Les nuisibles, des « serial » envahisseurs

Rats, cafards, punaises de lit, termites… Ces noms hérissent les poils dès qu’on les entend. Qui n’a jamais croisé de grandes antennes sur son chemin ou aperçu une longue queue se faufiler dans une bouche d’égout.

Particuliers et professionnels font régulièrement appel à des entreprises spécialisées pour venir à bout de ces espèces indésirables. Et plusieurs passages sont parfois nécessaires avant d’obtenir des résultats. La mairie de Nouméa mène de son côté une lutte acharnée contre les rats afin d’éviter la propagation de la leptospirose dans la capitale. Une maladie grave, qui peut s’avérer mortelle, et dont les cas se multiplient depuis le début de l’année.

La notion de nuisible, c’est l’homme qui l’applique. Un nuisible porte préjudice aux activités humaines ou à l’homme par exemple lors de bouleversements environnementaux (dérèglement climatique, introduction d’espèces etc.) »

Arnaud Cannet, entomologiste au service santé publique de la Dass.

Les dangereux rats

© Philippe LOPEZ / AFP

Excepté Petit chef dans le dessin animé Ratatouille, les rats ont très, très mauvaise presse. Ils peuvent contaminer certaines surfaces avec leurs urines et leurs déjections, augmentant le risque de transmission de maladies (leptospirose). Ils causent également des dégâts considérables dans un bâtiment.

Les rats s’attaquent aux meubles et aux câbles électriques dans les faux plafonds. Ils peuvent ainsi causer des incendies. « Ils cherchent à rentrer, nicher dans les maisons et dans les charpentes durant la saison fraîche », informe Pierre Sigogne, responsable d’exploitation de Formula 4D.

Les effrayantes scolopendres

Encore une bête qui a tout pour plaire. Elle se réfugie dans les draps, parfois dans nos chaussures, derrière le rideau de douche. Ce gros mille-pattes, qui possède deux crochets sous la tête, est très répandu sur le territoire. « On en trouve autour des maisons où il y a des enrochements, des galets ou du gravier », indique Pierre Sigogne.

La scolopendre est réputée pour sa morsure (très douloureuse) qu’il est donc préférable d’éviter. Seul avantage : les scolopendres mangent sans distinction les araignées, les fourmis ou encore les blattes.

Les repoussants cafards

Il aurait surtout tendance à nous le donner ! Un corps gras et aplati, de longues antennes filiformes, des pattes épineuses, une couleur brunâtre… Tout le monde le connaît et pour cause. Il fait partie des insectes les plus répandus (et les moins appréciés) dans les mai- sons. « Ceux qui sont très envahissants sont les blattes germaniques. On les retrouve dans les cuisines et salles de bain, dans les tiroirs et tout ce qui est électronique », explique Pierre Sigogne.

Les cafards à la taille démesurée, qu’on rencontre à proximité des regards, sont les blattes américaines. Tous ces insectes, peu ragoûtants, affectionnent les recoins sombres, chauds et humides. Ils se réfugient le jour dans les endroits obscurs et sortent la nuit pour se nourrir.

Les cafards souillent les plans de travail dans les cuisines, les appareils électroménagers et les denrées alimentaires. Un seul conseil : ne rien laisser traîner. « Les cafards ne choisissent pas une maison sale ou propre, ils vont où ils peuvent », nuance Arnaud Cannet, entomologiste au service santé publique de la Dass.

Les insatiables termites

© Stephane Vitzthum, Biosphoto via AFP

Encore un insecte très vorace mais qui se nourrit cette fois-ci du bois. Ils sont appelés insectes xylophages. Eux aussi sont destructeurs. Il en existe deux types : les termites de sol et les termites de bois sec. « Ils ne fonctionnent pas de la même façon. On identifie les termites de sol par les galeries en terre. Ça ravage une charpente, tout ce qui est en bois dans une maison. Ça peut aller très vite, une cuisine peut être ravagée en deux semaines », signale Pierre Sigogne.

Les termites de bois sec vivent directement dans le bois sans avoir de contact avec le sol. « Ils sont plus en colo- nie, en groupe, ils peuvent être vingt comme 300. » Ces insectes causent de gros dégâts. « Ils ne sont pas visibles dans un premier temps. Cela peut engendrer des problèmes de salubrité si ce n’est pas géré », alerte Arnaud Cannet.

Ils peuvent ronger le bois de notre maison durant des années sans que l’on s’en rende compte. « On peut avoir une dégradation de la structure, un effondrement du toit, du mur, dé- taille une spécialiste de Parasitech. On en a tout au long de l’année, mais surtout en cette période de saison chaude. »

Les « vampiriques » punaises de lit

© ARNO BURGI / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

Elles se nourrissent de sang humain et peuvent piquer jusqu’à 90 fois en une seule nuit. Les victimes confondent parfois leurs boutons avec ceux des moustiques ou des puces. « Elles piquent sans qu’on s’en rende compte », précise Arnaud Cannet. Pour les trouver, il faut inspecter scrupuleusement le matelas, les canapés et les plinthes à la recherche de petits points noirs qui peuvent correspondre à leurs déjections ou des œufs collés ressemblant à des lentes de poux.  Elles sont toujours proches d’un endroit où nous passons du temps la nuit et sortent durant notre sommeil.

Visibles à l’œil nu et généralement brunes, elles se cachent tellement bien qu’il est difficile de les repérer. S’en débarrasser relève du parcours du combattant : tout laver à 60°, placer les petits objets au congélateur au moins 72 heures, utiliser un appareil à vapeur sèche… Il ne suffit pas malheureusement de jeter son matelas. « Même si on en rachète un, les punaises de lit se cachent dans les plinthes, les caches prises, les vêtements… Toute la chambre peut être contaminée », rappelle Pierre Sigogne.

Face à la contrainte de ce parasite tenace, qui vit plusieurs mois sans se nourrir, certaines sociétés ont même fait le choix de ne plus intervenir. « On ne fait plus de traitement car c’est délicat », indique la société Parasitech.

Edwige Blanchon