L’IDC-NC pose sa loupe sur l’emploi

L’Institut pour le développement des compétences va lancer sa grande enquête prospective emploi-formation. Menée tous les deux ans, elle a pour but d’aider les institutions dans la définition de leurs programmes de formation. Elle démarrera le 9 mai pour une présentation des résultats dans un an.

Produire des statistiques fiables et utiles n’est pas une chose simple en Nouvelle-Calédonie comme ailleurs. L’Institut pour le développement des compétences s’apprête à lancer une grande enquête prospective emploi-formation auprès des entreprises, privées, publiques, ou encore des associations, pour peu qu’elles aient au moins un salarié. Au total, ce seront 6 005 entités représentant 86 000 salariés qui recevront un questionnaire.

Un nombre d’entreprises en baisse par rapport à la dernière enquête de 2015. Il y a deux ans, le Ridet, le répertoire des immatriculations qui sert de base à l’IDC-NC, avait permis d’identifier près de 6 500 entreprises pour 84 000 salariés. Avant même que l’étude ne commence, elle offre déjà un premier enseignement : le nombre d’entreprises ayant des salariés a diminué, alors que le nombre de salariés continuait, pour sa part, de croître. Des mouvements qui illustrent des cessations d’activité pour les petites entreprises, plus fragiles face au ralentissement économique.

Un questionnaire adressé à plus de 6 000 entreprises

L’enquête commencera le 9 mai par l’envoi des courriels à l’ensemble des entreprises. Elle mobilisera ensuite sept enquêteurs pour une durée de cinq mois sous la houlette de deux chargés d’études. En plus des appels téléphoniques, des rencontres sur le terrain et des courriels, l’IDC-NC propose une nouveauté aux entreprises : un accès personnalisé sur son site internet. Après une inscription nécessitant des données de base telles que le numéro Ridet et un délai de 24 heures, les entreprises sondées auront la possibilité de répondre directement sur le site internet de l’IDC-NC ou encore d’envoyer directement des fichiers pour se faciliter le travail.

Si l’IDC-NC assure que le questionnaire prend une quinzaine de minutes, certains professionnels assurent que le délai est beaucoup plus long. Ils sont donc particulièrement intéressés par un traitement plus rapide. Une option qui pourrait peut-être aussi motiver certaines sociétés peu enclines à participer. Sur l’ensemble des entreprises sollicitées, elles sont environ 37 % en moyenne. Un taux de retour relativement faible, mais qui permet néanmoins d’obtenir des résultats représentatifs des entreprises. Selon Aurélien Bodin, chargé d’études et rédacteur de la dernière enquête, les résultats répondent à des enjeux institutionnels en termes de formation et d’insertion professionnelle pour adapter les différents dispositifs. Ils permettent plus largement d’avoir une connaissance plus fine du marché de l’emploi, qu’il s’agisse de salaires, mais aussi, comme le souligne Jean-Louis d’Anglebermes, le vice-président du gouvernement également en charge de l’emploi et de la formation, de statistiques sur l’emploi local. Des chiffres qui mettent en lumière la part des citoyens dans chaque secteur d’activité.

Une étude pour quelle politique de formation ?

Si Jean-Louis d’Anglebermes se félicite du lancement de cette étude que le gouvernement finance à hauteur de 18 millions de francs, on peut toutefois douter de sa pertinence quant à l’adaptation des programmes de formation. Au-delà des discours, un agent de la Direction de la formation professionnelle continue explique lui-même que le programme de formation sera calé prochainement, soit un peu plus d’un an avant la parution de l’étude qui précisera les besoins par domaine. Un manque de réactivité qui pose les mêmes questions quant aux indicateurs d’activité permettant de tirer des enseignements sur la conjoncture qui arrivent en décalé.

Pour l’agent de la DFPC, le programme de formation est défini après consultation des organisations professionnelles qui font remonter les besoins. Une affirmation que ne semble pas partager Frédéric Cantin, pourtant président de la Fédération BTP-NC et représentant du Medef- NC au conseil d’administration de l’IDC-NC. Le briscard du bâtiment assure ne pas avoir entendu parler de la DFPC depuis que les moyens de la Direction ont été asséchés, se demandant au passage où passe l’argent du Fonds européen de développement qui sert à financer les programmes d’insertion et de formation. Le 6 avril, Jean-Louis d’Anglebermes a, sur cette question, signé une convention avec l’Union européenne qui versera au territoire 3,6 milliards de francs pour l’insertion et la formation dans le cadre du 11e FED.

Au-delà des statistiques qui sont nécessaires et font largement défaut, comme le rappelle chaque rapport sur les besoins de l’économie calédonienne, ces contradictions montrent la nécessité de définir une stratégie mieux coordonnée en matière d’emploi et de formation et plus proche des besoins et des réalités des entreprises et de leurs structurations. Comment expliquer sinon la création du Fiaf, Fonds interprofessionnel de formation par les partenaires sociaux ?


L’IDC-NC, un établissement public qui n’a plus la cote

Le vice-président l’a rappelé, l’IDC-NC, qui a pour mission première d’être un observatoire de l’emploi, propose des études d’une grande qualité, réalisées par des personnels qui le sont tout autant. Une mise en valeur importante quand on sait que mi-2016, les élus du Congrès se posaient purement et simplement la question de la fermeture de l’institut dans le cadre de la réflexion sur les établissements publics, sans y avoir encore apporté de réponse. L’idée serait de réduire le nombre de ces établissements qui coûtent cher et dont certaines missions font doublons avec celles d’autres établissements. En matière de statistiques, c’est par exemple le cas avec l’Isee, Institut de la statistique et des études économiques.

M.D.