L’incroyable bras droit de Tomasi

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Il était venu pour vivre une nouvelle expérience, il est reparti avec une médaille chez les plus de 110 kg. Tomasi Iloai est devenu vice-champion de France. Un exploit qui lui donne accès aux championnats du monde et à de nouveaux rêves, comme l’essor de la discipline en Calédonie. Retour sur une journée inoubliable.

Il y avait Sylvester Stallone. Il y aura maintenant Tomasi lloai. Le bras de fer, popularisé au cinéma dans les années 1980 par un blockbuster américain sans prétention, Over The Top, s’est trouvé un ambassadeur sur le Caillou. S’il annonçait, comme son camarade Mika Fisiipeau, viser une médaille aux Championnats de France à Mérignac (près de Bordeaux) le week-end dernier, il n’y croyait pas vraiment. Et nous non plus, au regard du début de compétition où les deux Cagous paraissent plus empruntés qu’autre chose lors de leur passage bras gauche. « J’avoue que je ne m’étais jamais entraîné de ce côté-là, confie Tomasi après coup. C’était vraiment une découverte, mes adversaires étaient mieux rodés. » Résultat, des fautes techniques en série pour les deux Calédoniens. Coude décollé de la table, corps trop penché en arrière. Ils frôlent même la disqualification prévue, selon le règlement, pour intervenir au deuxième avertissement. Quatrième place pour Tomasi et la septième pour Mika.

La révélation

Sauf que pour Tomasi, ce n’est que le début. « Il est bien possible que ce tour de chauffe m’ait servi pour la suite. » La suite, c’est un Monsieur muscles irrésistible du bras droit, qui ne sera stoppé que par un confrère du Fenua, Tauraatea Teua, en finale.

À le voir si à l’aise, à l’opposé de l’image qu’il avait donnée lors de la session de bras gauche, on en serait presque à se dire qu’il s’est comporté en stratège, pour se régler avant de passer à l’action. « Pourtant, rien n’était calculé. J’ai joué le coup à fond, je me suis laissé porter en faisant ce que je savais faire. »

D’une joie toute retenue, le nouveau vice-champion de France n’en revient pas. « Je suis très heureux. C’est au-delà de mes attentes. Je suis très fier de moi, mais aussi d’ouvrir les portes de la discipline en Calédonie. J’espère que les jeunes vont affluer. À notre retour, ça va exploser ! »

Trouver un coach

Et ce n’est pas fini, car tel le boxeur Rocky, autre personnage mythique de Sylvester Stallone sur grand écran, Tomasi est qualifié pour les championnats du monde à Antalya en Turquie (14-23 octobre). Tout sauf de la fiction pour le sportif de 33 ans, qui n’a que deux ans de pratique à son actif. L’occasion de se lancer un nouveau défi. « Les choses sérieuses vont commencer. Je dois maintenant trouver un coach pour mieux m’entraîner et me préparer. »

Les paramètres à renforcer sont en effet nombreux, pour lui permettre d’optimiser ses qualités physiques naturelles et cet incroyable bras droit. « Je me rends compte que tous les détails comptent, du positionnement par rapport à la table, à la prise en main de l’adversaire en passant par la gestion du poids du corps et la souplesse des membres. » Trouvera-t-il l’œil du tigre qui lui permettra de franchir cette nouvelle étape ? Tout est possible.

 


Un autre monde

Mika Fisiipeau et Tomasi Iloai, licenciés au New Génération Armwrestling NC.

 

Si les deux Calédoniens avaient pris la compétition au sérieux en arrivant en Nouvelle-Aquitaine plus d’une semaine avant l’événement afin de s’acclimater au mieux, cela n’en restait pas moins une succession de découvertes. Première fois en Métropole, mais surtout première compétition officielle tout court. Et sur un championnat de France, de surcroît. Une différence avec les nombreux athlètes surentraînés présents dans le gymnase de Bordeaux-Mérignac. Une seule salle, mais deux ambiances. Le « c’est du lourd » admiratif lancé par Mika Fisiipeau au moment de découvrir ce haut niveau résume parfaitement la situation.

D’un côté Mika, Tomasi et quelques amateurs émerveillés. De l’autre, des professionnels alternant massages, ventouses, électrocardiogrammes, échauffements millimétrés des muscles et des articulations. Un monde que Mika, qui voulait avant tout « se faire plaisir et donner le meilleur de lui-même », n’aura pas su dompter, à l’inverse de son partenaire. « Pour moi, je pense que le manque d’expérience a fait la différence, mais j’ai gagné en confiance et je suis heureux d’avoir touché du doigt un tel niveau », conclut le jeune homme, qui a terminé également septième au bras droit.

 

M.M. (© M.M.)