Lola Delavault :« La sélection calédonienne est le plus haut grade pour une joueuse »

Lola Delavault, née en Nouvelle-Calédonie, est partie vivre en Métropole à l’âge de 4 ans. Depuis deux ans, elle joue en 2e division au poste de défenseuse centrale, dans l’équipe Nîmes Métropole Gard. Sélectionnée dans l’équipe féminine de Calédonie, pour disputer les qualifications océaniennes de l’OFC à Suva (Fidji), pour le mondial féminin 2023 de la FIFA, la joueuse de 19 ans nous parle de ce « rêve éveillé ».

DNC : Comment t’est tu retrouvée dans cette aventure ?

Lola Delavault : En décembre dernier, le sélectionneur Michel Berbeche, qui travaille pour la fédération calédonienne de football (FCF), m’a contactée pour savoir si ça m’intéressait de représenter la Nouvelle- Calédonie avec la sélection. Je n’ai pas hésité une seconde ! Je suis née ici, alors c’était un honneur pour moi. Au mois d’avril, on a suivi un stage en Métropole et suite à çà, il a pris sa décision.

Quelle a été ta réaction ?

Je n’y croyais pas, surtout qu’on a attendu la réponse pendant 2-3 semaines. J’ai vraiment réalisé lorsque j’étais dans l’avion. Ça me fait un double cadeau parce que c’est la première fois que je reviens en Calédonie, c’était un rêve et là ça se réalise, et j’ai aussi eu mes 19 ans le jour du départ pour Fidji, le 10 juillet ! C’est un rêve éveillé.

La première chose que tu as faite en arrivant ?

Le lendemain de mon arrivée, j’ai pris plein de photos, puis mes parents voulaient que j’aille voir la Baie des Citrons, là où j’ai fait mes premiers pas, et je l’ai fait.

Comment gères-tu toutes ces émotions ?

Une fois sur le terrain, j’essaie de ne pas trop y penser. Et puis, j’ai les filles de la sélection, qui sont très gentilles et m’ont bien accueillie. Il y a aussi la famille d’accueil qui m’a apporté une grande aide. Je n’ai pas eu l’impression de me retrouver seule. Ça m’a permis de me focaliser sur la compétition et de ne pas penser à ce que je n’avais pas.

Et pour faire descendre la pression ?

Je n’ai pas encore trouvé, mais je pense que ça se fera tout seul et que j’y arriverai avant le premier match. Je pense que la cohésion d’équipe aidera aussi.

En tant que joueuse, quels sont les enjeux lorsqu’on fait partie de la sélection ?

La sélection est le plus haut grade pour une joueuse. Ça fait toujours plaisir : pour tout joueur, c’est le but à atteindre. C’est un plus, c’est le Graal. Participer aux grands événements est très important.

Pourquoi dit-on que tu devrais être un des atouts majeurs de la sélection ?

Ils attendent peut-être beaucoup plus de nous, qui venons de Métropole, même si les filles d’ici sont très fortes.

Quels sont tes points forts ?

En défense, il faut savoir jouer le hors-jeu, ne pas se précipiter, éviter les fautes inutiles, avoir l’intelligence de jeu, l’expérience, savoir gérer une situation… On est le dernier rempart avant la gardienne. Voir d’autres équipes jouer aide aussi à enrichir les connaissances.

Que dit ton coach de ton jeu ?

Il aime bien le fait que j’essaie de jouer rapide et d’aller de l’avant.

Tes parents pourront-ils suivre les matchs ?

Ils devraient être diffusés en direct sur Facebook. Savoir que mes parents vont pouvoir les regarder et voir mon évolution me rassure. Voilà 14 ans que je fais du foot et ils ont attendu, comme moi, depuis tout ce temps ; ça se réalise pour eux aussi.

Qu’est-ce que tu aimes dans le foot ?

Quand j’étais petite, je jouais souvent avec un de mes grands frères et les gens du village où j’habitais. J’ai aimé et demandé à mes parents de m’inscrire dans un club. Depuis, je n’ai pas arrêté. Mes grands frères sont fiers que je sois à ce niveau. C’est un beau sport lorsqu’il se joue bien. J’aime le fait d’être en équipe, c’est un jeu et de l’entraide aussi. C’est un sport qui te donne une famille, et l’esprit de famille donne envie de se battre pour les autres. Comme j’ai toujours aimé aider les gens, alors le faire en faisant du sport, c’est gagnant-gagnant. Et puis le sport te fait découvrir des endroits, des personnes qui deviennent des amis et ça permet aussi d’évoluer et de grandir.

Quelle est l’ambiance entre filles ?

C’est moins compliqué qu’avec les garçons, c’est plus naturel, on sait comment se comporter. Quand j’ai commencé à jouer avec des garçons, j’ai dû gérer leurs réflexions et je me suis toujours dit qu’ils verront quand je serai sélectionnée. Le plus important est que j’ai atteint mon objectif.

Combien de matchs allez-vous jouer ?

Il y a deux matchs de phase et, si tout se passe bien, on devrait en jouer cinq. Contre les Fidji, c’est le 17 juillet, contre les Salomon, c’est le 20. J’espère qu’on va pouvoir gagner : on va tout donner. Et j’espère que les supporters cagous seront contents de nous, quel que soit le résultat. La sélection y sera au moins 15 jours ; ensuite si on est qualifiées, elle restera jusqu’au 1er août.

 

 

20 joueuses composent la sélection féminine de Calédonie : 3 évoluent en Métropole dont Lola, 6 font partie de l’Académie féminine de la FCF. Les 10 autres sont issues des clubs du territoire : 4 du club ASAF, 2 du club Hienghène Sport, 2 du club SC Ne Drehu, 1 de l’AS Wetr, 1 de l’ASC Gaïtcha et 1 de l’ASC Boulouparis. Coup d’envoi depuis le 13 juillet. Finales le 30 juillet.

Propos recueillis par Marie-Hélène Merlini

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