À Paris, il a aussi été question d’économie. Le gouvernement national a répété qu’il soutiendrait l’industrie métallurgique, et a même parlé de combler les déficits budgétaires de la Nouvelle-Calédonie.
« L’État va aider la Nouvelle-Calédonie à terminer ses exercices budgétaires », a annoncé Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, dans son interview au Monde, sans préciser les montants. À l’issue des discussions, le député Metzdorf a apporté quelques précisions. « Oui, l’État va faire un chèque. Pas un gros qui permet de remettre tout d’équerre en Nouvelle-Calédonie, mais il va agir sur les urgences, notamment la santé et le système de retraite. »
Emmanuel Macron avait annoncé, en juillet à Nouméa, sa volonté d’apporter les « milliards d’euros » nécessaires pour fournir une électricité moins chère et moins polluante aux métallurgistes. Fermes solaires, stockage, centrales au gaz… « Nous avons répété que nous allions accompagner la Nouvelle-Calédonie sur le nickel », a redit Gérald Darmanin, qui était accompagné du ministre délégué chargé de l’industrie Roland Lescure.
Le ministre de l’Intérieur semble insister lourdement sur un autre point : la province Nord, absente à Paris, est sommée d’accorder les autorisations d’exploitation qu’elle refuse à la SLN, avec qui le conflit est larvé.
POUR LES BATTERIES, UNE SEULE USINE
« On a bien compris que c’était une condition au soutien de l’État », estime Nicolas Metzdorf. Le député se réjouit cependant de voir Paris si bien disposé à signer des chèques. « La nation française a réalisé qu’elle avait un quart des ressources mondiales de nickel, au moment où elle construit des usines de batteries, notamment à Dunkerque pour les voitures électriques, et qu’elle se fournit en nickel en Finlande ou en Russie », analyse-t-il.
Mais seule l’usine du Sud est capable de fournir du nickel de qualité suffisante pour les batteries. Pour entrer sur ce marché, les deux autres métallurgistes auraient besoin d’investir : environ 30 milliards de francs pour KNS, et 24 à la SLN, selon une estimation du cabinet du ministre de l’Industrie, citée par l’Agence France-Presse. Ces montants, pour l’heure, ne figurent pas dans l’addition que Paris se propose de régler.
Gilles Caprais.