Les indicateurs mitigés de l’épidémie

Si le taux d’incidence global de Covid-19 continue de baisser, il évolue très lentement et avec d’importantes disparités géographiques. Les objectifs journaliers de vaccination ne sont qu’à moitié remplis, peut- être en raison des campagnes d’opposition qui se renforcent. Concrètement, même s’il y a des raisons d’espérer, le retour à la vie normale n’est pas encore pour demain.

 

La bonne nouvelle est que taux d’incidence de l’épidémie, c’est-à-dire le nombre de cas détectés sur les sept derniers jours pour 100 000 habitants, connaît une baisse continue depuis le pic du 20 septembre. En revanche, il diminue lentement depuis début octobre pour atteindre 223 mercredi. Les effets sur les entrées à l’hôpital, dans les unités Covid, sont visibles, mais encore frémissants en réanimation. Un effet plus important des mesures initiales de freinage y est attendu dans les prochains jours.

Une attention particulière sur le Grand Nouméa

Le problème est que l’incidence est très disparate géographiquement : 420 mercredi à Yaté, 244 à Hienghène, 115 à Bélep, qui était épargnée jusqu’ici, 0 à Koné.

L’inquiétude se porte en particulier sur les grosses communes de l’agglomération, Nouméa, Dumbéa et Païta, où le taux d’incidence est compris entre 256 et 300. Car ces communes sont à la fois plus peuplées et aussi moins bien vaccinées, à moins de 50 % contre plus de 80 ou 85 %, par exemple, à Moindou, Farino ou La Foa, où l’on est finalement beaucoup plus tranquille vis-à-vis de l’épidémie. Les populations y sont aussi peut-être moins craintives face au virus ou alors les modes de vie ne facilitent pas les gestes barrière. En tout cas, « cela veut dire que l’on pourra avoir des taux importants encore un moment », analyse Morgan Mangeas, directeur de recherche en mathématiques appliquées à l’IRD et membre du comité d’experts Covid-19.

Il faudra aussi observer l’impact de l’adaptation du confinement que certains ont jugé un peu précipitée. « Globalement, on a l’impression que les gens restent sages, observe Morgan Mangeas, mais le relâchement lié à l’adaptation du confinement est inévitable et pourra potentiellement engendrer un rebond dans les prochains jours. »

La vaccination piétine à nouveau

Autre point négatif, le ralentissement de la vaccination (1 200 injections sur le week-end, 2 000 lundi). « Il y a de plus en plus de signes qui montrent que la dynamique très positive qu’on avait est en train de s’enrayer », indique le chercheur. Jusqu’ici, ajoute-t-il, les chiffres ont montré que la vaccination avait été favorisée par des motivations bien particulière : l’entrée du virus, la reprise de l’école et, probablement, l’entrée en vigueur du pass sanitaire.

Mais actuellement, on peut imaginer que les Calédoniens se sentent davantage en sécurité et l’on observe aussi des dissonances sur la campagne de vaccination parmi les chefs coutumiers, les responsables communaux et, plus largement, un travail de désinformation, d’actions qui montent en puissance. « On est toujours un peu déçus de voir comment on peut aussi facilement retourner les gens. C’est dommage d’avoir une solution à portée de main et de ne pas pouvoir l’exploiter au mieux. »

De cette campagne de vaccination dépendra finalement la capacité du territoire à lever totalement les mesures restrictives à la fin de l’année. « Dans la dynamique actuelle, on risque effectivement d’avoir moins de problèmes sur le système hospitalier, ce qui est une vraie victoire en soi, mais toujours des drames et des mesures », explique le chercheur. L’apaisement pour le référendum et les fêtes n’est donc pas acquis. Et une potentielle deuxième vague en fin d’année et son pic restent encore à évaluer.

 


Il faut tester davantage

Vendredi 15 octobre, le président du gouvernement, Louis Mapou, a annoncé qu’une vaste campagne de tests serait déployée pour nous donner une image « encore plus précise de la situation ». Tous les acteurs de la crise s’accordent sur le fait qu’il faut effectivement profiter de cette période de réouverture de certaines activités pour parvenir à tester davantage et mesurer l’état de circulation du virus.

Mais la concrétisation de cette vaste campagne n’est pas encore très claire. On sait que le dépistage s’organise à l’école, mais il reste facultatif avec des autotests (185 000 autotests livrés sur 365 000) et ne pourra donc pas apporter des données très significatives. Il a également été demandé aux centres médico-sociaux et à l’hôpital de tester de manière systématique, ce qui devrait aboutir à des chiffres consolidés prochainement.

Il est à noter que, depuis le 15 octobre, les autotests réalisés sous la supervision d’un professionnel de santé ne sont plus reconnus comme une preuve pour le pass sanitaire. Ils doivent être confirmés par des tests antigéniques réalisés par des professionnels habilités, ce qui permet également de faire des déclarations et d’éviter que l’on ne puisse plus mesurer l’épidémie. « Il faut absolument que l’on puisse sentir s’il y a des reprises, dans quelles régions cela peut exploser, etc. », commente Morgan Mangeas.

 


De nouveaux renforts

 

L’État a confirmé que des moyens humains seraient déployés dans la durée en Nouvelle-Calédonie pour un total de 300 soignants. Alors qu’une partie du premier convoi arrivé dans le cadre de la solidarité nationale ou de la réserve sanitaire est repartie vers la Métropole, un nouveau contingent de 44 soignants de la réserve sanitaire est arrivé à La Tontouta dimanche soir.

Ils ont été accueillis à leur descente de l’avion par les autorités de l’État et du territoire.

 


Des regrets dans les rangs politiques ?

Certaines formations réunies cette semaine autour du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu ont indiqué que les mesures d’adaptation du confinement avaient sûrement été prises trop rapidement et sans vraiment respecter les préconisations de la communauté scientifique et médicale. Avec des répercussions potentielles sur la fin de l’année. Il a été observé de manière assez cocasse que ceux qui poussaient particulièrement pour la réouverture sont aussi ceux qui souhaitent que le référendum se tienne…

 

Chloé Maingourd (© C.M. et haut-commissariat)