L’Œil publie son bilan des feux de forêt 2017

Chaque année, la Nouvelle- Calédonie est la proie des flammes. L’Observatoire de l’environnement publie un bilan des feux de forêt pour l’année 2017, un bilan inquiétant, car il montre la gravité de ce fléau qui impacte la biodiversité, mais aussi la ressource en eau. Si le problème est connu, peu de réponses sont apportées.

Les feux de forêt représentent l’une des plus grandes menaces pour l’environnement. Chaque année, ce sont des dizaines de milliers d’hectares qui partent en fumée. Les conséquences sont multiples et pas toujours visibles. Les incendies ont notamment un impact sur l’érosion des sols, la ressource en eau ou encore la biodiversité en faisant disparaître les habitats d’espèces menacés et en tuant de nombreux œufs et oisillons.

L’Observatoire de l’environnement en Nouvelle- Calédonie (l’Œil) publie son dernier bilan des feux de forêt pour l’année 2017. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est plutôt alarmant. De mémoire de pompier, il s’agit de l’une des pires années qu’ait connues la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit de la troisième année la plus destructrice avec 2002 et 2004 (la base de données remonte à 2001). Selon L’Observatoire, 24 245 hectares ont flamblé, soit 1,3 % de l’ensemble du territoire, cinq fois la taille de la ville de Nouméa ou encore l’équivalent de la superficie cumulée des dégradations visibles causées par l’activité minière en 150 ans. Mais comme le précise l’Œil, à la différence de la mine, la végétation peut repousser après un feu.

Un coût écologique de 30 milliards de francs

Plus grave, les écosystèmes fragiles comme la forêt sèche et la forêt humide ne sont pas épargnés. En 2017, environ 900 hectares de forêt sèche ont disparu sur les 5 200 que comptait la Nouvelle-Calédonie, soit 2 % de la superficie de la forêt sèche originelle. On apprend également que les zones protégées ou labellisées ne sont pas épargnées et les habitats de 62 espèces endémiques sont menacées de disparition par l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Les chiffres montrent aussi que la plupart des surfaces ont été détruites par un petit nombre d’incendies et que 100 % des départs de feu le sont à moins de cinq kilomètres d’une route ou d’un bâtiment. Des éléments qui tendent à confirmer le lien entre ces catastrophes et l’activité humaine et l’importance d’agir rapidement et massivement. Si la Sécurité civile calédonienne créée en 2014 se structure, les pompiers font régulièrement remonter le besoin d’un équipement plus adapté. Les soldats du feu proposent notamment de tester un avion bombardier d’eau léger pour intervenir plus rapidement. Actuellement, l’intervention des hélicoptères bombardiers d’eau coûte plus de 200 millions de francs par an aux collectivités.

Mais le manque de moyens ne relève pas uniquement des moyens lourds. De nombreuses communes ne sont pas encore dotées d’un centre de secours et d’incendie (il en existe une vingtaine pour les 33 communes) et selon le cas, l’équipement est parfois assez rudimentaire en dehors de plus grosses communes. L’Œil donne un autre chiffre : le coût des mesures compensatoires grâce à l’outil de calcul de la province Sud. Les dégâts écologiques en 2017 représentent environ 30 milliards de francs.

Un note extrêmement salée qui ne semble pas vraiment être prise en compte si l’on considère la faiblesse des politiques publiques du point de vue environnemental. Outre l’engagement des collectivités, les actions de sensibilisation auprès de la population restent sont plus que modestes et sans évaluation.

M.D.