » le cadre des compétences des commissions de révision des listes électorales. « Mieux que ce que l’on pouvait attendre. Bien mieux que ce que nos amis indépendantistes craignaient. Mais on ne peut pas dire que tout est parfait, sinon à quoi on servirait ? » furent en substance, et à peine caricaturées, les conclusions des observateurs internationaux. Aujourd’hui, ils « se félicitent que l’État et les élus calédoniens aient intégré leurs recommandations de 2016 à leur réflexion, notamment lors du dernier Comité des signataires », dit Flavien Misoni.

L’Onu crédibilise. – Depuis, les experts ont, semble-t-il, gagné leurs galons de crédibilité tant auprès des indépendantistes que des non-indépendantistes qui siègent dans les commissions spéciales, et qui « ont pris l’habitude de nous consulter, ne serait-ce qu’à titre d’information », se félicite l’avocat des droits de l’homme de l’Onu.

Les inscrits en 2017. – Côté chiffres, « à l’issue des opérations de révisions de 2017, le corps électoral pour les provinciales est passé à 160 362 inscrits, contre 157 233 l’année précédente (+3 129). De même, le corps référendaire affiche aujourd’hui 157 869 électeurs, contre 153 678 en 2016 (+ 4 191) », annonce sans fioritures le rapport des experts. On est donc bien loin des chiffres fantaisistes de non-inscrits, qui avaient circulé au début des procédures de révisions, notamment dans les officines indépendantistes !

« Pas la perfection, la confiance ! » – Flavien Misoni Mbayahe le sait bien : « Nous ne pouvons demander la perfection, reconnaît- il. En fait, les listes seront complètes quand nous aurons vidé tant que faire se peut la question de la fiabilité du fichier. » L’objectif partagé par tous les protagonistes est de rendre incontestables les données du fichier électoral, « en croisant tout ce qui peut l’être, précise le rapporteur de l’Onu, pour que s’instaure une vraie confiance des électeurs dans les listes ». C’est à ce prix que le résultat du référendum sera incontesté parce qu’incontestable : chaque parti l’a désormais présent à l’esprit.

Mobilisation à tous les échelons. – « Bien que s’étant resserrées, les mailles du filet sont encore un peu trop lâches et l’on peut toujours échapper à l’inscription sur les listes électorales par manque de sollicitation », constate Flavien Misoni. Qui préconise en deux pages sur 43 du rapport qu’il signe de « mobiliser tous les acteurs calédoniens : gouvernement et provinces ; communes et coutumiers pour accompagner toute personne en capacité et en droit de voter à s’inscrire sur les listes électorales ». Une campagne de sensibilisation à tous les échelons de la société, qu’appellent de leurs vœux les missionnaires internationaux.

Dans la pratique. – Suivent aussi, quelques recommandations qui tiennent à la fois du bon sens, de la pratique des questions électorales à travers le monde, dont bénéficient Flavien Misoni et ses experts, et du concret. Comme, par exemple, d’octroyer un numéro unique d’inscription à chaque électeur (comme c’est le cas à la Cafat) : « À l’heure actuelle, ce numéro change lorsque l’électeur change de bureau ou de commune, constate le président du Congrès très intéressé par cette recommandation de l’Onu, cela empêcherait toute fraude ou double inscription ! » Une bonne idée, parmi quelques autres plus techniques.

Notons enfin qu’à aucune page, aucun chapitre, les missionnés de l’Onu parlent d’inscription automatique de telle ou telle composante de la société calédonienne…

M.Sp.

©M.Sp.