Les pieds dans le tapis

L’évènement, historique, a été organisé au mauvais moment. / © Philippe Dunoyer

Peu de politiques calédoniens se sont déplacés à l’inauguration de la salle Jacques Lafleur-Jean-Marie Tjibaou de l’Assemblée nationale en pleine semaine de discussions séparées avec l’État, à Paris.

Le principal moment de tension de cette semaine s’est produit au sein de la majorité elle-même. Depuis quelque temps, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait pour ambition d’inaugurer une salle Jacques Lafleur-Jean-Marie Tjibaou afin de marquer le respect de l’Assemblée pour ces deux hommes et leur action de paix.

Un évènement d’autant plus historique que c’est la première fois qu’un espace au sein de l’institution prend le nom d’une personnalité qui n’a pas été député. Philippe Dunoyer s’en était fait l’écho dès le 16 mars. Mais en pleine semaine de discussions, séparée entre indépendantistes et non-indépendantistes, le moment choisi a semblé inopportun à quasiment tout le monde.

Impression a été donnée que l’on voulait faire de l’image, montrer qu’on pouvait réunir les deux délégations alors que l’état d’esprit n’y était pas. Plus largement, estime Virginie Ruffenach, « cet évènement manquait hélas d’anticipation. Nous avons été invités et avertis la veille, alors que les deux personnalités concernées méritaient un véritable hommage fédérateur ».

Au final, à part les représentants de Calédonie Ensemble, les délégations n’ont pas fait le déplacement, ni les familles Lafleur, à une exception, et Tjibaou. Emmanuel Tjibaou avait notamment regretté sur NC La 1ère qu’aucune démarche coutumière n’ait été engagée. Quelques coutumiers étaient néanmoins présents.

Au sein de la majorité, un autre couac avait précédé. Devant recevoir les indépendantistes avec le groupe de contact de la Nouvelle- Calédonie avant cette inauguration, Yaël Braun-Pivet a demandé à Nicolas Metzdorf, qui fait partie de ce groupe, de ne pas venir.

Ce qu’il a très mal pris. « On ne customise pas les institutions françaises à la demande des indépendantistes », a-t-il expliqué, se souvenant d’exemples où ces derniers avaient fait des demandes similaires et essuyé un refus, de Gérald Darmanin notamment, comme Louis Mapou pour le voyage au Vanuatu auquel il n’avait donc pas participé. « La présidente de l’Assemblée a fait la concession pensant pouvoir les faire venir à l’inauguration, mais ils ne sont pas venus » observe Nicolas Metzdorf. L’affaire a tout de même fait l’objet d’un article dans le journal Le Monde

Chloé Maingourd