Les retraités tirent la sonnette d’alarme

L’intersyndicale a tenu à prendre la parole afin d’attirer l’attention sur les problèmes des retraités. Les dossiers sont nombreux et pas ou peu pris en compte par les partis politiques. Si les choses ne changent pas, les membres de l’intersyndicale ont annoncé qu’ils pourraient créer un parti politique.

« Aujourd’hui, les retraités ne sont pas représentés alors que nous sommes quand même 33 000 », s’insurge Bruno Heuea, le porte-parole de l’intersyndicale des retraités qui regroupe l’ensemble des syndicats de retraités, toutes sensibilités confondues. Dans le collimateur des retraités, on retrouve évidemment le Cese et la Cafat où les anciens actifs estiment devoir être entendus. « Nous ne demandons pas un siège, pointe Bruno Heuea,mais au moins de pouvoir être des observateurs et entendus ». Le porte-parole rappelle au passage que le président du gouvernement dispose de la capacité à désigner des représentants au conseil d’administration de la Cafat. Une doléance qui traduit l’état d’esprit des membres de l’intersyndicale. Pour eux, les partis politiques traitent la question qu’au travers d’un prisme électoraliste sans réelle prise de conscience des conditions dans lesquelles vivent certains seniors calédoniens.

Dans le contexte électoral, l’intersyndicale a parfaitement conscience d’avoir une carte à jouer. C’était une des raisons de la mobilisation du 9 avril, place des Cocotiers. Elle prépare d’ailleurs un cahier de revendications pour faire avancer la cause des retraités avec, par exemple, la création d’un fonds d’aide sociale.

10 % de la population

« On entend souvent que la carte seniors est une coquille vide. C’est vrai que l’on a des difficultés, il n’y a toujours rien dans le Nord et même dans le Sud, ça commence à coincer, mais elle a le mérite d’exister et c’est toujours mieux que rien », estime le porte-parole. Le collectif est en revanche nettement plus critique sur la commission « bien vieillir », mise en place par le gouvernement, qui s’est réunie deux fois en deux ans et « n’a pas franchement fait avancer le mieux vieillir ». Les retraités estiment que leurs problèmes doivent être traités avec sérieux et de façon spécifique, pas noyés au sein d’un GIP qui s’occupe d’une multitude de dossiers.

« Nous représentons plus de 10 % de la population. Il est indispensable de réfléchir à la place que l’on doit donner aux retraités en Calédonie. Aujourd’hui, constate Bruno Heuea, les politiques ne s’intéressent pas aux retraités. On se souvient de nous lorsqu’il faut consommer, mais concrètement, il n’y a aucune proposition dans les programmes. Aujourd’hui, nous réfléchissons à la possibilité de créer un parti politique de retraités calédoniens qui défende leurs intérêts. » Et les dossiers ne manquent pas. Manque d’Ehpad sur Nouméa, absence de reconnaissance des ressortissants calédoniens en France faute de numéro de Sécurité sociale, mise en place d’une assurance dépendance, accès au transport. Comme l’a souligné Bruno Heuea : « À bon entendeur ! »


La retraite complémentaire

La retraite complémentaire cristallise aujourd’hui d’importantes oppositions. Le président du gouvernement a récemment fait savoir qu’il comptait faire en sorte que les cotisations à la retraite complémentaire ne soient plus gérées en Métropole, mais directement en Nouvelle- Calédonie. Il estime qu’il n’est pas normal que les Calédoniens versent chaque année 30,5 milliards de francs alors que seulement 11,7 milliards sont reversés. Mais la différence n’est pas perdue puisqu’il s’agit de droits acquis par les salariés pour la retraite future. Plus généralement, l’intersyndicale est plutôt sceptique quant au rapatriement de la gestion de la caisse. La sortie pourrait coûter cher aux Calédoniens. Une mission de la caisse est prévue mi-avril et en se penchant sur le dossier, les retraités ont découvert l’existence d’aides sociales prévues dans les accords. Des aides pas ou peu mises en œuvre en raison de dossiers trop complexes à monter. L’intersyndicale espère pouvoir adapter le système et le simplifier.


La CLR dans la panade

La Caisse locale de retraites qui s’occupe de la fonction publique territoriale est une nouvelle fois dans une mauvaise posture. Elle est sérieusement déficitaire même si les pertes ont tendance à se réduire. En 2017, la caisse a perdu 741 millions de francs et 679 millions en 2018. Cette situation épuise les réserves et nécessite des réformes importantes. Un nouveau plan d’intégration de fonctionnaires pourrait notamment être envisagé alors que la grande majorité des partis politiques prône une réduction de la masse salariale de la fonction publique.

M.D.