Les premiers prisonniers transférés au centre de détention de Koné

Les convois ont débuté lundi 6 février entre Nouméa et Koné. Sous escorte de la gendarmerie nationale, ils ont acheminé les 30 premiers pensionnaires en provenance du Camp-Est, à Nouville jusqu’au nouveau centre de détention.

À vitesse soutenue, deux fourgons transportant dix détenus sont arrivés en fin de matinée, mercredi 8 février, à Païamboué. Ils ont été accueillis sous bonne garde par les surveillants pénitentiaires du centre de détention de Koné. Avant eux, un premier convoi était arrivé lundi après-midi. Un troisième est attendu ce vendredi.

Ces transferts vont se poursuivre au cours des six prochaines semaines. Soit jusqu’à ce que l’établissement atteigne un taux de remplissage optimal de 110 pensionnaires. Contournant le parking des visiteurs, les camions bleus s’engouffrent dans un sas composé de deux larges portes métalliques. L’ouverture est déclenchée depuis une salle qui jouxte l’entrée principale. Cette dernière est bardée d’écrans. Plusieurs surveillants scrutent sur des écrans les images des caméras.

Derrière ces portes et d’épais murs en béton, les prisonniers descendent des véhicules et sont pris en charge. Dirigés vers le greffe, un numéro d’écrou leur est attribué. Une prise d’empreintes digitales suit un contrôle d’identité. L’ensemble de ces informations sont ajoutées à un logiciel qui permet la gestion des effectifs et des profils. Les nouveaux pensionnaires sont affectés à différents bâtiments d’hébergement. Là, ils rencontrent les équipes pénitentiaires, les chefs des secteurs contraints, de respect et de préparation à la sortie, les officiers et le chef d’établissement.

PREMIÈRES VISITES AU PARLOIR DÈS SAMEDI

© G.R.

« Les installations sont adaptées et ils se réjouissent. Les conditions sont satisfaisantes, c’est le retour qui m’a été fait par les dix premiers arrivés », assure Edson Trebor, directeur du centre (voir ci-contre). Arrivé il y a un an et demi en provenance de la maison d’arrêt de Tarbes (Hautes-Pyrénées), il mène une première visite de contact, fait le point sur les situations de chacun. Il explique que le parloir, installé sous une case, sera ouvert dès samedi pour recevoir les familles. Des émanations de peinture fraîche flottent dans l’air. Les allers et venues de prestataires se poursuivent.

Les ultimes mobiliers ont été installés la semaine précédente et les finitions sont en cours. Des reprises électriques, téléphoniques, informatiques et de climatiseurs sont effec- tuées. Autant d’ajustements dont la nécessité s’est fait sentir lors de la marche à blanc des lieux, ces deux derniers mois.

DES ACTIVITÉS RÉMUNÉRÉES ET DES ATELIERS PROFESSIONNELS

Rapidement, le rythme d’activité des personnes incarcérées va s’accélérer. Leur parcours d’exécution de peine et la prépa- ration de l’après détention vont être définis dans la semaine qui suivra leur arrivée. « Nous les impliquerons et les mobiliserons pour entretenir leur cellule et les bâtiments où ils sont hébergés. C’est le principe de l’établissement », complète Edson Trebor.

Au total, 55 % de la population pénale se verra proposée une activité rémunérée, avec du travail en concession, en cuisine, à la buanderie et à l’entretien des espaces verts. À partir de mars, des ateliers professionnels débuteront. Ils seront complétés par de véri- tables formations, en juillet. En ligne de mire : la réinsertion des détenus.

Gédéon Richard

Photo : En six semaines, onze convois vont acheminer 110 détenus du Camp-Est au centre de détention de Koné. / © G.R.

Edson Trebor, directeur du centre de détention

« Nous sommes très attentifs au changement d’environnement »

DNC : Après la livraison du chantier en décembre, peut-on dire qu’avec l’arrivée des premiers détenus le centre de détention prend réellement vie ?

Edson Trebor : Il s’agit pour nous de la mise en service pure et simple de l’établissement. Ces personnes ont été ciblées à l’occasion de plusieurs réunions pluridisciplinaires. Il est question sur cette première semaine d’avoir majoritairement des profils travail- leurs pour pouvoir démarrer l’établissement et permettre un fonctionnement normal.

Quels est le changement majeur dans l’environne- ment des nouveaux arrivants entre le Camp-Est et Koné ?

Passer de Nouméa au centre de détention de Koné est un changement et nous y sommes particulièrement attentifs. Ils sortent d’une situation où ils étaient jusqu’à quatre par cellule, du fait de la surpopula- tion pénale, à une situation où ils sont seuls dans une cellule de plus de 9 m2 avec un vrai lit.

Nous n’aurons pas de matelas au sol : ce n’est pas prévu. Ils ont un frigidaire, une plaque chauffante. Il y a une cabine téléphonique, la télévision et quelques chaînes qu’ils n’avaient pas avant. Nous observons une grande satisfaction des personnes détenues.

Le centre de détention compte toutefois quelques cellules doubles…

Oui, nous en avons quelques-unes qui répondent aux critères réglementaires, qui font plus de 11 m2 et qui permettent d’accueillir deux personnes. Pour autant, ce n’est pas la priorité. Il n’y a pas de raison particulière d’y affecter des gens, à moins d’avoir des profils fragiles ou des gens qui en font la demande.

Passer d’une surpopulation à un isolement relatif, peut-il déstabiliser ?

Cela peut paraître anodin, mais encore une fois nous sommes attentifs. Peut-être qu’au début cela demandera un temps d’adaptation. C’est un autre fonctionnement et ce n’est pas la même agitation.