Les solutions fondées sur la nature : préserver les ressources et les populations

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Dans le cadre de la Journée de l’environnement, dimanche 5 juin, la Communauté du Pacifique a souhaité sensibiliser aux solutions fondées sur la nature, comme l’agroécologie. Méconnues, elles restent sous-utilisées, estime la CPS, qui prône leur emploi notamment pour lutter contre les conséquences du changement climatique et les risques naturels.

Le terme « solution fondée sur la nature » regroupe les outils de développement qui prennent en compte à la fois les écosystèmes et le bien-être des habitants, c’est-à-dire des « activités humaines plus durables pour préserver les ressources, mais aussi les populations, leur mode de vie et leur culture », introduit Cameron Diver, directeur général adjoint de la Communauté du Pacifique.

L’agroécologie en est un exemple. Le projet régional Protege, mis en œuvre par la CPS, dont Clément Gandet est le coordonnateur, essaie de favoriser une transition vers ce modèle via un réseau de fermes tests en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, en démontrant leur viabilité économique.

S’adapter

Une démarche également portée par l’initiative Kiwa, gérée, à la CPS, par Ludovic Branlant. Lancée début 2020 « dans le but de renforcer la résilience face au changement climatique », elle repose sur le financement de solutions fondées sur la nature (SFN). Deux projets sont soutenus : un réseau de fermes pilotes organiques à Fidji, ainsi qu’une étude visant à adapter les politiques publiques en fonction des menaces qui pèsent, menée aux Salomon, au Vanuatu, à Wallis-et-Futuna, en Nouvelle-Calédonie et à Fidji.

Et, à long terme, les SFN se révèlent souvent moins coûteuses que des investissements technologiques ou la construction d’infrastructures.

Inciter le privé à « contribuer massivement »

Si les SFN sont « essentielles », souligne Cameron Diver, c’est parce qu’elles « peuvent fournir au moins un tiers des mesures rentables d’atténuation du CO2 nécessaires jusqu’en 2030 ». Il faudrait donc les utiliser à plus grande échelle. Alors pourquoi n’y a-t-on pas davantage recours ? En raison, notamment, d’un manque de financement. « Dans le monde, environ 120 milliards d’euros par an sont alloués aux projets liés aux SFN », dont 86 % proviennent de fonds publics. « Or, d’ici 2050, les besoins dépasseront 500 milliards par an. »

Sachant que la pollution est « surtout émise par les entreprises privées ». Il faut donc « les inciter à contribuer massivement ». Voire les y obliger ? « C’est aux pouvoirs publics de décider. Mais on pourrait contraindre une activité qui aurait un effet néfaste par une taxe ou une redevance, voire instaurer une responsabilité pénale pour préjudice écologique, ce qui existe ailleurs. » Surtout, il faut faire « comprendre aux entreprises que c’est dans leur intérêt d’avoir une vision non pas à court terme et de profit, mais à moyen et long terme », insiste Ludovic Branlant.

La région Pacifique contribue à hauteur de 0,02 % des gaz à effet de serre émis dans le monde, conclut Cameron Diver. « On pourra faire tous les efforts qu’on veut, si les grands pays ne réduisent pas de manière nette et significative leurs émissions, cela aura de gros effets sur nous. »

Cameron Diver, directeur général adjoint de la CPS, et Ludovic Branlant, coordonnateur de l’initiative Kiwa à la CPS.

 


À savoir

La Nouvelle-Calédonie abrite 3 400 espèces de plantes dont plus de 76 % sont endémiques. Deux tiers des forêts humides ont disparu, la montée des eaux pourrait approcher les 40 cm d’ici 2100, le lagon s’est réchauffé d’un demi degré en 50 ans et les épisodes météorologiques seraient de plus en plus fréquents et intenses. L’océan Pacifique absorbe à lui seul 13 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

 

Anne-Claire Pophillat (© CPS/© A.-C.P)