Les requins sous surveillance

Une étude vient d’être lancée pour assurer la surveillance des requins à Nouméa et à Bourail. L’objectif est de réaliser un suivi des animaux proches de la ville et présentant potentiellement un danger. Le programme consiste à capturer les animaux, les marquer et les déplacer derrière le récif.

Un petit événement dans la grande rade de Nouméa. Sous la houlette de Laurent Vigliola, chercheur en écologie marine à l’IRD et coordinateur du programme, une pêche au requin a été organisée mardi matin à port Moselle. Il s’agissait de capturer des squales vivant à proximité des côtes de Nouméa, de leur implanter un émetteur acoustique avant de les relâcher derrière le récif. La méthode n’est pas vraiment inédite puisqu’elle avait déjà été utilisée en Nouvelle-Calédonie en 2016, suite à l’attaque mortelle à Poé, mais aussi au Brésil. L’idée de ce programme, dont la mairie de Nouméa et la province Sud sont à l’origine, est de mieux gérer le risque requin dans la capitale et sur les zones touristiques de Bourail. Étalé sur quatre ans, il présente une nouveauté : déplacer les squales sur des distances beaucoup plus longues que précédemment.

Des premières observations encourageantes

On peut être optimiste puisque les premiers déplacements réalisés en 2016 à Poé avait donné des résultats plutôt satisfaisants. Sur huit requins tigres, un seul était revenu et avait dû être euthanasié. Plus récemment, une expérimentation équivalente a été réalisée à Recife, au Brésil, sur une des plages les plus dangereuses. Là-bas aussi, les déplacements semblent concluants.

Le programme consiste à déplacer les animaux après les avoir équipés d’émetteurs acoustiques repérables grâce à un réseau d’hydrophones. Ces appareils détectent la présence des requins grâce à l’émission de bips propres à chaque appareil. « Il y a une quarantaine d’hydrophones installés Nouméa, explique Emmanuel Coutures, chargé de mission à la province Sud. Bourail sera quadrillé, ainsi que la baie de Gouaro. Le réseau sera cohérent avec le réseau australie, ce qui nous permettra d’effectuer un suivi à plusieurs échelles. »

Ce réseau permettra de détecter les requins à moins de 150 mètres et voir s’ils s’approchent des plages comme la Baie-des-Citrons, l’Anse- Vata ou Sainte-Marie ou encore s’ils rentrent dans les rades. « Nous savons qu’il existe une interaction négative entre les requins et l’être humain, reprend Emmanuel Coutures, mais on ne sait pas pourquoi. On remarque que lorsqu’on les appâte, ils ne viennent pas forcément facilement. L’ADN environnemental et les témoignages montrent qu’ils sont pourtant présents. Certains bulldogs ont été sédentarisés après qu’on les ait nourris. En Nouvelle- Calédonie, comme ailleurs, il y a un impact sur les requins alors que l’on ne pratique pas la surpêche. »

Marquer 40 requins

L’objectif de la mission est de parvenir à marquer 20 requins bulldogs et autant de requins tigres à Bourail. « C’est important d’étudier pour mieux gérer, insiste Laurent Vigliola. On peut considérer le requin de deux manières, soit comme un risque, soit comme un animal qui évolue dans son habitat naturel. À partir du moment où il y a une grande densité, on peut considérer qu’il existe un risque et qu’il y a donc un intérêt à les déplacer, en surveillant qu’ils ne reviennent pas. »

Le programme présente deux volets : la gestion des risques et la collecte des données scientifiques. Le réseau d’hydrophones permettra d’avoir un suivi à trois échelles : Au niveau local pour les plages, au niveau de l’archipel calédonien qui utilisera un réseau installé dans le lagon pour une précédente étude en cours d’achèvement (APEX) et dont le rapport est en cours de rédaction et enfin, à l’échelle régionale grâce au réseau australien.

M.D.

National Geographicet Arte ont l’exclu !

Si l’événement a attiré les télés étrangères, National Geographic et Arte ont mis sur la table d’importants moyens afin de s’assurer l’exclusivité des images. Les chaînes locales n’ont donc pas pu produire d’images : il faudra être patient et attendre la diffusion de leur documentaire.