En cette période de crise inédite, les provinces Nord et Îles effectuent un gros travail pour soutenir leur population et le tissu économique. Chacune se mobilise à sa manière.
En province des Îles, on s’organise pour faire face aux risques d’épidémie de Covid-19. Ainsi, les grands chefs de Lifou ont reconduit diverses mesures pour confiner la population. Fermeture de la vente d’alcool, des nakamals, interdiction de tous les rassemblements et des activités de loisirs, qu’ils soient coutumiers, religieux, sportifs ou nautiques, interdiction des sorties à la plage, des bingos ou encore de la pêche professionnelle. Les voiliers de plaisance ont interdiction de mouiller aux îles.
Lors d’une réunion, le 6 avril, les responsables coutumiers ont par ailleurs adopté des restrictions encore plus sévères que celles imposées par les collectivités. C’est le cas des commerces avec des horaires et une circulation encadrés. Le maire de Lifou a notamment décidé de rouvrir le marché municipal, de 7 h 30 à 11 h 30. Il accueillera, à tour de rôle, des stands des trois districts afin de répondre aux difficultés économiques et sociales des habitants. Tous les mariages ont été annulés jusqu’à la fin de l’année, tout comme les kermesses. Les quelque 60 mariages prévus sont reportés en 2021.
Les grands chefs à la manœuvre dans les Îles
Les grands chefs ont autorisé les familles à envoyer des colis à leurs proches bloqués à Nouméa. À cet effet, ils font appel aux entreprises afin d’apporter un soutien à ces personnes qui sont parfois dans des situations difficiles. L’enseigne Korail est en train d’organiser un système de bons alimentaires. Une initiative similaire a été décidée à Maré. La province a réquisitionné le campus des Îles, à Nouville, pour accueillir les étudiants et les résidents bloqués à Nouméa. De la même manière, il est proposé que les hôtels du groupe Sodil accueillent les personnes rapatriées, puis placées en confinement.
La mairie organise l’expédition d’un conteneur à destination de Nouméa. Les familles sont invitées à déposer leurs colis le dimanche 12 avril, à partir de 13 h, au quai de Tadine. Les personnes désirant envoyer du fret sur Nouméa sont invitées à appeler le 77 71 09. L’exécutif provincial, en concertation avec les autorités coutumières, a par ailleurs pris des décisions, malgré le confinement de Jacques Lalié, son président, qui a été en contact avec le membre de la cellule de crise infecté par le Covid-19.
L’institution, qui est le principal employeur, va rapidement procéder au paiement des prestataires, ce qui permettra aux entreprises de continuer à fonctionner. De la même façon, le président a demandé au groupe Sodil de tout mettre en œuvre pour assurer l’écoulement de la production vivrière. Un enjeu important pour la province qui est de conserver un lien avec la Grande Terre, notamment aérien, afin de pouvoir maintenir un fonctionnement minimum, en particulier pour l’OPT et les banques.
Autant les responsables coutumiers que les représentants des collectivités rappellent à la population l’importance de respecter les gestes barrières (se laver souvent les mains ou utiliser un gel hydroalcoolique en l’absence d’eau et savon) et les règles de distanciation sociale. Afin que ces consignes soient accessibles à tous, elles ont été traduites dans les différentes langues de la Grande Terre et des Îles.
Sur la question alimentaire, et plus généralement des personnes vivant à proximité de la forêt et de la mer, une pétition a été lancée afin d’autoriser la chasse et la pêche de subsistance. Ces pratiques, aujourd’hui interdites, font partie du quotidien de nombreux Calédoniens, en particulier de Brousse, et contribuent à une alimentation équilibrée. Le relevé de décisions des autorités de coutumières de Lifou stipule que la pêche professionnelle est interdite, mais ne donne aucune indication quant à la pêche de subsistance.
En Polynésie, le haut-commissaire de la République a apporté une modification à la loi encadrant le confinement. La pêche de subsistance, au même titre que la pêche professionnelle, est autorisée. Il existe toutefois plusieurs contraintes à commencer par le respect du couvre-feu, entre 20 h et 5 h du matin. L’obligation d’être seul a été assouplie : les pêcheurs peuvent désormais être deux par embarcation. Sur ce point, le gouvernement local a rappelé sa position le 7 avril, en insistant sur le fait qu’aucune dérogation n’était pour l’instant pas prévue.
Collecte de dons sur Koné
En province Nord, où 500 000 masques et des respirateurs ont été commandés, l’exécutif fait en sorte d’assurer la continuité des services publics. Tous les centres médico-sociaux sont restés ouverts, excepté à Kaala-Gomen. En parallèle, un protocole a été spécialement mis en place pour gérer les cas suspects de Covid-19. Les établissements de Koné, Koumac et Poindimié sont les centres de dépistage agréés. On y effectue des prélèvements qui sont ensuite envoyés à Nouméa pour être analysés. Dans l’attente des résultats, les personnes testées sont confinées dans des chambres d’hôtel.
La solidarité s’organise aussi pour venir en aide aux plus vulnérables et plus démunis face à cette crise. Une collecte de dons est organisée à la mairie de Koné, le vendredi 10 avril, de 8 h à 15 h. La population est appelée à fournir du riz, des pâtes, de la farine, des conserves ainsi que des produits pour le petit-déjeuner, l’hygiène et l’entretien. Pour plus de renseignements, un numéro vert a été mis en place : le 05 05 50. Les personnes souhaitant que leurs dons soient récupérés à leur domicile peuvent appeler à ce même numéro.
Sur le plan économique, la province Nord a mis en place un guichet unique pour aider les entreprises de la région. Elles peuvent donc contacter le 47 72 39 afin d’obtenir tous les renseignements sur les différentes aides prévues. Comme l’a souligné le président de la province Nord, Paul Néaoutyine, de nombreuses structures sont gravement touchées par la crise et une partie des cotisations sociales devrait être prise en charge par l’institution.
M.D.
©Air Loyauté
