Après des jours de discussion, une majorité non-indépendantiste s’est dégagée pour voter l’attribution des secteurs aux 11 membres du 18e gouvernement, mardi 21 janvier. Les indépendantistes perdent notamment le transport international et la stratégie minière. Les loyalistes récupèrent les principaux portefeuilles.
Quasiment un mois après la chute du 17e gouvernement, le 24 décembre, à l’initiative de Calédonie ensemble, le 18e est enfin installé. Les discussions ont achoppé pendant plusieurs jours concernant l’attribution des secteurs. Un accord a finalement été trouvé mardi 21 janvier.
Si l’UC et l’UNI ont voté contre, les Loyalistes et le Rassemblement se sont prononcés pour avec les deux voix de l’Éveil océanien et de Calédonie ensemble, qui a finalement eu gain de cause. Jérémie Katidjo Monnier a récupéré l’entièreté de son portefeuille de l’environnement, qui avait été amputé. « Le diviser entre quatre membres constituait une garantie d’inefficacité de l’action publique », explique-t-il sur les réseaux sociaux. Mais, cet arrangement n’est pas celui que tout le monde espérait.
« Pour l’UC, c’était une occasion de trouver comment se répartir les responsabilités de manière équilibrée. Nous n’avons pas réussi à nous entendre », regrette Samuel Hnepeune. L’ancien P.-D.G. d’Air Calédonie estime « qu’une majorité stable au gouvernement aurait aidé à en composer une au Congrès ». Cela aurait aussi représenté « un message aux Calédoniens » sur la capacité des élus à « dépasser les clivages politiques et ainsi créer les conditions pour l’ouverture des négociations sur l’avenir institutionnel ».
ÉCLATEMENT
Le contenu de certains portefeuilles traduit cet échec. Mickaël Forrest perd le tourisme, Gilbert Tyuienon la mine et le transport aérien international. Il s’agissait « d’une ligne rouge », déclare Christopher Gygès. La polémique autour de l’achat de deux avions pour Aircalin aura sans doute été décisive. Le représentant considère que les indépendantistes n’ont pas été si mal dotés. « On a constitué une majorité avec Calédonie ensemble et l’Éveil océanien en ne punissant pas les élus indépendantistes. Ils ont la santé, l’agriculture, le transport, etc. Le gouvernement précédent avait eu beaucoup moins d’égards. »
Une autre critique émerge. Celle concernant l’éclatement de certains secteurs, comme le social, la santé, le transport, relève Jérémie Katidjo Monnier. « Ma préférence aurait été vers une répartition entre les membres en fonction des blocs de compétences. » Pas de quoi ergoter, juge Christopher Gygès. « Ce sont des directions différentes, donc cela n’empêche pas d’avancer et respecter une logique : ce sont des compétences à part entière. »
Lui, en revanche, est pourvu d’un “méga” portefeuille. Le porte-parole du gouvernement met justement en avant la mise en commun des domaines liés à l’économie, la fiscalité, l’emploi et l’attractivité. « C’est un ensemble cohérent en vue de la relance. »
TOUJOURS PAS DE VICE-PRÉSIDENT
Reste la question de la vice-présidence, qui n’est toujours pas tranchée. Elle a été « décorrélée » des attributions, indique Alcide Ponga. « Cela viendra plus tard. » Le sujet « n’est pas clos », ajoute Samuel Hnepeune. La fonction devrait revenir, en toute logique, à l’UC. Mais, le compte n’y est pas. « On ne votera pas pour l’UC, insiste Christopher Gygès. On a proposé à l’UNI, mais ils n’ont pas souhaité présenter de candidat. » Le titre pourrait ne pas trouver preneur. « C’est possible qu’il n’y ait pas de vice-président. » Malgré tout, la volonté est au travail, assurent Christopher Gygès et Samuel Hnepeune. « C’est important de répondre à l’urgence. »
La première collégialité est prévue « exceptionnellement » ce vendredi 24 janvier, alors qu’elle se tient habituellement le mercredi. Un premier échauffement alors que la tâche est grande. Des réformes sont attendues rapidement et le financement du chômage connaît des tensions. Et le calendrier politique est chargé, entre le congrès du FLNKS ce week-end et les négociations avec l’État sur l’avenir institutionnel prévues à Paris à la fin du mois. Les semaines à venir diront si l’efficacité du 18e gouvernement est au rendez-vous.
Anne-Claire Pophillat
LES ATTRIBUTIONS
Alcide Ponga
président
Droit civil, transport aérien international, promotion internationale de la Nouvelle- Calédonie, relation avec les collectivités, le Congrès et le Conseil économique, social et environnemental (Cese), francophonie, stratégie minière, ainsi que les compétences qui lui sont propres en matière de relations extérieures et de sécurité civile notamment.
Christopher Gygès
Porte-parole du gouvernement, économie, commerce extérieur, fiscalité, travail et emploi, énergie, numérique et attractivité de la Nouvelle-Calédonie.
Isabelle Champmoreau
Enseignement, enseignement supérieur, audiovisuel, protection de l’enfance, famille, égalité entre les femmes et les hommes et bien-être animal.
Thierry Santa
Budget et finances, suivi des contrats de développement, fonction publique, comptes sociaux et handicap et dépendance.
Jérémie Katidjo Monnier
Transition écologique, changement climatique, développement durable, biodiversité, gestion et valorisation du Parc naturel de la mer de Corail, politique de l’eau et transition alimentaire.
Petelo Sao
Construction, habitat, urbanisme, suivi du patrimoine immobilier et des moyens de la Nouvelle-Calédonie, innovation technologique, transformation numérique de l’administration, modernisation de l’action publique et évaluation des politiques publiques.
Gilbert Tyuienon
Transport terrestre, infrastructures publiques, prévention routière et suivi du Fonds nickel.
Mickaël Forrest
Jeunesse, sports, culture et citoyenneté.
Samuel Hnepeune
Transport aérien domestique, affaires maritimes, infrastructures maritimes et portuaires, recherche, valorisation des ressources naturelles et formation professionnelle.
Adolphe Digoué
Agriculture, élevage, pêche et suivi du fonds d’électrification rurale.
Claude Gambey
Santé, protection sociale, suivi du plan Do Kamo et de la politique de solidarité et, en lien avec le président, affaires coutumières et relation avec le Sénat coutumier et les conseils coutumiers.